Bulletin 12 / Février 1999

Poésies

éditées par Germain Hausmann

Le généalogiste fait certaines fois des rencontres qui le font rougir. J’étais benoîtement en train de compulser les registres d’un notaire du XVe siècle, chanoine de son état, dont nous tairons charitablement le nom, lorsque, tout à coup, je tombai sur deux chansons érotiques. J’ai choisi de vous faire partager ma surprise, mais, attention, ces pièces de poésie virile sont réservées à un public averti … En effet, pour les comprendre, il faut savoir l’ancien français.

Salir du boiz

Complainte du XVe siècle
(Source : Notaire, M 31, f. 78r)

Salyr du boiz bien faicte t’amusecte,
pour votre amour me suis venuz esbatre,
pour votre amour, pour voz gent pusalaige.

Salir du boiz.

Adon, l’a pris par la main qui blanchoye
et l’a getit sur l’erbe qui verdoie,
troit foy ly fit pour la frècheur de l’erbe.

Salir du boiz.

Et encor trois pource qu’el es tant belle
et encor trois pource qu’el es pucelle;
se sont nuef foy quant la belle est levée.

Sailir du boiz.

Adon, ly a dit Orde Villiart : « Que diront
nous à Madame la Royne ? »
« Nous ly diront une très grant mesonge. »

Salir du boiz.

« Nous ly diront que ou préz
n’i a point une tant belle espine.
Gar y’n’ en puis sen’ en suis banyollée. »

Salir du boiz.

(Source : Notaire, M 31, f. 96)

Je fuit l’aultre jour en ung lieux où estoient plusieurs fillietes.
Je les basit mult doucement et si touchit lours mamellectes.
Et puis d’enquil je me parane pour moy aler esbaloye.
Et, elles me rapellent en riant : «Venez avec nous couchier !».