Bulletin 2-3 / Avril-Juin 1996

Marthe Fallet et sa famille

Marthe et sa famille

(Travail préparé et présenté par Pierre-Arnold Borel)

Le deuxième Aimé est boulanger à la « Consommation » de Dombresson. Il y côtoie une certaine Maria Louise Elizabeth Quartier-La-Tente, qui y remplit la charge de demoiselle de magasin de l’épicerie. Aimé l’épouse à Dombresson le mardi 10 novembre 1887. De cette union, sont issus quatre enfants : Louise Elisabeth (1888-1971), Georges Aimé (1891-1892), Marthe Cécile (1893-1976), Nelly Marguerite (1895-1966) et un garçon mort-né (1898).

Devenue veuve en 1902, Marie Louise Elizabeth ouvre une petite épicerie à Vilars au Val-de-Ruz, Vers 1910, lorsque sa fille aînée veut faire des études commerciales, elle vient s’établir à Neuchâtel, à la rue des Moulins No 1, où elle meurt en 1920. Le séjour dans cette rue ne plaît qu’à moitié à ses trois filles, qui regrettent qu’une partie de celle-ci soit si mal fréquentée.

Le médecin du village – ayant trouvé qu’Elisabeth souffre d’un « souffle au cœur » – , il ordonne à sa mère, Maria Louise, de ne pas la fatiguer, pensant même que cet handicap ne lui permettra pas d’atteindre l’âge adulte. Elle meurt cependant au bel âge de 83 ans. Ses études commerciales à Neuchâtel la mènent à travailler plusieurs années à Berne chez Zahnd-Editeurs. De 1950 à 1953, année de sa retraite, elle occupe le poste de secrétaire de fondation chez Ébauches SA, à Neuchâtel. Elle est aussi la collaboratrice bénévole et dévouée des Missions de la Suisse romande. Elle se charge de collecter sur le plan cantonal les dons de l’Église réformée neuchâteloise.

Sa sœur, Marthe, ayant acquis une formation professionnelle à l’École de commerce de Neuchâtel, entre comme facturière à la plume dans la maison Chocolat-Suchard; son oncle, Edouard Quartier-la-Tente, l’ayant recommandée à son ami, M. Russ-Suchard. Dans les bureaux de Tivoli à Serrières, elle reste 48 ans, y remplissant de multiples fonctions et accédant en 1948 au rang honorable de fondé de pouvoir; c’est alors l’une des rares femmes qui soit placée à un siège directorial. Dès 1957, elle occupe sa retraite en lisant beaucoup et en écrivant des lettres aux auteurs de ses lectures. En 1958, comme correspondante du Journal de Serrières, elle fait publier l’histoire complète de l’Industrie du chocolat à Serrières. Elle est aussi la secrétaire de la Société de graphologie de Neuchâtel, s’intéresse de très près à cette science et examine souvent les offres manuscrites d’emploi envoyées à la maison Suchard. Elle calligraphie plusieurs centaines de pages des recherches généalogiques faits par son filleul, Pierre-Arnold Borel, le président actuel de notre section et celui qui nous présente cette conférence. Marthe échange une nombreuse correspondance, en particulier avec l’écrivain vaudois, Benjamin Vallotton, avec la fille de ce dernier, Annie, qui écrivait sous le pseudonyme d’Annival des livres d’enfants qui portent le titre générique de « Clémentine ». Marthe rend même visite aux Vallotton à Sanary dans le Var. Elle est photographiée deux fois dans le livre édité par Gilles Attinger, Suchard, la fin des pères, aux p. 98 et 179.

Elisabeth, Marthe et Nelly, toutes trois célibataires, vivent ensemble pendant plus de cinquante ans au chemin de Grise-Pierre 2, à Neuchâtel. Leur maison est tenue par leur plus jeune sœur, Nelly. Ses conserves, ses confitures, sa soupe aux « grus » ont fait les délices des neveux adoptifs des tantes Fallet. En effet, ces trois vieilles filles ont su s’entourer d’une nombreuse marmaille, par leur gentillesse et leur bon cœur.

Nelly travaille comme couturière chez les dames Mathilde et Marthe Walther, habits pour messieurs et garçons, d’abord au passage Max-de-Meuron, puis aux Poudrières 15. Elle se faisait un plaisir d’ajouter aux paquets de Noël de ses petits protégés de milieu modeste une culotte ou une veste qu’elle confectionnait à son atelier. Ainsi, elle habilla notre conférencier, alors jeune orphelin, jusqu’à l’âge de sa première communion. Durant de nombreuses années, Nelly et Marthe, sa sœur, sont monitrices à l’école du dimanche de l’Église indépendante de l’État. Très religieuses, les trois sœurs vont chaque dimanche à l’église, mais prennent bien soin de s’installer dans le tram dans trois endroits différents, afin de ne pas paraître être trois vieilles filles qui papotent ensemble.

SUCHARD La fin des Pères

Livre : SUCHARD La fin des Pères

Auteurs : Jean-Bernard Vuillème et Eric Gentil

Editeurs : Hauterive : G. Attinger

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