Bulletin 39 / Décembre 2009

Les anciennes familles de Bevaix

rapportée par Françoise Favre

Conférence donnée par Germain Hausmann

Vendredi 6 novembre 2009 à 19h30 au Café de l’Union à Fontainemelon, rapportée par Françoise Favre-Martel, secrétaire de la SNG

Un peu d'histoire

Bevaix est l’une des plus anciennes communes de notre canton. Colombier est cité un peu plus tôt, le 12 décembre 937, et Areuse remonte aussi au 10e siècle, à 939 pour être précis.

En 998, un certain Rodolphe, appartenant à la très haute noblesse du royaume de Bourgogne, désire fonder un prieuré. Dans cette intention, il rencontre à Payerne l’abbé de Cluny, Odilon, et donne à ce nouvel établissement un certain nombre de terres, de biens et de revenus, par exemple les impôts tirés de 10 paysans libres, ce qui nous permet de savoir approximativement qui étaient les habitants de Bevaix à cette époque : trois d’entre eux portent un nom d’origine latine, les autres noms ont une origine germanique.

Ensuite, Rodolphe donne un territoire et une vigne qui vont jusqu’au bord du lac. Le prieuré est ainsi doté d’un territoire, sur lequel s’érigera une seigneurie, qui correspond à peu près à l’actuelle commune de Bevaix. On peut encore voir près du port de Bevaix,  dans un jardin privé, un bloc erratique qui marquait la limite des terres du prieuré. A cela s’ajoute encore quelques petits villages, l’église et le village de St-Martin au Val-de-Ruz.

Puis Rodolphe donne encore 40 personnes qui sont des serfs. Là encore, on observe qu’une petite part de ces noms a une origine latine et que la plus grande part a une origine germanique.

Rodolphe sera « avoué » du prieuré, c’est-à-dire défenseur du monastère. Si, au départ, l’avoué est soumis au monastère, par la suite, ce sera le contraire. Le contrat stipule que les avoués seront toujours choisi parmi ses descendants.

 

Après un silence de presque 2 siècles et demi, on reparle de Bevaix vers 1250.

A cette époque, il y avait trois avoués : Sybille, épouse de Renaud d’Estavayer, descendante sans doute des seigneurs de Gorgier, Girard de Rochefort et Pierre d’Asnens. Vraisemblablement sont-ils issus de trois branches des descendants de Rodolphe. Vers 1250, ils règlent leur différend de manière orale.

Mais en 1263, ces mêmes différends resurgissent, aussi fait-on une convention écrite pour en garder une trace. Les trois avoués ont alors changé : Le fils de Sibille d’Estavayer de Gorgier, Jacques d’Estavayer, la remplace ; Jacques et Renaud de Colombier ont succédé à Girard de Rochefort. Il en est de même pour Hermann, fils de Pierre d’Asnens. Ce document est intéressant pour nous, parce qu’une liste des noms des familles et des membres du prieuré lui est associée. Mais aucun de ces noms ne reparaissent par la suite.

Il faut attendre le 14e siècle pour voir apparaître des noms de famille héréditaires à Bevaix toujours portés actuellement. 

Les familles de Bevaix

Dans le cadre d’une manifestation populaire à Bevaix, Germain Hausmann a été amené à faire la généalogie de plusieurs famille du village. Voir ci-joint la liste des familles originaires de Bevaix. Ces généalogies seront publiées dans le Bulletin et le présent compte-rendu ne mentionne à propos de ces familles que les personnes sortant du lot.

BARRET Gustave Henry, enfant de Bevaix, est parti en Afrique et il a passé toute sa vie au Congo à Ngayu-Nepoko.

GOTTREUX Henry, mort en 1909, vétéran retraité , il a servi aux USA, ce qui lui a valu une pension de 6 dollars par an…

MAULEY un patronyme qui s’est d’abord transmis par les femmes.

MELLIER , une famille qui se ramifie en de nombreuse branches dont une a « émigré » à Cortaillod.

Jean-Jacques MELLIER, né en 1723, s’engage à 20 ans au service de la France. Il commence sa carrière comme simple soldat et monte en grade peu à peu. Ayant atteint le poste le plus élevé auquel un militaire suisse peut arriver par son seul mérite, celui de lieutenant-colonel, il prend sa retraite en 1792, avec une rente de 3’700 livres par an (un simple soldat touchait 150 livres/an). C’est un bel exemple de quelqu’un qui ne sort pas de la noblesse, mais qui arrive pourtant au sommet de la hiérarchie militaire grâce à ses compétences. Il meurt le 25 novembre 1805.

RIBAUX, la famille la plus nombreuse de Bevaix.

Adolphe RIBAUX (1863-1915), homme de lettres, auteur de poèmes (« Feuilles de Lierre ») et de drames historiques « nationaux » (Divico, la Reine Berthe).

TINEMBART. bien que ce soit la famille la plus ancienne de Bevaix, elle ne compte aucun personnage célèbre dans ses rangs.

D’autres familles de Bevaix se sont éteintes

BALEY, voir la généalogie parue dans le Bulletin 38 .

BERGER. Jean-Baptiste BERGER épouse Lucie PARIS, laquelle est accusée peu après de sorcellerie et condamnée au bannissement. En 1591, Jean-Baptiste se retrouve seul, il a 25 ans et souhaite se remarier. Il demande donc à la cour consistoriale le divorce. On lui indique la procédure à suivre et on le fait attendre. Finalement en 1593, Lucie PARIS ayant pu être contactée, elle se déclare consentante et le divorce est accordé, car les pasteurs « prennent en considération … que c’est un jeune homme qui n’a point le don de continence … il pourrait tomber en paillardise ».

BISARD ou BIZARD. Jacques BIZARD (1642-1692), parti au Canada comme aide de camp d’un noble français, FRONTENAC, il finira par être nommé suppléant au gouverneur de Montréal. Aujourd’hui, une grande île au nord de Montréal porte encore son nom.

MONIN une famille qui a donné plusieurs pasteurs au 19e siècle.

de CHAMBRIER, une famille dont sont sorties de nombreuses personnes célèbres. Pour la branche établie à Bevaix, citons Alice de CHAMBRIER (1861-1882), auteur et poétesse, qui a écrit de très belles poésies et un roman intitulé « Sybille ou le chatelard de Bevaix ».

BON : une légende veut que tous les huguenots réfugiés dans la Principauté de Neuchâtel auraient fait fortune… ce n’est en tout cas pas vrai pour cette famille qui fit partie du Quart Monde jusqu’à sa récente extinction.

OLIVIER : L’ancêtre de cette famille était un enfant rôdeur, qui ne connaissait ni son nom, ni ses parents, ni son âge. Il faisait partie d’une bande d’enfants venu d’Italie pour vendre des oranges. Las de cette vie errante, il se cacha et quitta la bande. Recueilli  finalement par le pasteur Bonhôte, il fit un apprentissage de tailleur d’habits. Il reçoit en 1779 le nom d’OLIVIER, peut-être pour rappeler son origine ? Il fut alors naturalisé neuchâtelois à la condition qu’il acquiert une commune dans les deux ans à venir. Il sera par la suite « dénaturalisé » faute d’avoir pu remplir cette condition. Cette famille resta apatride jusqu’à son intégration dans la commune de Bevaix en 1863.