Bulletin 34 / Avril 2008

Assemblée générale et visite guidée du Château de Colombier du samedi 2 février 2008

par Françoise Favre, secrétaire

En ce début d’année 2008, le comité de la SNG innove en joignant l’utile, ou plutôt le statutaire, à l’agréable: c’est donc au château de Colombier, ce samedi à dix heures, que l’assemblée générale a été convoquée. Vingt trois personnes ont répondu à l’appel. Après l’assemblée dans une très belle salle du château, après l’apéritif offert par la SNG et après un repas au menu neuchâtelois, les membres de la SNG sont invités à une visite guidée du château sous la conduite de Monsieur Vuillermet. Alors, suivons le guide…

Comme tous les vieux châteaux, celui de Colombier a subi de nombreuses transformations au cours des âges. La dernière grande restauration, qui lui a donné son visage actuel de style gothique, date du tout début du 20e siècle. Depuis 1850, il sert de caserne fédérale et depuis 1954, il abrite le musée militaire neuchâtelois et le musée des toiles peintes. Un restaurant occupe quelques salles d’époque richement décorées.

Nous commençons la visite par la salle des Chevaliers, dont les murs ont été peints par Charles l’Eplattenier durant la première guerre mondiale. Une grande fresque représentant les troupes suisses prêtant serment occupe tout un mur.

La salle des armures présente l’évolution des armes. Au centre de la pièce, un soldat du Moyen-Âge en armure joue au échec avec une recrue moderne en tenue d’assaut…

Au début du Moyen-âge, les armes différaient peu des outils ordinaires. C’était un pieu, muni à son extrémité d’une simple pique pour blesser l’ennemi, et d’une sorte d’ergot pour le tirer en bas de son cheval. Puis, au fur et à mesure de l’expérience acquise et des besoins de la guerre, des progrès techniques aussi, elles évoluent et se perfectionnent.

La troisième salle que nous visitons est aussi décorée de plusieurs fresques de Charles L’Eplattenier. On y reconnaît Nicolas de Flüe, héros national, le serment du Grütli, une scène de bataille, au-dessus de laquelle figure le nom des grandes batailles auxquelles les Confédérés ont pris part : Grandson, Morat, Nancy, Ragaz, Giornico, etc..

La salle de Meuron – un joli petit salon avec un très beau poêle à catelles – évoque le souvenir du régiment de Meuron, au service de la Hollande et de l’Angleterre de 1781-1816.

La salle suivante n’a plus rien à voir avec la guerre et les armes! Elle abrite le musée des indiennes et des toiles peintes. Une vidéo retrace très joliment l’histoire des indiennes à partir du Journal de Louise Frédérique Verdan, fille d’un commerçant  d’indiennes de Grandchamp à Areuse, qui a tenu son journal intime de 1814 à 1817.

C’est la mode des cotons légers et colorées, plus agréables à porter que les lourdes étoffes de velours et de laines des siècles précédents, qui a fait le lit des indienneurs. Cette industrie sera florissante dans notre canton tout au long des 18ème et 19ème siècles, puis rentrera dans l’ombre lorsque les indiennes se démoderont.

Les vitrines montrent l’évolution des techniques, de l’impression manuelle avec une planche gravée aux rouleaux mécanisés. On y voit aussi des catalogues de modèles qui servaient à la vente des toiles peintes, des échantillons de tissus, quelques outils… 

Enfin, dans les combles du château, une vaste pièce aménagée – mais pas chauffée ! – abrite toute une collection d’armes militaires, du fleuret jusqu’au fusil d’assaut, d’armes d’ordonnance et même du célèbre « couteau militaire »! Ces armes sont sorties de différentes fabriques d’armements du pays, car autrefois, le soldat devait fournir lui-même son équipement.

Dans les vitrines, des uniformes aux couleurs vives ou dans les tons gris-vert bien connus, témoignent des différentes époques où ils ont été portés.

Devant une rangée baïonnettes, notre guide termine par une anecdote significative des « progrès » de l’armement : au départ, la baïonnette était une simple lame plate, destinée à blesser l’adversaire. La blessure occasionnée se refermait bien et cicatrisait rapidement. Plus tard, cette lame est remplacée par une lame triangulaire, qui troue et déchire le muscle, provoquant une plaie difficile à cicatriser et s’infectant facilement. On ne cherche plus seulement à se défendre, mais à nuire le plus possible à l’ennemi…

Cette visite nous a plongés dans un passé où la guerre était un métier, tout comme le commerce. Un passé pas si lointain où nos ancêtres se sont engagés au service de souverains étrangers et sont partis faire la guerre aux quatre coins de l’Europe tandis que d’autres parcouraient le monde pour vendre les indiennes neuchâteloises… deux manières de chercher à faire fortune…

Et nous voilà de retour dans le présent, où il fait finalement assez bon vivre, surtout par une belle journée comme celle-ci !

Françoise Favre