Bulletin 29 / Septembre 2006

Sortie de la Société neuchâteloise de généalogie
Visite des Archives de l'Etat de Neuchâtel
Samedi 10 juin 2006

par Françoise Favre (secrétaire)

Une activité inhabituelle règne en ce samedi matin devant la porte close du château de Neuchâtel. C’est jour de sortie pour la SNG et une trentaine de membres sont au rendez-vous pour la visite des Archives de l’Etat de Neuchâtel (AEN), côté public et côté coulisses…

La présidente Anne-Lise Fischer accueille chacune et chacun – particulièrement les personnes venues de plus loin ou qui ne sont pas parmi les habitués de nos soirées conférences – et les remercie d’avoir répondu si nombreux à l’invitation de la SNG.

C’est en compagnie d’Alexandre Dafflon, archiviste cantonal et de son adjoint Lionel Bartolini que nous entrons dans le château pour aller à la découverte des AEN.

Après une introduction générale sur les AEN, nous nous séparons en deux groupes pour deux visites d’une heure chacune, l’une centrée sur le service des archives de l’Etat (politique de conservation, visite des locaux, etc.), l’autre centrée sur la généalogie (les outils, les fonds et les ressources à disposition du généalogiste).

Des visiteurs attentifs...

Introduction

Les Archives cantonales sont la mémoire de l’Etat depuis 1143. Le plus ancien dépôt remonte au 13e siècle. On y conserve non seulement les Archives de l’Etat, mais aussi des fonds privés (entreprises, Eglises, familles, etc.). Tous ces documents mis bout à bout représentent 8 km linéaires. Neufs personnes représentant 6 postes complets sont actuellement employées dans le service.

Aujourd’hui, les AEN ont trois missions principales :

  • évaluer, collecter et conserver toutes les archives des autorités cantonales (Conseil d’État, Grand- Conseil et pouvoir judiciaire), ainsi que celles des services de l’administration cantonale, surveiller les archives des soixante-deux communes du canton.
  • Faire connaître et mettre à disposition du public les archives en offrant notamment une salle de lecture, une bibliothèque, des catalogues et des inventaires.
  • coordonner la conservation des fonds culturels du canton, en partenariat avec les autres institutions concernées (archives des communes, bibliothèques, musées, associations et instituts de recherche).

Visite des Archives

Autrefois, les Archives se trouvaient dans l’aile nord du château, dans la « grotte » (salle du Trésor). On peut encore y voir les crochets de fer auxquels étaient suspendus les grands sacs dans lesquels les documents étaient conservés à l’abri des rongeurs. A la fin du 19e siècle, des locaux ont été aménagés au sous-sol de l’aile sud pour y recevoir les Archives. C’est le « palais de cristal », ainsi appelé à cause des planchers de verre qui permettent à la lumière de passer à travers les étages jusque dans les sous-sols.  Malheureusement, ces locaux qui représentaient une modernisation inestimable à l’époque ont vieilli et ne sont plus conformes aux normes de la profession. Le service mène actuellement une réflexion et des actions pour limiter au maximum les risques liés à la vétusté des locaux.

Nous commençons la visite par la bibliothèque qui abrite environ 20’000 volumes. Le catalogage informatique systématique est en cours pour remplacer le vieux fichier sous forme de cartes. Actuellement 5’000 volumes ont été entrés dans la base de données. Grâce au réseau RERO, il sera possible d’emprunter à distance les ouvrages conservés à Neuchâtel.

On y trouve surtout des livres concernant l’histoire de Neuchâtel et des territoires avoisinants, les sciences auxiliaires de l’histoire, l’histoire du droit et des institutions. Mais aussi sur des sujets plus divers comme ce très grand livre d’anatomie du 18e siècle (50 cm x 70 cm), richement illustré, que nous pouvons admirer à loisir.

Les Archives seigneuriales regroupent les documents datant du 12e au 17e siècles, un fonds constitué de plus de 25’000 documents de toutes sortes : rouleaux, feuillets pliés, parchemins, parmi lesquels Lionel Bartolini nous fait remarquer une bulle papale avec un sceau en plomb datant de 1439 et des documents sur « parchemin recyclé ». Ce sont des documents qui ont été retrouvés à l’occasion de la restauration de documents. En effet, par souci d’économie, on « recyclait » souvent au Moyen Age d’anciens documents de
parchemin que l’on réutilisait pour confectionner des reliures de registres.

Une grande partie de ces archives ont été très endommagées par un mauvais conditionnement dans des cartons acides, bourrés au maximum. Aujourd’hui, on essaie de sauver ce qu’on peut en rangeant les documents dans des cartons aux normes et en les stockant de façon plus aérée dans les cartons pour qu’ils puissent « respirer ». En fonction des moyens financiers restreints, on recherche des solutions dans le cadre d’une politique de conservation cohérente.

Quittant ces locaux anciens, nous allons dans la partie moderne des AEN, aménagées dans les années 80. Là, les étagères en bois ont été remplacées par des « compactus », encore que la place ne soit pas le problème le plus urgent des AEN.

Ici sont conservés les archives plus récentes produites par l’administration cantonale ainsi que les Fonds privés, comme par exemple le Fonds de la Société des pasteurs. Ce qui nous permet de voir une lettre du réformateur Farel… une belle écriture, malheureusement illisible pour nous autres néophytes ! 

On y trouve, par exemple, le Fonds Elise Kiener, institutrice du Val de Ruz, partie comme missionnaire au Zambèze à la fin du 19e siècle, dont les lettres et les photos sont de véritables document d’ethnographie.

Nous passons dans la « salle bleue » où sont conservés les plans, les cartes et les rouleaux. Cette pièce a été aménagée en fermant la galerie de la salle du Grand-conseil lors de la rénovation de cette dernière. Ces documents sont conservés à plat dans du mobilier ad hoc. Une grande et belle table – l’ancienne table du Conseil d’État – permet aux lecteurs de consulter ici les documents.

Nous voilà revenus à l’accueil où nous continuons la visite sous la conduite d’Alexandre Dafflon qui nous montre le côté « généalogie » des Archives en commençant par le secrétariat. C’est là que le chercheur s’annonce en arrivant. C’est une très belle salle située dans la partie la plus ancienne du château, construite au XIIe siècle, en même temps que la collégiale. Il reste quelques vestiges romans de cette époque (petites fenêtres, colonnettes). A l’extérieur, on peut voir le portail roman, en cours de réfection. 

La salle de lecture a été aménagée dans une galerie longue et étroite, mais claire et agréable pour travailler. Toute la paroi intérieure est couverte par une bibliothèque qui est la face visible de la grande bibliothèque que nous avons vue tout à l’heure. Ici sont en libre consultation les usuels (dictionnaires, encyclopédies, armoriaux, etc.), des revues et périodiques, des manuels d’aide à la recherche (guides de recherches généalogiques par exemple), des ouvrages généalogiques neuchâtelois. La salle de lecture est également équipée d’un poste informatique qui permettra bientôt – en 2007 – de consulter la base de données FloraNE regroupant l’ensemble des données descriptives des fonds des AEN. ForaneNE offrira également une possibilité d’interroger le catalogue des imprimés de la bibliothèque des Archives (sur le catalogue collectif des bibliothèques romandes, appelé RERO). C’est également par le biais de cet outil informatique que les lecteurs pourront s’inscrire et commander leurs documents. Actuellement, les lecteurs peuvent utiliser les inventaires sur papier disponibles en salle de lecture.

Dans une petite salle annexe de la salle de lecture, les lecteurs peuvent consulter sur microfilms les registres d’état civil antérieurs à 1876, classés par paroisse. Un lecteur de microfilm est à disposition, couplé à un ordinateur qui permet de faire une copie numérique des actes, que l’on peut soit imprimer soit graver sur CD.

La visite se poursuit dans les locaux de conservation. La première source généalogique que le chercheur consultera, c’est le fameux fichier de l’état civil, qui contient près d’un million de fiches recensant les naissances, mariages et décès dans le canton. Ce répertoire existe depuis la création des registres paroissiaux jusqu’en 1824 pour les décès, et jusqu’en 1852 pour les naissances et les mariages. D’autres fichiers, thématiques, sont à disposition : étrangers, réfugiés huguenots, agrégations, naturalisations, métiers, etc. Les AEN mettent aussi à disposition des généalogies et des fonds d’archives de généalogistes déposés par leurs auteurs pour en faire profiter la communauté des chercheurs.

Les AEN conservent également à disposition un fonds documentaire relatif aux personnes et aux familles neuchâteloises, constitué de documents isolés, tels qu’articles de presse, nécrologies, généalogies, extraits d’état civil, expéditions d’actes notariés,  correspondances, etc. Ce fonds documentaire, peu connu et peu consulté, peut être une ressource intéressante pour les généalogistes.

Les archives des autorités d’ancien régime et de la République contiennent des données utiles au généalogiste : recensements (depuis 1750), listes d’étrangers et collection de testaments (série des Cartons bleus), registres des passeports (série des Cartons bleus pour l’ancien régime et Chancellerie depuis 1848), actes de chancellerie, actes de naturalisation, etc. Des répertoires permettent de se repérer dans ces fonds très importants. Les registres de permis d’établissement (depuis 1830 environ) sont également une source d’information. Les registres de l’établissement cantonal d’assurance incendie (par commune) permettent de compléter les recherches par des données sur les propriétaires de bâtiments (depuis 1810).

Autres sources disponibles : les livres de raison, les registres notariaux (le plus ancien date de 1400) d’un accès relativement difficile du fait de l’absence de répertoires nominatifs, les reconnaissances et rentiers d’ancien régime (accompagnés de répertoires). Au passage, nous admirons les belles reliures estampées des reconnaissances, l’écriture soignée des notaires, les beaux cartons fait sur mesure pour conserver les documents les plus fragiles. On nous montre enfin un registre anthropométrique du début du XXe siècle, appartenant au fonds de la Police et comportant des centaines de photographies d’individus.

L’heure tourne, il est presque midi trente et nous avons bien de la peine à nous arracher à ces lieux, paradis du généalogiste ! Certains s’installeraient bien ici pour poursuivre la quête de ses ancêtres, dans l’espoir de trouver LE renseignement recherché depuis si longtemps !

C’est à l’Hôtel du Marché, sur la place des Halles, que nous sommes attendus pour le repas. Un moment de convivialité apprécié où l’on parle surtout généalogie et histoire de familles bien sûr ! Après le dessert et le café, les plus mordus sortent leurs ordinateurs et leurs fiches…

Archives de l'Etat de Neuchâtel

Renseignements pratiques concernant les AEN

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