Bulletin 41 / Septembre 2010

Branche Perrenoud émigrée en Prusse

par Pierre-Arnold Borel

La famille Perrenoud habitant aux Glottes est communière de La Sagne; vivant en la baronnie de Travers rière Les Ponts de Martel, ira ensuite à Corcelles dans le vignoble neuchâtelois avant de s’expatrier en Prusse.

En l’an 1465, Jehan et son frère Jehannin Perrenod vivaient à La Sagne. Jehannin eut deux fils se prénommant tous deux Jehan. De l’aîné descend la branche des Grandjean Perrenoud Comtesse et du cadet, la branche Perrenoud Comtesse.

Jehan Perrenod agriculteur aux Glottes où il est cité y vivant dans un acte notarié du 26 juin 1493. Le 17 mai 1473 en communauté avec son frère Jehannin il paye sa part de cens soit 4 deniers et 20 florins d’or pour 14 faulx de pâture forestière. Il est père de

Pierre Perrenod qui, comme fils de Jehan est aussi communier de La Sagne. Laboureur; en 1480 il est à Marmoud comme forgeron et maréchal-ferrant. Le 5 avril 1505 se porte acquéreur d’une forêt sise à Rosière dans le voisinage des Glottes où, le 30 juin 1525, il déclare son domaine de montagne comprenant une maison et des terres agricoles au commissaire du seigneur Claude de Neufchastel. Il a épousé Agnès la fille de Rollet Vuille, de La Sagne; elle sera mère de deux fils

  • Pierre et Guillaume, ligne directe.

 

Guillaume Perrenod fils de Pierre; homme de libre condition sous le règne de Claude comte de Valangin et de la bonne dame Guillemette de Vergy. Réside sur la mairie de La Sagne; sa nomination, en 1522, de maître-bourgeois de Valangin. Le 30 juin 1525 il déclare posséder une part de l’héritage de famille à La Combe des Glottes. Homme de confiance du pasteur de Travers pour s’occuper des finances de la paroisse. Guillaume décèdera avant 1553. Il est père de 4 fils:

  • Blayse, Antoyne, Othenin et Andrey ligne directe.

 

Andrey Perrenod fils de Guillaume, communier de La Sagne et des Ponts-de-Martel, bourgeois de Valangin. Agriculteur à La Combe des Glottes en la baronnie de Travers. Il reconnait y posséder, en date du 12 décembre 1553, environ 39 faux de terre y compris une  terre au Bois de L’Hale. Homme de bien, en date du 12 juin 1555, il est admis par Monseigneur de Neuchâtel à faire partie des censiers de Travers. Il décèdera avant 1602. Père de cinq fils:

Abraham ligne directe, Guillaume, Pierret, Pierre et Moÿse.

 

Abraham Perrenoud fils d’Andrey; meunier et paysan à La Combe des Glottes.

Le 19 novembre 1590 noble dame Marguerite de Laviron baronne de Travers lui donne l’autorisation d’y construire un moulin à eau avec trois roues sur le ruisseau qui coule aux Glottes, avec rouages, molières, raisse et foule. Molière = meule taillée dans la pierre; raisse= scierie; foule = baptoir, battoir. Les frères Perrenoud exploitent ce moulin pendant plus d’un siècle avec leurs descendants. Abraham, en propriétaire aisé possède une maison confortable. Ses fils: Barthollemy, François et David ligne directe.
Barthollemy et François s’installent à La Chaux d’Estaillères comme paysans, achetant des maix de terre et maisons. D’eux deux descendent les branches communières de La Chaux d’Estaillères. David demeure aux Glottes.

 

David Perrenoud fils d’Abraham communier de La Sagne et des Ponts de Martel, bourgeois de Valangin et censier de Travers. Cultivateur aux Glottes. Ce sont ses oncles et leurs fils qui exploitèrent par la suite le moulin de La Combe des Glottes ainsi que les deux moulins de Combe Dernier, un étang voisin leur fournissait l’eau nécessaire pour la marche des engins. En 1671, Daniel Perrenoud les exploitait encore.

 

David II Perrenoud fils de David, des Glottes est petit-fils d’Abraham; s’installe à Corcelles au vignoble neuchâtelois, probablement comme vigneron. Son épouse Esther est mère de trois enfants:

  • Moÿse
  • Jonas né à Corcelles en 1670, ligne directe, et
  • Salomé elle est née le 11 décembre 1672.

 

Jonas Perrenoud fils de David. Bourgeois de Valangin. Il est cordonnier. Il quitte la principauté avec sa famille pour aller en Prusse. Sa femme, née en 1670 comme lui, est Judith Andrié.

David III, ligne directe est né en 1695 et est baptisé au temple de Corcelles le 2 février 1696 ainsi que sa soeur Marie Judith baptisée le 13 novembre 1698. Les 4 autres enfants sont cités mais leurs prénoms ne nous sont pas connus. Le roi de Prusse Frédéric Ier prince de Neuchâtel et de Valangin fit des propositions intéressantes afin d’attirer des sujets neuchâtelois à venir s’établir en Prusse. Jonas se laissa séduire. Le 7 janvier 1710 les autorités de la principauté de Neuchâtel établissent un passeport pour lui et sa famille leur permettant d’émigrer en Prusse, plus précisément en Courlande. Ils traversent les pays germaniques jusqu’à Lübeck, puis en bateau jusqu’à Königsberg. Avec les voitures transportant leur ménage, le voyage débutant en février-mars ils arrivèrent à Judtschen en juillet-août. Tous les treize colons suisses de ce groupe obtenaient des terres pour la valeur de 10 thalers de redevance mais le roi de Prusse ayant promulgué par rapport officiel que la caisse royale subvenait au payement et les libérait ainsi pour l’année  d’installation.

La famille de Jonas Perrenoud eut droit de venir avec un équipage de 4 chevaux, de deux boeufs, deux vaches, deux moutons, 2 porcs, 2 oies et 2 poules. … »..Le docteur Siegfried Maire (encore un descendant de Sagnard établi là-bas!) a écrit dans la Revue Monatschrift de 1909 –.. »..le Suisse Jonas Perrenoud était un habile travailleur, mais lui seul.. car, son fils était un être malveillant et scélérat!!… » Le bourgmestre de Judtschen avait fait marquer d’une entaille à la hache les arbres devant être abattus dans la forêt domaniale. Défense d’en bûcheronner d’autres. Jonas, sans respecter cet ordre, en abattit un autre. Quant à son fils, probablement David, il fut soupçonné d’avoir abîmé le four banal, récemment construit par les colons avec l’accord du roi pour être utilisé par tous les villageois. L’inspecteur des Suisses justifia les preuves de tous ces délits et condamna les Perrenoud père et fils à punition. Après la saison des récoltes ils écopèrent cinq à six jours de prison ferme et mis au pain et à l’eau. Un cheval et une vache leur sont aussi confisqués.  

La branche de la famille PERRENOUD établie en Prusse a été publiée dans le bulletin No 17, automne 2001 . C’est l’étude de cette famille, établie par un descendant, Winfried PERNAU.

Winfried Pernau et sa fille Mathilde