Bulletin 36 / Décembre 2008

Ascendance sagnarde de Paul Matile, dit "le Long Paul" ou le "Grand Paul"

par Pierre Arnold Borel

JeanPetitMatile Paul communier de La Sagne; né le 8 avril 1902 au57 de la rue David-Pierre Bourquin à La Chaux-de-Fonds. Journalier-Commissionnaire. Très attaché aux traditions paysannes, il est l’un des membres fondateurs du Musée paysan et artisanal des Eplatures, en 1963; également membre très actif du groupe folklorique « Ceux de La Tchaux »; décédé à La Sagne le 6 octobre 1982. Il a épousé Alice-Adèle Huguenin-Virchaux fille de Paul-Emile, et d’Adèle née Calame, des Bulles. Dentellière aux fuseaux; née le 13 octobre 1901, décédée le 15 mars 1975.

La maison de la famille Huguenin appartient au sculpteur Berthoud en 1986.

Les parents de Paul Matile:

JeanPetitMatile Louis son père; est agriculteur, fermier à la ferme du domaine Gallet (parc Gallet actuel). Propriétaire aux Petites Crosettes 26, domaine repris par René le frère de Paul. Louis a comme épouse Elisa-Marguerite Schlunegger, fille d’Ulysse, originaire de Grindelwald, et de Fanny née RobertTissot, de La Chaux-de-Fonds.

Les Grands parents de Paul Matile:

JeanPetitMatile Edouard né en 1842; horloger, et Elise-Eugénie Vuille-dit-Bille, de La Sagne; fille de Louis-Auguste, agriculteur, et de Louise-Elise née Matile; Elise-Eugénie était née en 1845.

Ses arrière-grands-parents côté paternel:

JeanPetitMatile Abram-Louis bourgeois de Valangin; né à La Sagne en 1811; agriculteur. Reçoit la médaille de fidélité à la monarchie, en 1832; bon royaliste. Sa femme était Elise Ducommun-dit-Boudry du Locle; née en 1805.

Ses arrière-grands-parents côté maternel:

Vuille-Bille Louis-Auguste né en 1809 à La Sagne et communier de ce lieu; bourgeois incorporé de Valangin. Il est fils de Félix-Henri, et d’Augustine Perret (elle-même fille du conseiller de commune David-Louis). Louis-Auguste est petit-fils de David-Frédéric Vuille-dit-Bille, et de Marianne-Esabeau Perret, tous de La Sagne

Il arrivait souvent à Paul Matile de parler de Félix-Henri Vuille-Bille: « …mon ancêtre était de 1783 et, en 1819, on l’a nommé juge-suppléant de La Sagne et, dès 1821, il y était justicier, puis membre de la Chambre d’assurance en 1832.

Mon arrière-arrière-grand-père, comme justicier, assista, en 1842, à la réception à la Sagne de prince de Neuchâtel Frédéric-Guillaume roi de Prusse. Le monarque, qui régnait de loin sur la Principauté de Neuchâtel, l’a remercié de son attachement à la couronne en lui offrant son effigie matérialisée sur le fourreau d’une pipe.

C’est cette pipe que je conserve précieusement avec d’autres trésors. Ce fourneau de pipe en terre je le garde avec le couteau du justicier et avec des mouchettes, des casses en cuivre, une scie, des sabots, une pendule à poids, et je les vénère comme des reliques de famille.

Je me souviens avoir rêvé, comme gamin, devant la voiture de côté qui restait du justicier, bon, elle a disparu depuis, bien sûr.

J’ai donné le portrait de Félix-Henri Vuille-Bille, qui impressionnait trop Alice, au Musée de La Sagne… »

Ses arrière-arrière-grands-parents côté paternel:

JeanPetitMatile Olivier né en 1771; laboureur à La Sagne. Sa femme est Barbelet Walther.

Les quadrisaïeux de Paul sont:

JeanPetitMatile Abram-Louis 1734-1799; paysan à La Sagne; et sa femme Droz-dit-Busset Marianne du Locle, dentellière. 

Les quintisaïeux de Paul Matile sont:

JeanPetitMatile Daniel qui est fils d’Abraham communier de La Sagne en la principauté souveraine de Neuchâtel en Suisse; laboureur; bourgeois de Valangin; sa femme est Anne-Marie Matile de La Sagne; elle était dentellière.

(recherches généalogiques de Pierre-Arnold Borel).

Paul Matile aimait raconter le « bon vieux temps ». Sa mémoire infaillible nous a permis de reconstituer quelques bonnes histoire qu’il aimait évoquer et que nous rappellerons de temps en temps dans nos bulletins pour donner un brin de nostalgie. Ce sera aussi sympathique clin d’œil à nos ancêtres…

Paul Matile dit "Le Long Paul"

Pour commencer, deux récits de saison : 

« L’hiver, mon père, le Louis Matile, après avoir passé toute une nuit du samedi au dimanche à conduire de triangle tiré par quatre ou six chevaux, après s’être débattu toute la nuit contre la neige le long de la vallée, avoir lutté contre le « pousse », mon père avait juste le temps de mettre ses habits du dimanche pour monter le chemin du temple. En ce temps là, la fatigue… c’était pas une excuse pour manquer le culte… Sur le banc, le « fatre » écoute un peu, ça va pendant un ou deux cantiques…lutte contre le sommeil puis s’endort comme dans son fauteuil du coin de la fenêtre, à la maison. Il n’entend même plus l’orgue ni la voix du pasteur… Il rêve qu’il dirige son triangle et crie au milieu de la prière: Hue! La Grise!!!… Tu penses quelle histoire! »

Encore une histoire de neige:

« De ce temps, on avait au moins des vrais hivers, t’aurais vu le triangle passer et repasser le long de la route de Marmoud à la Corbatière, attelé de huit chevaux. Tu l’entendrais venir à cause de ses grelottières, même quand il était caché derrière les montagnes de  neige. Mon père, le Louis Matile disait que quand ils passaient devant la porte du père Vuille, un de ces vieux « gringes » qui rouspètent pour un rien, on donnait toujours un coup de barre de son côté pour bien lui boucher son entrée avec le plus gros tas de neige qu’on pouvait faire. Tout en rancagnant, le vieux se mettait à déblayer sa neige avec son râblais… bon! Il avait pas fini de faire son chemin, qu’on ramenait le triangle dans l’autre sens et on faisait semblant de la pousser dans le bon sens, mais, avec un bon coup de barre, au contraire, on t’y rebouchait carrément son passage. Lui. Y croyait qu’on avait tout fait pour l’éviter et que c’était une gonfle qui avait repoussé la planche!.. »

une dernière :

Ça devait être l’hiver 1927-28, l’épicerie Weber, de la Tchaux, livrait le ravitaillement aux gens de Biaufond. Bien sûr, les charretiers buvaient la goutte à la maison Monsieur; un coup, on les invite pour faire un stöck; la partie de cartes dure un peu « long », l’aubergiste dit: « faut pas vous oublier, je vais loquer… Le Doubs gèle rarement à la Maison Monsieur à cause du courant., mais cette année-là était exceptionnelle et une couche de glace le recouvrait.. Bon, après ce poussenion, les gaillards sortent dans la cramine, cherchent leur char, leur cheval, rien le long de la route. Au bout d’un moment, ils entendent quand même les sonnettes de l’attelage… leur fourgon était en rude mauvaise posture sur la pente très raide de la rive française; le cheval avait traversé la rivière en faisant craquer la glace et ils ont eu un rude moment pour ramener la carriole sur la route suisse. Leur patron qui les voyait déjà sous le char à cause du verglas, ne les a pas engueulés le matin, quand ils ont toqué à sa porte pour ramener l’attelage… »