Bulletin 2-3 / Avril-Juin 1996

Famille Quartier-la-Tente

Quelques mots sur la famille Quartier-la-Tente

(recherches généalogiques et présentation par Pierre Arnold Borel)

 

Ces demoiselles Fallet descendent donc par leur mère de la famille Quartier-la-Tente. L’ancêtre de cette famille est Daniel Quartier-la-Tente, né aux Brenets vers 1620-1640. Voici sa descendance de fils en fils : Daniel (XVIIe siècle), Charles (1700-avant 1759), Jean David (1729-1807), Jean David (1756- ) et Charles Henri (1795- ).

Charles Henri est un fervent royaliste. Il reçoit en 1832 la médaille de Fidélité au roi de Prusse, preuve de son attachement à cette maison en cette période troublée. De sa femme, Louise Elisa Jacky, il a un fils, Charles Arthur, né en 1828 aux Brenets. Ce dernier, qui partage les opinions de son père, demande en septembre 1848 un passeport pour s’expatrier en Amérique. Le 28 avril 1850, il épouse là-bas une Écossaise, Maria Louise Elizabeth Puttland, dont il a deux enfants nés à New York : Maria Louise Elizabeth, mère des demoiselles Fallet, et Edouard Arthur (1855-1925). Veuve vers 1860, Mlle Puttland, revient des États -Unis avec ses deux enfants. Elle les conduit aux Brenets chez leur grand-père, Charles Henry, les lui confie en lui présentant ce billet : « voici les enfants de votre fils défunt, je vous les abandonne, prenez-en soin. Je vais me remarier à Paris ». Dès lors, la famille Quartier-la-Tente n’ a plus aucune nouvelle de cette femme qui ne cherchera jamais à revoir ses enfants.

Charles Henry s’est occupé avec amour de ses deux petits-enfants, mais, malade et fatigué, il est contraint de les placer dans des orphelinats, Edouard Arthur à celui de Belmont sur Boudry et Maria Louise à celui de l’Evole à Neuchâtel, Les deux jeunes enfants et leur grand-père se réjouissent à chaque approche de congés ou de vacances, car ils se retrouvent tous les trois dans la maison des Brenets. Pour s’y rendre, les deux enfants, âgés alors d’une douzaine d’années, doivent emprunter le col de la Tourne et font ainsi à pied et seuls une bonne trentaine de kilomètres.

Leur grand-père leur montrait avec fierté un coussin brodé de perles par leur arrière-grand-mère où était écrit : « vive le Roi, vive la Reine ». Après les événements de 1856, conseillé par ses amis à montrer plus de diplomatie en faisant disparaître ce coussin, il opte pour un compromis et ôte un jambage aux deux R et l’on pouvait lire : « vive le Poi, vive la Peine ».

Edouard Arthur sera pasteur à La Côte-aux-Fées, puis, dès 1898, conseiller d’État. Malgré ses nombreuses activités, il s’intéresse en amateur à l’histoire et à la généalogie. Son oeuvre maîtresse en 6 volumes, Le canton de Neuchâtel par district n’ a pu être achevée avant sa mort. Il y manque les deux districts du Locle et de La Chaux-de-Fonds. Ces travaux, faits souvent dans l’urgence, manquent cependant de profondeur et contiennent de nombreuses erreurs.

Les demoiselles Fallet avaient conservé précieusement dans des écrins garnis de velours rouge des daguerréotypes représentant la famille Quartier-La-Tente à New-York. Ces « photographies » ont été déposées dans les Archives de l’État de Neuchâtel et restaurées par un spécialiste ravi de leur qualité exceptionnelle.