Bulletin 42 / Décembre 2010

La numismatique, généalogie de la monnaie

Conférence de Denise de Rougemont du 26 avril 2010 à Neuchâtel

Ce soir, 17 personnes se sont déplacées pour entendre Denise de Rougemont nous entretenir de sa passion pour la numismatique. Membre de la SNG, Madame de Rougemont a une formation d’archéologue et a été durant 20 ans conservatrice du cabinet de numismatique de Musée d’art et d’histoire de Neuchâtel. Nous vous donnons ci-après le contenu intégral de sa conférence.

La numismatique, (du grec  »nomisma », monnaie), étude des monnaies et médailles, et la généalogie, ( »genos », race et  »logos », discours) sont toutes deux des sciences de l’histoire, de la recherche du passé.

Le généalogiste recherche les ascendants ou descendants d’un individu, en étudiant les états-civils, les registres paroissiaux, les actes de notaires, les journaux familiaux.

Le numismate veut aussi connaître le  »père » d’une monnaie: l’autorité émettrice, la date de sa naissance: la première émission de la monnaie, ses frères et sœurs: combien de monnaies du même type ont été frappées et la date de sa mort: sa disparation de la circulation monétaire.

Le généalogiste n’a que des papiers ou des portraits, le numismate dispose de l’objet même de son étude grâce au caractère permanent du métal et à sa valeur. Trésors cachés dans la terre ou les murs des maisons, que le propriétaire malchanceux n’a pas pu reprendre, monnaies et médailles rassemblées déjà par les empereurs romains, les rois, les princes de la Renaissance, base des collections actuelles des Musées.

Faisons, pour rester dans votre domaine, la généalogie d’une monnaie bien connue, le florin. Il naît en 1252, sa mère est la ville de Florence dont il porte au droit l’emblème, la fleur de lys qui lui donne son nom. Saint-Jean Baptiste, protecteur de la ville figure au revers. Ses nombreux descendants (il sera frappé un peu partout) lui ressemblent et portent toujours la fleur de lys et St- Jean Baptiste. Contrairement à ce qui se passe pour les hommes, le florin qui pèse à sa naissance 3,5 gr. d’or devient de plus en plus léger, son dessin n’est plus aussi net. Il finit par être une monnaie d’argent (gulden).

Le florin existe encore de 1934 à 1969 aux îles Fidji et au Malawi, de 1964 à 1971, où il est une monnaie divisionnaire (1 florin = 2 shilling); de 1946 jusqu’à l’entrée de ce pays dans zone de l’euro, il est l’unité monétaire de la Hongrie (1 forint = 100 fillèr). Le terme  »florin » est aussi utilisé comme expression comptable, de 12 sous, alors que la livre est de 20 sous.

Qui est l'ancêtre premier de la monnaie ?

Le troc est aussi vieux que l’homme. Lorsque les échanges sont plus difficiles à évaluer, on se sert d’un objet comme étalon. Dans les îles du Pacifique c’est un coquillage  »le cauris ». Les nombreuses haches de l’âge du bronze étaient peut-être utilisées pour les échanges. A Rome, le bœuf échangé primitivement est remplacé par sa peau, laquelle peu commode est remplacée à son tour par un lingot de bronze (5 cm environ) en forme de peau de bœuf, d’où l’expression restée à Rome  »mettre un bœuf sur la langue » pour acheter le  silence de quelqu’un.

Les Égyptiens, les Mésopotamiens se servent de petits lingots d’or de différents poids. On connaît encore les très beaux poids d’or ashantis [1] …

D’après l’historien grec Hérodote, et les recherches des numismates le confirment, Crésus, (561-547 av. J.C.), roi de Lydie, en Asie Mineure, crée la première monnaie: il marque de son sceau -un lion et un taureau affrontés-, des petits lingots d’or ovoïdes d’un poids fixe. L’or provient du Pactole, rivière proche de Sardes, sa capitale. Un Pactole signifie toujours une grande richesse, et l’on est encore  »riche comme Crésus ».

Les cités de la Grèce antique émettent dès le VIème siècle B.C. des monnaies d’argent sur lesquelles figurent le dieu ou la déesse protectrice de la cité et son emblème. A Athènes, c’est la déesse Athéna et son emblème la chouette qui figure encore aujourd’hui au revers de l’Euro émis en Grèce.

Les monnaies que je vous montre font partie de la collection du Cabinet de numismatique du Musée d’Art et d’Histoire de notre ville. Les photos m’ont été aimablement préparées par l’assistante du conservateur, Isabella Liggi-Asperoni et le photographe du Musée.

Tarente en Italie du sud est une des colonies grecques de la Méditerranée. Le dauphin au droit de la monnaie rappelle que le fondateur de la ville, Phalanthos, jeté à la mer depuis un vaisseau, a été sauvé par ce poisson et déposé sur la plage où, remis de ses  émotions, il aurait créé la ville ! Au revers, un cheval libre évoque l’élevage de cet animal, richesse de la ville.

Quels sont les ancêtres de la monnaie en terre de Neuchâtel ?

Les peuples celtes, par le Rhône d’un côté et le Danube de l’autre, connaîtront la monnaie par le commerce avec les Grecs dont, dans un premier temps, ils utilisent les monnaies. Ils comprennent vite qu’il serait plus avantageux de frapper leur propre monnaie. Leur système étant basé sur celui des grecs, ils copient les monnaies les plus prisées en les interprétant suivant leur art, tenu pour barbare par les numismates du XIXe qui en négligèrent l’étude.

Le statère trouvé à la Tène, (avec trois hémi-statères), au droit la tête d’Apollon, au revers un char conduit par une Victoire montre bien cette interprétation du type grec. On peut considérer ces pièces comme les premières monnaies locales, puisque un coin (la matrice qui frappe l’empreinte) de même type a été trouvé à Avenches. L’or provenait probablement d’une rivière du plateau. L’Emme en fournira jusqu’au temps modernes.

Les Helvètes, peuple celtique, habitent le plateau suisse. Après une expédition victorieuse de leur chef Divico près d’Agen, ils décident leur  »Drang nach Süden ». Malheureusement, Rome n’y tient pas. César et ses légions les battent à Bibracte et les obligent à  rebrousser chemin et à reconstruire villes et villages brûlés pour partir sans retour.

Désormais dans l’Helvétie  »romaine », la monnaie est celle de Rome.

Les trouvailles de trésors de plusieurs monnaies sont rares dans le sol neuchâtelois. Est-ce dû à la clémence de l’histoire qui a permis à ceux qui les ont enfouis de venir les reprendre, ou au manque de richesse ? Le seul important trésor de monnaie romaine est  trouvé en 1824 à Dombresson, derrière ce qui est aujourd’hui l’église, par des ouvriers cherchant de la  »chaille » pour les chemins. Il se compose de 400 deniers d’argent (à sa création, un denier d’argent = dix as de bronze; dès 141 B.C et jusqu’au IIIe B.C il en vaut 16) et quelques pièces d’or,  »aurei ». Les pasteurs de Chézard et de Dombresson, Ladame et Morthier, en font le catalogue, publié en 1825 dans le bulletin de la Société d’Emulation patriotique. Le trésor est ensuite dispersé. Le Cabinet de numismatique de Neuchâtel en a rassemblé environ 220 pièces. Le trésor a été enfoui après 55 B.C, (date de frappe de la monnaie la plus récente), par qui et pourquoi, on ne le saura jamais.

Outre son rôle économique, la monnaie sert la propagande impériale. Elle porte aux confins de l’Empire le portrait du prince, ses titres et ses hauts-faits.

Sur ce sesterce de Trajan (règne de 98 à 117), trouvé dans notre région, outre le portrait de l’empereur, on lit

  • au droit ses titres,  »IMPerator CAESar (fils de:) N[ervae) TRAIANO AVGustus GERmanicus, DACius (vainqueur des Germains et des Daces) P M (Grand Pontife) le [COS VI P P] donne l’année du consulat et par conséquent la date de la monnaie.
  • Le revers porte au centre les lettres S.C. (Senatus Consulte) qui signifie que la frappe est faite avec l’approbation du Sénat, et au pourtour la devise  »FELICITAS » le bonheur que Trajan veut procurer à ses peuples.

L’empire romain a atteint son apogée sous Trajan. Ses successeurs se battent pour le maintenir. La monnaie, comme toujours subit les fluctuations liées à l’instabilité politique. Pour payer les Prétoriens qui de plus en plus choisissent les empereurs, pour augmenter le nombre des légions pour retenir les barbares qui se pressent aux frontières (Avenches est détruite au IIème siècle par les Allamans), on émet donc toujours plus de monnaie dont l’aloi, la part de métal précieux dans les pièces, s’amenuise. Dans les provinces des généraux prennent le pouvoir et frappent monnaie pour payer leurs soldats. Le désordre s’installe dans la monnaie et l’Empire.

De temps en temps, un empereur reprend le pouvoir central et remet de l’ordre. Dioclétien en 297 réorganise la monnaie. Il fixe les prix de chaque denrée dans un édit et décrète la peine de mort pour le contrevenant. Ces mesures sont effacées par de nouveaux  troubles.

Constantin le Grand (324-337), stoppe une nouvelle fois le déclin. Son règne est un tournant de la civilisation romaine : l’empereur décrète le christianisme religion d’État en 391 et déplace la capitale de Rome à Byzance (Constantinople). L’empire d’Orient est né. Il dure jusqu’en 1453. L’empire d’Occident meurt en 476 lorsque le Goth Odoacre dépose Romulus Augustulus.

Constantin crée le solidus (monnaie solide; a donné sol, puis sou) fondée sur l’or. Un sou d’or, frappé à Byzance entre 681 et 685, au nom de l’empereur Constantin IV Pogonat (règne de 668-685) a été trouvé à Colombier.

  • Au droit, la titulature est toujours celle de l’Empire, mais la gravure du texte est maladroite. Pogonat signifiant le barbu, l’empereur porte une barbe courte, le casque surmonté du diadème orné d’une aigrette, la cuirasse, la lance et le bouclier orné d’un cavalier. Le Vatican reprendra les ornements de la cour byzantine, la tiare papale est inspirée du casque du Basileus.
  • Au revers depuis l’adoption du christianisme par Constantin, la Croix, qui restera sur la monnaie jusqu’aux temps modernes.

Les rois  »barbares » Wisigoths, Mérovingiens, Burgondes, comme l’or est rare se contentent de frapper des tiers de sou, les  »triens », petites pièces de gravure très maladroite qui ressemblent aux effigies byzantines. Deux ont été trouvés dans les murs de fondation du château de Colombier.

Charlemagne (couronné en 800) qui a la nostalgie de l’ordre romain essaie de le rétablir. Il remet aussi de l’ordre dans la monnaie et instaure un système de compte, livre de vingt sols, sol de 12 deniers. On comptera ainsi jusqu’à la Révolution française.

La livre n’a jamais été frappée, c’est une valeur de compte. Par contre, le sol et le denier sont des monnaies.

Le premier franc est une monnaie d’or frappé à la valeur d’une livre de compte. (L’origine du mot viendrait de ce que le roi de France, Jean le Bon, l’a fait frapper en 1353, pour célébrer sa libération des prisons anglaises). Une seconde pièce d’un franc est frappée, en argent, sous Henri III en 1575. A partir de Louis XIII et jusqu’à la Révolution, le mot  »franc » exprime seulement une valeur de compte.

Au cours du temps, une monnaie qui porte le même nom peut exprimer une valeur bien différente. Ainsi le denier romain, dont Judas reçu trente pour sa trahison est une somme importante (peut-être la valeur d’un champ). Comme il n’est plus, au Moyen Age qu’une infime monnaie, la trahison de Judas pour si peu indignait les gens.

La première monnaie qui porte le nom de Neuchâtel est un de ces deniers, pièce en argent de faible titre, d’un centimètre de diamètre, du type dit  »denier au Temple carolingien » (au droit un temple à trois colonnes et une croix au revers). Frappé par le comte Louis de Neuchâtel (+ en 1373), seule la légende  »Ludovicus Novicastri » la distingue de celle des évêques de Lausanne. Les monnaies au Temple carolingien sont frappées depuis cet empereur et dans de nombreux pays. Elles sont le  »cauchemar » du numismate qui cherche à les identifier et dater.

La comtesse Isabelle, fille du comte Louis, fait frapper des pièces qui sont appelés  »Angister » dans les comptes de son trésorier. D’influence germanique, Neuchâtel est l’endroit le plus occidental où on trouve ces monnaies; elles ont la valeur d’un denier et  représentent le contre-sceau du comte Louis. Les numismates les appellent  »bractéates », de bractée, feuille, à cause de leur minceur.

Après la comtesse Isabelle et jusqu’à la fin du XVème siècle on ne bat pas monnaie à Neuchâtel. On utilise les monnaies des pays voisins.

Les princes se font connaître de leurs sujets par les médailles. Nous avons un portrait de Léonor d’Orléans, comte de Neuchâtel, sur une médaille en plomb faite à Paris, celui de la dernière comtesse de Valangin, Isabelle de Challant en 1557 sur une médaille du graveur italien Pietro Paolo Romano.

Vers 1585 Marie de Bourbon, veuve de Léonor d’Orléans, régente de Neuchâtel pour son fils Henri Ier puis pour son petit-fils Henri II remet de l’ordre dans les finances du comté. Elle rouvre l’atelier monétaire qui frappe de petites monnaies, creuzers et demi-creuzers.

Henri II fait frapper en 1631 quelques écus et  »testons » (de  »tête ») pièce d’argent épaisse à peu près de la grandeur de notre franc, valant un demi-écu, environ 20 batz, de même valeur que ceux de France. L’Europe frappe alors des monnaies d’argent plus épaisses grâce l’arrivée de l’argent d’Amérique.

Les coins conservés au Musée d’Art & d’Histoire qui ont servi à la frappe du teston et de l’écu d’Henri II sont cylindriques:

Contrairement à la frappe habituelle où le marteau descend verticalement frapper le flan sur la pile, une feuille de métal passe entre deux rouleaux où l’empreinte est gravée en creux. Les monnaies sont ensuite découpées. Sur le teston montré, on voit le début de  l’empreinte de la pièce suivante, maladresse de la découpe. Sous Henri II, l’atelier de Neuchâtel frappe aussi des batz et des creuzers.

Henri II reçoit le titre de prince en remerciements de ses bons offices lors des négociations pour la paix (paix de Munster ou traité de Westphalie) qui termine la guerre de Trente Ans en 1648. Apanage d’un prince, le comté de Neuchâtel devient la Principauté de Neuchâtel.

Le long règne d’Henri II s’achève en 1663. Sa seconde femme, Anne-Geneviève de Bourbon-Condé, est régente pour leurs deux fils, (l’aîné est mort jeune, tué dans une escarmouche sur le Rhin, l’autre est débile, on l’a fait abbé). On a, au nom d’Anne-Geneviève, quelques vilains petits demi-creuzers (½ cm) avec au revers la croix qui donne son nom à ces monnaies, croix des monnaies de Constantin, de Charlemagne et du comte Louis.

Anne-Geneviève meurt en 1679, laissant le champ libre à sa belle-fille, Marie de Nemours, qui lui avait disputé la régence cause de troubles à Neuchâtel.

Marie de Nemours fait frapper des pistoles en or et des pièces d’argent de vingt et seize creuzers. Son portrait  »à la Fanchon » de l’époque de Louis XIV sur les vingt creuzers, pas plus que celui en cheveux sur certaines pistoles n’est flatteur. Malgré leur peu de grâce, ces monnaies atteignent aujourd’hui des prix très élevés vu leur rareté.

Dernière des Longueville, Marie de Nemours meurt en 1707. S’ouvre alors devant le Tribunal des Trois Etats de Neuchâtel le fameux procès pour la succession de Neuchâtel où dix huit prétendants feront valoir leurs droits appuyés sur la généalogie.

Grâce à un hommage prêté jadis à la maison de Châlon par le comte de Neuchâtel, dont il descend par les princes d’Orange, à sa religion réformée, à la volonté de Berne…. peut-être aux épices distribuées aux membres du Tribunal des Trois-Etats, Frédéric I roi de Prusse est choisi.

Pour inaugurer son règne il envoie de Berlin les coins pour frapper en 1713 Thalers (écus de 40 batz) et demi-thalers (demi-écu de 20 batz) d’argent.

Frédéric-Guillaume Ier, bien qu’il soit réputé pour n’avoir d’intérêt que pour son armée, ordonne aussi la frappe d’un thaler en 1714. Le buste du prince au droit, les armes de Prusse, écartelées de Neuchâtel au revers.

L’écu et le demi écu ne sont pas communs. La pièce la plus fréquente est le Batz (celui-ci daté de 1800) qui peut, sous toutes réserves, être comparé à la pièce d’un franc d’avant-guerre. Il faut quatre creuzers pour un batz. On paie le pot (1,80 litre) de vin, une bonne année, deux ou trois creuzers.

Selon une chanson, évidemment du parti royaliste, qui parle du bon roi et de la reine Louise et puis des magistrats….et de l’église…. il paraît qu’on était bien lorsqu’on était prussien…. 

Les membres de l’oligarchie gouvernante recevaient en récompense de leur fidélité l’Ordre de l’Aigle Rouge de premier ou second degré suivant l’importance de leurs services. Les bourgeoisies prêtaient serment de fidélité et le roi promettait de respecter nos libertés dans des cérémonies solennelles dont les gravures nous ont transmis les fastes.

A l’occasion des Serments Réciproques prêtés à Valangin en 1786, les bourgeois de Valangin Jean-Jacques Quinche, David Girard, Pierre Frédrich Maire, Jean-Jacques Chalande, les sieurs Jacob Quinche, Jean-François Gretillat, Abram Perret Frédrich Vauthiers, recoivent de Frédéric Guillaume II une médaille en or à son effigie. Ils font faire, pour la conserver une  »boète » (sic) en vermeille et graver leurs noms sur le pourtour avec le texte:  »Monument Précieux de / Justice & d’Amour Paternel de S.M.té Fch GUILLAUME.II. »

Malheureusement les plus beaux jours ont une fin… Voici que la Révolution française gronde au delà du Trou de Bourgogne, suivie du règne de l’Ogre Napoléonien…..

La Suisse est envahie. Neuchâtel, grâce à son statut de principauté prussienne échappe aux horreurs que subissent les petits cantons… Cependant le roi de Prusse est vaincu par Napoléon et en 1806, le maréchal Oudinot pénètre sur le territoire neuchâtelois par La Chaux-de-Fonds. Les magistrats n’apprendront qu’après que leur  »bon roi » les a cédés à l’Empereur pour conserver le Hanovre.

Napoléon donne Neuchâtel au vainqueur de Wagram, le maréchal Alexandre Berthier, qui acquiert ainsi le titre de Prince de Neuchâtel.

Il fera frapper des batz et des creuzers aux armes qu’il s’est fait faire et que l’on peut admirer Place Pury au balcon de la Chambre d’Assurance, sa fondation. 

L’horlogerie qui s’est développée dans les montagnes a suscité bien des vocations de graveurs. Le règne de Berthier leur ouvre Paris. Jean-Pierre Droz, invente, pour son balancier à la Monnaie de Paris, la virole brisée qui rend régulière la tranche de la monnaie. Il y est nommé conservateur des coins et médailles. Berthier lui commande une pièce de deux francs sur le modèle de celle de France et un écu de 5 francs qui n’aura pas le temps de circuler, 1815 nous ayant rendu à notre  »bon » roi de Prusse.

Henri-François Brandt qui étudie à Paris est Premier prix de Rome de gravure en 1813, mais le retour de Neuchâtel au roi de Prusse lui ferme une carrière en France. Il devient premier maître de la Monnaie à Berlin.

Bien qu’entré dans la Confédération en 1815, Neuchâtel est restée Principauté prussienne. C’est au nom de Frédéric-Guillaume III que les dernières monnaies de Neuchâtel, des creuzers, sont frappés en 1817 et 1818.

Les cantons avaient chacun leur monnaie, leurs poids et mesures. En 1850, la Confédération après avoir hésité avec le mark, se décide pour le franc. Les monnaies cantonales sont retirées de la circulation. Après bien des marchandages, le batz de Neuchâtel est repris par la Monnaie Fédérale pour 13 centimes.

Je suis heureuse de vous présenter pour terminer la dernière descendante encore en vie de ma généalogie, la  »Vreneli » de la pièce de vingt franc en or. Cette  »Maïteli’ du Hasli, devant nos Alpes, entourée d’édelweiss, est la vision de notre  »Patrie suisse » du graveur neuchâtelois Fritz Landry.

Notes

  1. Ashantis: Royaume africain, devenu la Cote d’Or, actuellement le Ghana