Bulletin 2-3 / Avril-Juin 1996

Jean-Pierre Rosselet

Jean-Pierre Rosselet (1764-1814) : un destin particulier

Les gens heureux n’ont pas d’histoires, dit le proverbe qui ne ment pas en ce cas précis: les renseignements et les détails abondent sur la vie quotidienne de Jean-Pierre Rosselet. Fils de Jean-Jacques (1728-1811) et de Marguerite Richardet, Jean-Pierre Rosselet est né aux Verrières le 16 juin 1764 et baptisé dans cette même commune le 26 du même mois. Il se marie à Cortaillod le 12 décembre 1786, à l’âge de 22 ans, avec Rose-Marguerite Symond. Et les ennuis commencent, puisqu’il semble que la paroisse de la Côte-aux-Fées, dont il s’est déclaré membre, ne le reconnaisse pas comme tel. Toutefois les choses semblent s’arranger.

Ce n’est que 10 ans plus tard, dans un long compte-rendu de la justice matrimoniale de Neuchâtel, que nous apprenons quelle vie a mené Jean-Pierre (Registre de la vénérable chambre matrimoniale du Comté de Neuchâtel, 1793-1803, p. 136-236). Après le mariage, le couple est allé s’établir chez le Notaire Henrioud, à Couvet. Mais, suite à divers débordements, cris et violences conjugales, le couple est prié de s’en aller en mai ou juin 1787. Ils partent s’établir à Cortaillod, mais les frasques de Jean-Pierre Rosselet ne font qu’empirer, et les témoignages s’accumulent au moment du jugement en divorce (le procès s’étend du 28 janvier au 14 avril 1796). Ainsi s’exprime l’épouse elle-même dans son « exposé en droit » : « Rose-Marguerite Simon était jeune et sans expérience lors qu’elle fît la connaissance de Jean-Pierre Rosselet. Celui-ci parvint facilement à gagner sa confiance, il eut l’art de s’insinuer auprès d’une jeune personne innocente et naïve, avec les dehors de la décence et des manières honnêtes […]. Rose-Marguerite Simon l’écoute favorablement et en lui accordant sa main, elle crut mettre le sceau à son bonheur et s’unir à un époux qui semblait avoir toutes les qualités nécessaires pour lui faire couler des jours heureux et paisibles. L’infortunée ne tarda pas à être cruellement désabusée… « .

De ce premier mariage naîtront, à côté de plusieurs fausses couches dues aux violences, trois enfants:

  • Rose-Marianne en 1789,
  • Rose-Marianne-Adélaïde en 1791, et
  • Pierre-Frédéric (1794-1860), qui fut pasteur dans le canton de Neuchâtel.

Le divorce est donc prononcé le 14 avril 1796, et Jean-Pierre Rosselet, dont la mauvaise réputation s’étend loin à la ronde, est obligé de s’expatrier. Il se rend en Italie, à Milan très exactement, où il devient, selon un document de 1804,  » inspecteur général des hôpitaux militaires en Italie « , responsable semble-t-il de l’approvisionnement en vivres de l’année française. Il voyage souvent entre Milan et Paris.

En octobre 1797, soit un an et demi après son départ de Neuchâtel, il épouse en secondes noces Marie-Françoise-Adélaïde Le Fébure. De ce mariage naîtront trois enfants: Adélaïde Virginie en 1797, Estelle-Marguerite en 1800 et Némorin en 1802. Jean-Pierre Rosselet est revenu au pays le 24 juillet 1804 pour faire inscrire son second mariage, ainsi que pour faire baptiser ses trois enfants. Il est pressé, car il doit « repartir immédiatement pour Paris ».

A sa mort, en 1814, un tuteur est nommé pour administrer le peu de biens qui restait, et un peu d’argent est envoyé à la veuve à Milan.