Bulletin 28 / Mai 2006

Les aventures de David-François Clerc,
Caporal des Gardes Suisses

par André-Hubert le Clerc

Les familles suisses et donc celles du Val de Travers ont donné beaucoup de militaires au service de l’étranger. La famille Clerc [1] de Môtiers n’échappe pas à la règle et elle compte notamment parmi ses membres, un caporal qui s’illustra pendant la Révolution Française. Ici sont présentés sa lignée et le personnage. 

I Pierre Clerc, mort bien avant 1553, Il aurait en fait vécu essentiellement au XVème siècle. On peut situer sa date de naissance entre 1450 et 1500. Il serait l’ancêtre des Clerc de Môtiers et ceux de Fleurier. Il est connu par les reconnaissances de biens faites par ses enfants ou petits-enfants. Un Pierre Clerc de Môtiers est cité dans les actes de chancellerie le 22 octobre 1493 (vol. a fol. 101-AEN), d’où

  1. Grand-Jacques, mort avant 1544 et qui eut peut-être Guillauma qui épouse Jehan Barrelet.
  2. Guillaume, mort entre 1526 et 1545, qui continue.
  3. Claude, qui suit en II
  4. Petit-Jacques qui fait reconnaissance de ses biens en 1555, mort entre cette date et 1561, et qui continue.
  5. et 6. Peut-être Jehau né vers 1490, époux de N. Vaucher et Pierre né vers 1492, mort en 1553 et époux de Marie Vaucher, les deux filles de Jacques VAUCHER, auteur des Clerc de Fleurier.

II Claude Clerc, fait reconnaissance de ses biens à Môtiers en 1555 et 1561. Il épouse Clauda N., d’où

  • Antoine qui suit en III.

III Antoine Clerc de Sagneula (Sagneula est une terre se trouvant près de Môtiers). Il fait reconnaissance de ses biens à Môtiers en 1561 et épouse N?. puis Catherine Bovet, fille de Bartholomey Bovet, d’où du 1er mariage

  1. Antoine, qui suit en IV
  2. Du 1er ou du 2ème mariage, Jacques qui continue la branche des Clerc-Bordon de Boveresse.

Sans doute du second mariage

3. Georges, mort en 1611, franc habergeant en 1586, qui continue la branche des Clerc de Sagneula.

IV Antoine CLERC de SAGNEULA, mort entre 1628 et 1648. Catherine BOVET est dite comme étant sa belle-mère en 1611 (manuel du Conseil d’Etat vol. 5 fol. 535, 7 juin 1611), épouse N?, d’où

  1. Pierre, qui suit en V
  2. Jean, mort en juillet 1675, propriétaire à Sagneula, épouse N? puis Marguerite Tissot, morte fin février 1685, fille de Balthasar Tissot de Couvet. Jean est auteur de la branche Clerc de Rolle et le Clerc, dont descend l’auteur de cet article. Dans cette branche, on peut aussi citer Samuel-Abram le Clerc 1774-1812, Lieutenant au 24ème régiment des chasseurs de Napoléon, mort sur la Vistule, et qui reçut la Légion d’Honneur.
  3. Susanne, vivante en 1663
  4. peut-être Clauda, vivante en 1650 qui épouse avant cette date Daniel Franel.

V Pierre Clerc dit Bordon, mort entre 1668 et le 2 mars 1675. Il épouse Elisabeth Matthey, fille d’Abraham Matthey, d’où

  1. François, qui suit en VI
  2. Claudy, né vers 1630, mort en avril 1694, marchand. Il épouse N?, puis (traité de mariage chez le notaire d’Yvernois de Môtiers le 25 juin 1681) Anne-Marie Boy de la Tour, fille de Joseph Boy de la TOUR, juré et assesseur du consistoire seigneurial de Vauxtravers. Postérité des deux mariages.

VI François Clerc dit BORDON, né vers 1620, mort en 1695. Il reconnaît ses biens à Môtiers en 1658. Il est grangier, et avait épousé Isabeau Giroud, vivante en 1693, fille de Georges Giroud, d’où

  1. Henry-François qui suit en VII
  2. N?, qui épouse Jean Clerc de Sagneula, baptisé à Môtiers le 6 janvier 1650, fils de François, et installé à Combremont-le-Petit VD où il est régent d’école dès 1680, et au moins jusqu’en 1718.
  3. peut-être N?, qui épouse Abraham Petitpierre.
  4. Barbely, 25 octobre 1646
  5. Laurence, 10 février 1650
  6. Esabeau, 27 mars 1653

C’est sans doute une de ces trois filles qui épouse Jean Clerc de Sagneula.

VII Henry-François Clerc dit Bordon, né avant 1644, mort avant 1695. Il exerce une activité de charpentier en 1672. La succession a lieu le 24 mars 1696 (notaire Joseph Divernois DI70), ne laissant à ses 6 enfants que des dettes. Il avait épousé Elisabeth Matthey, fille de David Matthey, d’où, baptisés à Môtiers:

  1. François, 21 octobre 1666, qui suit en VIII
  2. Jeanne, 6 décembre 1668
  3. Rose, 9 février 1670
  4. Jean-Jacques, 5 avril 1672, mort avant 1722, tailleur de pierre. Il épouse à Môtiers le 15 janvier 1695, Marie Calame, fille de Jean Calame du Locle. Ses partages ont lieu le 12 janvier 1725 (notaire BOY de la TOUR), ne laissant que deux héritiers. D’où baptisés à Môtiers:
    1. Jean-Henry, 3 septembre 1699, mort à Môtiers le 10 juin 1771, maréchal-ferrant, ancien d’église de Môtiers, doyen des anciens, gouverneur de Môtiers en 1756, 1762, et 1770. Il épouse Isabeau Besancenet, inhumée à Môtiers le 2 décembre 1772, fille du Capitaine Besancenet de Boveresse.
    2. Susanne-Marie, née en octobre 1703, qui épouse à Môtiers le 1er octobre 1726 David Cuve du Petit Bayard, Maître horloger.
  5. Abraham Clerc dit Bordon, 15 mars 1673, Maître charpentier, conseiller de commune, épouse N?, d’où postérité jusqu’à nos jours avec Evelyn Gasser-Clerc.
  6. Claudy Clerc dit Bordon, 10 novembre 1678, charpentier, épouse le 2 janvier 1703 Marie-Elisabeth Boy de la Tour, fille de feu Claudy, dont entre autres un fils Joseph 1708-1779, qui fut garde suisse à l’hôtel de Hollande à Paris. Cette branche a postérité actuelle avec notamment Francis CLERC à Cormondrèche, né en 1930.

VIII. Honorable François CLERC, baptisé à Môtiers le 21 octobre 1666, mort à Môtiers le 10 juin 1750, Petit sautier du Val de Travers le 13 juin 1701, puis Grand Sautier le 13 décembre 1712, serait maréchal et aurait eu sa maison de Môtiers inondée le 21 niai 1689 (journal Joseph Divernois et F. Boy de la Tour 1704). Il épouse N?, d’où baptisés à Môtiers:

  1. Elisabeth, 13 janvier 1695, morte à Môtiers le 19 décembre 1775. Elle épouse à Môtiers le 15 février 1716 Jean-Jacques Perrenoud de la Sagne.
  2. Henry-François, 27 septembre 1696, mort avant 1771, le sergent de Môtiers, conseiller de Môtiers, GrandSautier. Il épouse Jeanne-Suzanne Guiez d’Estoy, née vers 1694, morte à Môtiers le 4 avril 1771, fille de Gabriel Guiez d’Aubonne. Postérité.
  3. Jeanne-Marie, 9 octobre 1698, morte à Môtiers le 13 février 1740, Elle épouse à Môtiers le 23 avril 1720 Charles-Louis Jeanrenaud, mort avant 1740
  4. Barbely, 20 février 1701
  5. Susanne-Marie dite Manon, baptisée le 18 février 1703, morte à Môtiers le 11 octobre 1770
  6. Marie-Madeleine, 24 juillet 1707, épouse à Môtiers le 24 novembre 1736 Abraham Meitzener.
  7. David-François, 18 mai 1710, qui suit en IX
  8. Mariane, 13 juin 1713, épouse à Môtiers le 15 novembre 1740 David Perrenoud, Bourgeois de Valangin.
  9. Marie-Ursule, 6 septembre 1716, morte à Môtiers le 14 février 1740 (à moins qu’il ne s’agisse d’une Clerc de Sagneula) 

IX. David-François Clerc, baptisé à Môtiers le 18 mai 1710, inhumé à Môtiers le 19 avril 1777, notaire, sergent de justice de Môtiers, Grand Sautier de Môtiers, épouse Elisabeth Barrelet de Boveresse, inhumée à Môtiers le 9 mars 1791, d’où baptisés à Môtiers :

  1. François-Louis , qui suit en X
  2. Marie-Henriette, 16 mars 1732
  3. Susanne-Henriette, 13 octobre 1736, morte à Môtiers le 14 août 1781
  4. Abraham-Henri, 25 novembre €738, vivant en 1766
  5. Esther, 12 février 1741, morte àMôtiers €e 11 avril 1825
  6. Simon-David, 27 décembre 1743, inhumé à Môtiers le 25 octobre 1798, Grand Sautier du Val de Travers, épouse à Môtiers le 24 février 1770 Marie-Louise Clerc, née vers 1742, morte à Môtiers le 23 avril 1802, fille d’Abraham CLERC de Môtiers, fournier, et de Jeanne Duvet. D’où postérité jusqu’à nos jours.
  7. Marie-Elisabeth, 27 février 1746

X. François-Louis Clerc, né vers 1731 ou 1734, mort à Môtiers le 8 août 1814, Sautier de Cortaillod en remplacement de son beau-père en 1758, reçu communier de Môtiers en 1760. Il épouse, en premières noces, à Colombier le 18 juin 1757 Suzanne-Marie  Braillard, née vers 1722, morte à Môtiers le 1er février 1788, fille de Josué BRAILLARD de Colombier, justicier de Colombier et, en deuxièmes noces, sans doute à Môtiers le 9 janvier 1790, Jeanne-Madeleine Barrelet, née vers 1734, morte à Môtiers le 30 septembre 1798, fille de Claudy Barrelet de Boveresse, d’où baptisés à Môtiers du premier mariage:

  1. Susanne-Marie, baptisée à Colombier le 11 novembre 1758, morte à Môtiers le 12 mai 1835
  2. David-François, 31 mai 1761
  3. David-François, 18 décembre 1762, qui suit en XI
  4. Marie-Madeleine, 9 mars 1765, morte à Môtiers le 25 juin 1766
  5. Jeanne-Elisabeth, 29 mars 1766, morte à Môtiers le 6 mai 1766

XI. David-François Clerc, baptisé à Môtiers le 18 décembre 1762, mort à Môtiers le 13 décembre 1851, notaire, Petit sautier puis Grand Sautier du Val de Travers le 29 septembre 1801. Caporal au régiment des Gardes Suisses, il a participé à la défense des Tuileries le 10 août 1792. «Bel homme, taillé en hercule, fort et robuste comme un chêne, il avait conservé sous l’habit civil l’allure martiale du militaire qui a fait ses preuves.» (Lettre du Pasteur PERRIN de Môtiers au musée Neuchâtelois, fin XIXème).

En effet, le 10 août 1792, il fait partie des gardes suisses qui défendent le palais des Tuileries. Avec 4 de ses hommes, il s’empare d’un des canons que les insurgés devaient installer pour viser le grand escalier des Tuileries. Dans ce combat, il est blessé au côté gauche par une pique. Pendant que les insurgés pénètrent dans le palais, David-François et ses hommes plus ou moins blessés, échappent au massacre en se réfugiant dans une maison de la rue St-Honoré. Heureusement pour eux, il s’agit d’une famille royaliste. Ils sont cachés quelques jours dans les combles où ils sont soignés et nourris. Finalement, David-François récupère des habits civils et regagne Môtiers sans être inquiété. Là, il reçoit une caisse où il a la joie de retrouver son uniforme envoyé par ses sauveurs de la rue St-Honoré. Il conservera cet uniforme qu’il aimera porter notamment le dimanche uniquement par beau temps, pour éviter de l’abîmer, et les jours de tirs et d’abbaye. A Môtiers, David-François est considéré comme un héros, ses exploits suscitèrent des vocations militaires dans le village. C’est en 1819 qu’il reçoit la médaille «du 10 août ». Enfin David-François fut nommé gardien du Lion de Lucerne en 1821 au moment de son inauguration, fonction qu’il assume jusqu’en 1824, date de son retour au pays. Il avait épousé à Môtiers le 3 février 1798 Marianne Zimmermann, morte à Môtiers le 29 septembre 1836, fille de François-Ferdinand Zimmermann, de Furney ou Steffisbourg canton de Berne, meunier à Môtiers, d’où nés à Môtiers 

  1. Marie-Adélaïde, 28 mai 1798
  2. Henriette-Aspasie, 2 février 1800, épouse à Môtiers le 1er novembre 1823 Henri Bovet.
  3. Louise-Caroline, 1er mars 1802, inhumée à Môtiers le 11 mai 1835, épouse Alphonse Franel de Môtiers, Bourgeois de Neuchâtel.
  4. Jeanne-Marianne, 12 février 1804, morte à Môtiers le 28 mai 1875, épouse François-Louis Luthi.
  5. François-Alexandre28 mars 1806, qui suit
  6. Anne-Sophie, 2 février 1808, morte à Môtiers le 19 janvier 1817
  7. Nanette-Elodie, 24 août 1810, morte à Métiers le 3 mai 1815 de rougeole.

XII. François-Alexandre Clerc, né à Môtiers le 28 mars 1806, mort à Môtiers le 17 septembre 1849. Il épouse Marie-Emilie Thiébaud, fille de Daniel-François Thiébaud et Susanne-Marie Thiébaud, d’où nés à Môtiers

  1. Sophie-Henriette, 11 juin 1838, morte à Môtiers le 24 août 1838
  2. Marie-Adèle, 29 novembre 1839, morte à Môtiers le 21 mars 1840

Notes

  1. Sources : Recherche par André-Hubert le Clec, Evelyne Gasser-Clerc ; et Pierre-André Clerc pour les premières générations Clerc. Musée Neuchâtelois 1897.