Bulletin 14 / Eté 2000

Relations entre Mulhouse et Neuchâtel

par Jean-Luc Angsell, directeur de publication du Bulletin "Le Généalogiste de Haute-Alsace"

Quelques traits communs ont fait que Mulhouse et le canton de Neuchâtel commerçaient déjà avant la fameuse révolution française. Pour mémoire citons leur religion commune, le protestantisme, et le textile, deux raisons qui provoquèrent de nombreux échanges. Dans la plaquette de la visite du Cercle Généalogique de Mulhouse, vous trouverez des Mulhousiens et autres Hauts-rhinois s’étant installés dans tout le canton de Neuchâtel. Et les lignes qui suivent, vous révèlent des Neuchâtelois ayant fait leur vie à Mulhouse tels que:

Edouard Vaucher

Vaucher, Edouard, considéré à Mulhouse comme un « self-made man » du commerce avant de devenir un virtuose de la manufacture au point d’être le 258èmemembre de la « Société Industrielle de Mulhouse » (SIM) à la date du 16 décembre 1835. Né à Fleurier en 1801, il est, dit-on, fils d’un horloger de condition modeste. Apprenti en 1817 à Paris chez « Meuron » filés et tissus, ses patrons l’envoient en 1824 à Mulhouse pour ouvrir et diriger une succursale qu’il gère jusqu’à sa fermeture vers 1830. Puis il devint le fondateur d’une maison créée sous son nom dont il fut le chef jusqu’à son décès le 5 mai 1874 à Mulhouse. En 1860, il possédait un tissage de 220 métiers à Plainfaing (Vosges). Il fut naturalisé en 1862.

Certains de ses descendants furent également membres de la prestigieuse SIM. Le 1115ème membre à la date du 28 juillet 1875 était: Georges VAUCHER; chimiste à Mulhouse. Le 1276ème daté du 27 décembre 1876 fut: Eugène VAUCHER, manufacturier à Mulhouse et décédé le 15 novembre 1934.

Sous le numéro 1780 daté de janvier 1897, nous trouvons Jean VAUCHER, manufacturier à Mulhouse et décédé en mai 1926. Et enfin le 1814ème à la date du 28 décembre 1898 nous avons: Charles VAUCHER, chimiste à Bâle et y décédé le 29 janvier 1930.

Auguste Suchard

Suchard, Auguste, né le 27 juin 1806 à Boudry. Arrivé à Mulhouse en 1818, il s’y maria le 8 décembre 1836 avec Judith THIERRY fille de Matias T., industriel et de Suzanne KOECHLIN. Le 13 mars 1848, il était négociant et fit une demande de naturalisation et sa fortune était évaluée à 150’000 F.

Ses contributions de 1849 s’élevaient 236,42F. Il obtint sa naturalisation le 16 janvier 1850 et sa profession nous apprend qu’il était à ce moment-là directeur d’assurance. Il décéda le 30 janvier 1863 à Mulhouse. Il eut cinq enfants dont deux fils furent docteurs en médecine à Paris. L’aîné mourut le 13 juillet 1905 à Lausanne.

Jacques Dardel

Dardel, Jacques, de Marin et bourgeois de Neuchâtel eut un fils prénommé Jean Pierre né à Neuchâtel, qui se maria le 25 février 1765 à Mulhouse avec Suzanne Marie WOLLON, fille de Jean Pierre Wollon à Allaman, bailliage de Morges, canton de Berne (actuellement canton de Vaud). Ce couple a probablement un lien de parenté avec Jean Pierre Dardel, graveur sur bois, marié avec Françoise Julie LAURENT qui eut un fils Claude Dardel né (dit de parents étrangers) le 8 janvier 1799 à Vaise, faubourg de Lyon. Celui-ci fut dessinateur, épousa le 31 juillet 1823 à Mulhouse Salomé MENTZER, fille d’un maître maçon, et fit une demande d’admission à domicile le 14 janvier 1833 à Mulhouse. De ce ménage est issu Jean Gustave Dardel, également dessinateur et bourgeois de Neuchâtel, né le 20 janvier 1824 à Mulhouse, il s’y maria le 10 septembre 1853 avec Anne HUGUENIN, fille de Anne CORNETZ et de Auguste HUGUENIN, fondeur en cuivre et graveur sur rouleaux, né en 1795 à Colombier et admis à domicile à Mulhouse en 1837. Pour le mariage de Jean Gustave Dardel et de Anne Huguenin, le Conseil d’Etat de la République et canton de Neuchâtel déclare n’apporter aucune opposition au mariage du futur époux en France, comme en atteste l’acte daté du 24 août 1853. Leur fils, Léon Dardel, né le 2 avril 1854 à Mulhouse et décédé au même lieu le 6 mars 1932, fit des études au collège de Mulhouse, des stages commerciaux et techniques à Mulhouse et à Paris. Il entra en septembre 1874 dans l’usine de la « Société Alsacienne de Construction Mécanique » (SACM appelée aussi « La Fonderie » ou, en alsacien, « D’Giesserei »). Il en devint administrateur-délégué puis fondé de pouvoir en 1890 et directeur en 1895 et enfin vice-président puis président du Conseil d’administration de l’entreprise mulhousienne. Il reçut la médaille de Commandeur de la Légion d’honneur.

Sources

  • Société Industrielle de Mulhouse « liste des membres de la S.I.M. »
  • Archives municipales de Mulhouse: cote 18 TT « Fonds S.A.C.M. »; cote EVA 1 et 2 « Admissions à domicile »