Bulletin 1 / 1995

Fritz Ramseyer, missionnaire

Conférence : Fritz Ramseyer, missionnaire

Le sujet de la présentation de Monsieur Roger Ramseyer sera son grand père, Fritz Ramseyer, missionnaire en Côte-de-l’Or – ancien nom du Ghana actuel.

Il abordera ce sujet en deux chapitres : l’histoire de son aïeul, suivie de données généalogiques.

Chapitre 1 - Histoire de Fritz Ramseyer

Monsieur Ramseyer débute par la présentation d’une photo de son aïeul Fritz, homme de belle prestance et portant une longue barbe impressionnante.

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Né en le 7 octobre 1840, Fritz est le fils de Samuel, entrepreneur de constructions et scieur de pierres, et de Marie Louise, née Hammer.

Fritz travaillera tout d’abord dans l’entreprise familiale comme charpentier et maçon. Il n’entrera qu’en 1861 à l’école des Missions de Bâle, où il interrompra ses études, étant appelé d’urgence en Côte-de-l’Or, comme constructeur.

Premier voyage

Ce premier départ, prologue de 6 autres durant sa carrière, se situe en 1864 et durera 10 ans. Il demande en mariage pour partager sa vie de missionnaire et fait venir en Côte-de-l’Or, Rose Bontems, née le 7 juillet 1841 et originaire d’Onnens, qu’il épouse le 8 janvier 1866 à Christianbourg. Ce mariage tout d’abord non enregistré aux registres d’État Civil, le fut par un acte dressé bien plus tard (le 1er septembre 1874), sur décision du Tribunal Civil de Neuchâtel, et l’affaire régularisée.

Les quatre dernières années de ce premier séjour seront assez mouvementées, la jeune famille Ramseyer et leur fils Fritz, né une année auparavant – le 17 septembre 1868 – seront enlevés et faits prisonniers de la tribu des Achantis, qui les emmènera à Koumassi. Pendant ce voyage, le bébé du couple Ramseyer décède (le 7 août 1869), probablement faute d’une nourriture adaptée. Ils étaient laissés dans l’incertitude du lendemain durant toutes ces années, les Achantis parlant régulièrement de « libération très prochaine ». Pour rendre ce séjour encore plus atroce, la tribu, qui avait coutume de sacrifier des humains lors de leur fêtes, se servait en premier lieu parmi les prisonniers… Il semblerait que la barbe de Fritz était suffisamment impressionnante, épargnant les Ramseyer.

Durant ces quatre ans de captivité, les Ramseyer eurent deux enfants, Rosy, née le 2 septembre 1871, et Emmanuel, né le 21 novembre 1873.

A Neuchâtel, sans nouvelles de lui et persuadés de leur mort, un service funèbre fut célébré.

Ils furent finalement délivrés par l’avance du colonialisme, et en particulier par les Anglais, en 1874. Rapatriés en Suisse, Rose donna naissance cette année-là à Paul, le 26 décembre 1874.

Deuxième voyage

Leur deuxième voyage en Côte-de-l’Or se déroula de 1875 à 1876, et où deux filles jumelles naissent, le 19 mars 1876. Hélas, celles-ci décéderont quelques mois plus tard, le 29 juin 1876.

Troisième voyage

Le troisième voyage, de 1877 à 1885 vit la naissance d’Augusta Sophie, née le 18 août 1879 (et décédée moins d’un an plus tard, le 5 juin 1880) et de Louis Auguste – père de notre conférencier – le 26 mai 1884.

Lors du retour de ce troisième voyage en juillet 1885, notre orateur relève une anecdote amusante : la traversée en voilier de Côte-de-l’Or à Plymouth qui durait à cette époque près de 3 semaines, se passa assez mal, le temps étant mauvais et les passagers pris de mal de mer.

Le jeune Louis Auguste, laissé pour son compte durant ce temps, apprit à marcher sur un navire qui tanguait. Débarqués à Plymouth, l’enfant n’arrivait plus à se déplacer… sur terre ferme.

Quatrième et cinquième voyage

Les voyages suivants furent de 1886 à 1894, de 1895 à 1900, année où, du 25 avril au 23 juin la famille dut se réfugier dans le fort militaire de Kumassi, à la suite d’un soulèvement des indigènes contre les colons. A court de vivres, les occupants durent se résoudre à opérer une sortie, fort heureusement réussie pour certains, à preuve la photographie que nous montre Monsieur Ramseyer, prise vers la côte, et montrant Fritz Ramseyer en compagnie de quelques autres personnes.

Sixième voyage

Un sixième voyage de 1901 à 1904 et finalement de 1906 à 1908, dernier voyage durant lequel Rose décédera le 9 avril 1906.
Revenu en Suisse pour prendre sa retraite, il se remarie à son retour, pour décéder quelques années plus tard, en 1914, quelques mois après la déclaration de guerre.

Fritz Ramseyer ne supporta pas ce conflit, déchiré entre les Allemands qu’il avait côtoyés tout au long de sa vie, par la Mission de Bâle, et les Anglais, ses libérateurs et sauveurs lors de sa privation de liberté (du 12 juin 1869 au 21 janvier 1874) chez les Ashantis.

Conclusion

En conclusion à ce premier chapitre, Monsieur Ramseyer relève encore que :

Le Pasteur Eugène Porret, pasteur en Egypte et ayant effectué un voyage au Ghana, relève, dans un article parut le 11 février 1980 dans le journal l’Impartial :

… Les missionnaires Ramseyer, issus de notre canton ont vécus quatre années terribles, prisonniers du Roi des Achantis … Revenus plus tard à Koumassi ils (les Ramseyer) étaient très considérés puisque l’église porte le nom de « Ramseyer Mémorial Church », et que l’école ainsi que le centre de formation agricole portaient également leur nom.

De plus, un bus circulait en ville, porteur d’une pancarte où était inscrit « Ramseyer Choral »

En 1976, la ville de Kwahu célébrait le centenaire de la fondation de l’église Presbytérienne, fondée en 1876 par Fritz Ramseyer.
Une étoffe bleue foncée, imprimée à cette occasion de portraits de Fritz et de sa femme, ainsi que de vues de l’église et de paysages environnants nous est présentée par Monsieur Ramseyer.

Fritz Ramseyer termina ses études de théologie au retour de l’un de ses voyages – et fut consacré en Côte-de-l’Or.

Chapitre 2 - Généalogie

Notre conférencier rend tout d’abord hommage à Adolf Ramseyer, ancien sergent de police de Bâle, avec lequel il échangea quelques lettres et dont il reçut une documentation extrêmement fouillée, remontant au XVIème siècle, sur trois branches principales. Les Ramseyer de :

  • Lützelflüh (BE)
  • Bowil (BE)
  • Schlosswil (BE)

Ce dernier lieu étant celui qui nous intéresse aujourd’hui. Le patronyme semble avoir subi quelques changements, des écrits le faisant apparaître comme Ramseia, puis Ramsey, et enfin Ramseyer.

Daniel Ramseyer, marié en 1559 et mort entre 1613 et 1617, inscrira son fils comme étant Ramseyer, fils de Ramsey, de la ferme Ramsey.

Le tableau généalogique est reproduit sur le document annexé (Annexe 1). Il importe de remarquer que

  • Ulrich (1683 – ?), fils de Wilhelm et de Katharina Haldimann quitte le village de Freimatt en 1720, pour Morat.
  • Caspar (1711 – avant 1767), est mentionné comme domestique au Château d’Avenches
  • Daniel (1738 – ?), fils de Caspar est cordonnier à Neuchâtel
  • Frédéric (1770 -1817), fils de Daniel, est tonnelier à Peseux.

Au sujet de Frédéric, la famille Ramseyer possède là son plus ancien document, soit un acte notarié, écrit à la requête du patron de Frédéric, attestant de la bonne conduite et travail du jeune « apprentif!.

  • Samuel Louis (1807 -1854), fils de Frédéric est entrepreneur, comme relevé au chapitre 1.

Au sujet de Samuel Louis, celui-ci meurt noyé au large d’Estavayer-le-Lac, dans des conditions relevées ici :
Les Neuchâtelois se rendant fréquemment à la Bénichon, empruntaient le vapeur depuis Neuchâtel à Estavayer. Malheureusement, le navire ne pouvant accoster, un transbordement était nécessaire sur de petites embarcations, fréquemment celles de particuliers en quête de gains, de frêles embarcations, peu conçues pour ce genre d’exercice.

Le Messager Boiteux relevait la cupidité des passeurs, qui en acceptant plus de monde que ne pouvait supporter leur embarcation, furent responsables du drame qui coûta la vie à 6 personnes, dont Samuel Louis.

Son épouse, Louise Madeleine Hammer, acquit la bourgeoisie de Neuchâtel en 1872, gardant également leur origine de Schlosswil.