Définitions

Francs-habergeants

Définition donnée par Germain Hausmann

Le canton de Neuchâtel est divisé géographiquement en trois entités :

  1. le Bas du canton, au bord du lac (400-500 m. d’altitude), au climat chaud et doux dont la culture traditionnelle est la vigne. La population y est ancienne, dès le Néolithique
  2. les deux vallées (Val-de-Travers et Val-de-Ruz, 500-800 m. d’altitude), lieu de passage à travers la chaîne jurassienne pour la première, zone agricole consacrée à la céréaliculture pour la seconde, où les premiers habitants se sont installés à la fin du Deuxième Âge du fer.
  3. les Montagnes (vers 1000 m. d’altitude), sans doute lieu d’estivage pour le bétail depuis très longtemps, mais qui étaient pratiquement libres d’habitants en hiver vers 1200.

Au Moyen-Âge, de nouvelles techniques dans l’élevage du bétail permirent à une population de s’établir toute l’année aux Montagnes, on ne sait quand, mais sans doute après l’an mil. Toutes les localités de cette région portent des noms précédés d’un article (Le Locle, La Sagne, La Chaux-de-Fonds, Les Brenets, Les Planchettes, La Chaux-du-Milieu, La Brévine, La Chaux-du-Milieu), ce qui, en toponymie française, est la marque d’une création datant du deuxième millénaire.

Pour attirer de nouveaux habitants, et les inciter à s’établir dans les Montagnes, Jean II d’Aarberg accorde des avantages à ceux qui voulaient bien aller défricher ces terres inhospitalières,. En ancien français, on appelait « habergement » le don de forêts à des privés pour qu’ils les défrichent et s’y installent à demeure. Les nouveaux colons furent nommés « habergeants » puis « Francs-habergeants ». Ce n’étaient plus des serfs, ils n’étaient plus sujets à la main-morte, ils payaient des taxes légères et pouvaient déménager librement. Voilà ce qui explique le terme de « francs » qu’on leur appliquait. La première mention du terme date de 1332.

La condition de « franc-abergeant » était la condition de base de tout habitant des Montagnes neuchâteloise. Au début, elle était très favorable et attira de nombreux nouveaux colons. Par la suite, la plupart des familles réussirent à atteindre une condition encore plus favorable (en terme d’impôts et de liberté), celle de « bourgeois de Valangin ». En 1700, les rares francs-abergeants qui restaient étaient considérés dans leur région comme des citoyens de seconde zone. Si mes souvenirs sont bons, ils furent tous intégrés vers 1715-25 dans la bourgeoisie de Valangin, pour éviter que les gens d’un même village appartiennent à deux classes, l’une plus favorisée, l’autre moins.