Bulletin 2-3 / Avril-Juin 1996

Jean Fallet

Jean Fallet (tué en 1703)

(Travail présenté par M. Georges Fallet)
 
La généalogie présente l’avantage que l’on ne doit pas uniquement se préoccuper de grands personnages, connus et historiques, mais aussi des humbles, des modestes, de ceux qui ne font pas l’histoire, mais la vivent, souvent mal. Jean Fallet est le fils de David (mort avant 1701) et descendant de père et père d’Abraham (mort avant 1676), de Moïse, de Jacques (cité en 1598), de Guillaume (cité en 1542), de Pierre (cité en 1540 et en 1542) et de Guillaume, ancêtre de la famille Fallet dont nous avons parlé plus haut.

Jean était orphelin, placé sous la tutelle d’un sien cousin, Jean-Jacques Maumary, de beaucoup son aîné. Ses biens paraissent fort chétifs, aussi il tenta sa chance en s’engageant au service de Hollande, bien que les espoirs d’avancement y soient assez faibles. Les compagnies appartenaient alors à des familles; à la mort d’un capitaine, son fils aîné en héritait, même si ce n’était qu’un enfant incapable de servir. Ainsi, une vie de services plutôt qu’une existence glorieuse s’offrait à notre jeune recrue.

Nous étions alors en pleine guerre (la guerre de Succession d’Espagne, 1701-1714 opposant la France + la Bavière à une large coalition, en particulier la Hollande), aussi il convenait de régler ses affaires avant de partir. Ainsi, Jean fait un premier testament le 16 mai 1701 dans lequel il lègue à l’épouse de son tuteur deux longs « cousins » (pour coussins) ou travers délit, dont l’un sans taie, une vieille couette et deux coffrets de sapin; maigres objets personnels.

Dans un deuxième testament, du 16 mai 1701, il rappelle « qu’il est ordonné à tous les hommes de mourir une fois et que l’heure de la mort est inconnue… Je dois », dit-il, « dans l’état où je me trouve, faire de plus sérieuses réflexions sur les effets funestes de la guerre, me voyant présentement sur mon départ pour aller selon de dessein que j’ai formé dans les années des États Généraux, et considérant de bien près, comme je fais, l’incertitude de ma vie et combien peu je dois compter sur la durée d’icelle, ne sachant comme il plaira au bon Dieu de disposer de moi, » Il effectue divers legs et institue ses héritiers, à savoir ses cousins et parents les plus proches.

Enfin, il reconnaît devoir à son tuteur le 16 mai 1701 (cet acte est situé chronologiquement entre les deux testaments) une certaine somme d’argent, en particulier 8 écus blancs à lui donnés pour effectuer son voyage en Hollande. Ce fait montre bien que la prime d’engagement que Jean avait reçue avait été employée à d’autres fins et que sa situation était fort obérée.

Sa vie militaire fut ennuyeuse et courte : tout d’abord, des exercices répétées cent, mille fois jusqu’à la nausée, sous les ordres de caporaux et de sergents aboyeurs, de longues marches, suivies de plus longues contre-marches et enfin une balle reçue lors du siège de Landau, le 23 octobre 1703 (Landau in der Pfalz, ville d’Allemagne, actuellement en Rhénanie-Palatinat, qui a appartenu à la France de 1648 à 1815). Le capitaine Reymond avertit la famille et, le 4 décembre suivant, Jean- Jacques Maumary, son tuteur, peut demander à la Justice de Valangin la mise en possession des biens du défunt Voilà la triste fin d’une vie obscure.