VI. Peter Gertsch, fils de Cuni, de la branche An der Ledi; communier et paroissien de Lauterbrunnen. Né vers 1741-1742.
Les additifs des registres de l’impôt foncier nous donnent quelques indications à son sujet. Dans le fief de Rohrflüh, il possédait un alpage pour y mettre estiver un vache au lieu-dit  » Weidrecht  » (communal). Pour ce droit il versera 2 livres or et dix shillings moins 2 pfennig.
Dans le fief d’Ober Müli il y a un autre demi-alpage pour lequel il devra un schilling et cinq pfennig de cens. Cela paraît peu important, mais à titre de compagnon paysan de montagne et de bourgeois, il pouvait faner et récolter foin et regain sur les alpages  communaux pour ses chèvres, moutons et pour sa vache. Peter, homme distingué et honorable, lettré, faisait, en 1770, partie du tribunal inférieur comme son père et son grand-père auparavant. Ce n’était pas un pauvre bougre. Ce modeste train de paysan servait donc uniquement aux besoins de sa famille. Il leur fournissait lait, crème, beurre, fromage et viande. En 1766, il a un mazot à foin à Grütschalp et des terres à Grützzüggern en 1773, pour lesquelles il versera au bailli d Interlaken 13 thaler or et 6 Batz et 4 deniers de cens.

Le 6 février 1766, Peter épouse, à Lauterbrunnen, Elsabeth Lauener fille de Stephan der Jung qui est lui-même fils de Stephen; Stephan der Jung est huissier et bailli des écoles (Schulvogt) de et à Lauterbrunnen. Sa mère est Elsbeth Graf, de Wengen. Elisabeth avait été baptisée le 27 octobre 1740; elle mourra en 1798. Elle a donné à Peter trois enfants tous baptisés à Lauterbrunnen, ils sont:

• Elsbeth, baptisée le 23 mars 1773, meurt célibataire en 1816.
• Barbara, baptisée le 20 juillet 1775.
• Christian, ligne directe, baptisé le 11 octobre 1777.

A propos du dit Peter Gertch né en 1741 ou 1742, après des recherches approfondies et des comparaisons avec d autres Peter nés à la même époque, l’auteur certifie qu’il est le frère de Cunrad et de Hans, les fils de Cuni, signalés dans le document, le pasteur ayant omis d’inscrire la date de son baptême dans les registres paroissiaux de Lauterbrunnen, sa filiation échappe aux chercheurs.

VII. Christen Gertsch fils de Peter, né le 11 octobre 1777 An der Ledi. Paysan, charpentier, il courtise Anne Graf, de Wengen. A la veille de leurs fiançailles, il part en Suisse romande pour y pratiquer son métier, priant son père de faire les démarches nécessaires auprès du pasteur pour qu’il publie leurs bans de mariage; cela est fait du haut de la chaire lors des cultes des 12, 19 et 26 avril 1807. Dans plusieurs lettres écrites à sa promise depuis le pays romand où il s’est installé il lui parle de leur prochain mariage car Anne est enceinte; mais leur amour se refroidit et, leur enfant né, la cour de justice doit prendre l’affaire en main.
Un écrit relevé dans le manuel de justice révèle ce qui suit:

Lauterbrunen, le 23 août 1807
« Nous prenons la liberté d’aviser vos Honneurs de ce qui suit :
Christen Gertsch de Lauterbrunnen, séjourne actuellement à  » Blaset  » près de Loberswyl sans la région de Neuenburg, il a, sur notre demande, reconnu être le père de l’enfant qui fut présenté au Saint Baptême le 30 de juillet de cette année. Son fils portera le prénom de Christian. Le bruit court dans la vallée que le père de cet enfant a d’autres vues et épouserait une autre personne… « 
C’est pourquoi, le 5 octobre 1807 les juges, la jurisprudence de la cour de justice se sont réunis à Berne et ont pris les décisions suivantes :
1. Christen Gertsch dit franchement qu’il ne se chargera pas de son fils.
2. Anna Graf, mère de l’enfant renonce au mariage.
3. L’enfant demeurera avec sa mère jusqu’à l’âge de deux ans.
4. Le père lui allouera une pension annuelle de 20 couronnes.
5. Après un délai de 2 ans, le père sera libéré de toute contrainte et la mère pourra placer son fils comme  » enfant de commune « .
6. Le père s’engage à payer les frais de tribunaux soit 10 couronnes.
7. L’enfant étant considéré comme illégitime portera le nom de Knäblin et sera communier de Lauterbrunnen.
Que Dieu soit avec eux.

Le président de la Cour et juge des familles
Fellenberg.

Christian Knäblin, plus tard, rejoindra son père à La Brévine, village où il se maria pour y rester toute sa vie.
Le dit Christen Gertsch, fils de Peter, se fait appeler Christian lorsqu’il vit en Suisse romande.
Donc, Christian, s’installe comme charpentier dans la principauté de Neuchâtel et Valangin; il est métayer dans une ferme bâtie au XVIème siècle sise aux Cottards-dessous.

Vers les années 1980, bien que rénovée, cette maison conserve encore son aspect ancien intérieurement et extérieurement. La date de 1674 gravée sur une pierre de la chaîne d’angle nous renvoie 300 ans en arrière, de même que le merveilleux plafond voûté de la belle chambre ou poêle tout en bois sculpté.

Le 15 décembre 1810, à La Brévine, Christian épouse Barbara Zahnd fille de Johann, originaire de Schwarzenburg, et de Barbara née Kissling originaire d’Erlach. Barbara Zahnd a une soeur prénommée Liselotte. Le père de Barbara possède un domaine à Wahlern et c’est là qu’elle est née le 10 décembre 1780. Elle mourra le 3 juin 1841 rière La Brévine. Les 7 enfants de Barbara et de Christian sont baptisés au temple de La Brévine:

• Christian II, né le 10 janvier 1812, baptisé le 25 de ce mois.
• Marguerite,née le 12 mars 1813, baptisée le 9 du mois suivant; le 12 juin 1841, au Locle, elle épousera Johannes Zwahlen bourgeois de Guggisberg au canton de Berne et fils de Christian, et d’Anna née Hostettler; ils vivent à La Brévine.
• Jean, dit Johannes, né le 6 décembre 1814 et baptisé le 6 janvier 1815. Vers 1870 il est métayer à La Chenailletaz sur Couvet. Jean est le bisaïeul de Pierre-Arnold Borel.
• Barbara, née le 19 décembre 1817, baptisée le 11 janvier de l’année 1818. Epouse de Christian Schenk fils de Karl Johann Philipp Schenk.
• Henri né le 28 octobre 1821, baptisé le 23 novembre suivant. Il mourra des suites d’une plaie infectée le 6 mars 1849; il est enterré à La Brévine. 
• Marie, née le 20 octobre 1822, baptisée le 24 novembre suivant. En 1856, elle se marie avec Henri-Léo Dumont, de La Brévine et du Locle, agriculteur, fils de Pompée, bourgeois de Valangin.
• Elisabeth dite Lisette née le 14 septembre 1824; le 22 octobre 1842 elle se marie avec Frédéric Auguste Perrenoud fils de Jonas Frédéric; Frédéric Auguste est né le 16 mars 1824, paysan-horloger aux Cottards, communier de La Sagne, des Ponts-de-Martel et de La Brévine et bourgeois incorporé de Valangin.

Le père de ces sept enfants, Christian I Gertsch est mort le 12 juillet 1840 d’une phtisie pulmonaire; il est enterré vers le 14 juillet au cimetière de La Brévine.

En 1775 le domaine de La Chenailletaz appartient à Abram Borel-Petitjaquet, ancien d’église à Couvet. Par succession, le domaine passe à Salomé, fille d’Abram, qui épousera le pendulier de Côte-Bertin nommé Abram Borel-Jaquet.
En 1836, le propriétaire de La Chenailletaz sera Frédéric-Agénor Berthoud, de Couvet. Puis, en 1869, son fils Constant-Auguste, né à La Chenailletaz le 20 décembre 1836, reprend le domaine, secondé par sa femme Marie Pauline Perrenoud, fille de Frédéric-Auguste, laboureur Aux Bancs et de Lisette née Gertschi. Elle est dentelière au lieu dit Aux Bancs rière La Brévine.
Constant-Auguste Berthoud exploite le domaine de montagne de la Chenailletaz avec son frère Jämes.