Bulletin 11 / Juillet 1998

Oscar Huguenin à la Sagne

Oscar Huguenin à la Sagne (1842-1860)

par Jean-Gustave Béguin, ancien président de commune

Tous les biographes et spécialistes de notre illustre concitoyen s’accordent à reconnaître qu’ils ne savent pas dans quelle maison il est né, où il a habité. Quelques recherches aux archives communales nous permettent d’y voir plus clair, à défaut d’être complètement renseignés.

Son père Alfred Huguenin, fils de Charles-Henri, est né à La Chaux-de-Fonds en 1818. Le 13 avril 1839, il obtient en tant que non-communier, la Tolérance et le droit d’habitation à La Sagne ; il est domicilié « Sur le Crêt ». Il exerce le métier de poseur d’échappements. Au mois d’août de la même année, il se marie en prenant Henriette Martin, de Peseux, pour épouse. Quatre enfants voient le jour dans la maison qui portait alors le numéro 69 dans le recensement communal de 1854 : Jules-Alfred (1840), Laure-Henriette (1841), Oscar (18 décembre 1842) et Auguste (1844).

Vivaient également dans ce pâté de maisons, à cette même date, les familles d’Ernest Droz, Alfred Jacot, Constant Perret, Isaline Perret, Jacques Bugnoz. La famille Matile en était propriétaire et Ulysse Matile avec sa femme Rosine et son beau-frère Contant Tissot élevaient leurs cinq enfants qui furent peut-être les compagnons de jeu du petit Oscar Huguenin.

Nous savons que ladite famille Matile, à part l’horlogerie, tenait une boulangerie qui se trouverait aujourd’hui au rez-de-chaussée de la petite maison de Crêt 71. Il y a de fortes présomptions que les Huguenin y aient vécu au deuxième étage jusqu’en 1855. Ils déménagèrent alors dans le quartier de Miéville (actuellement Miéville 110), dans une maison locative de six appartements spacieux pour l’époque, que le justicier Félix-Henri Vuille-Bille, né en 1783, commerçant, avait fait construire à côté de sa ferme en 1846.

Il est aussi probable que les idées « politiques » aient influencé Alfred Huguenin, fervent royaliste, dans le choix de son nouveau logement. Entre parenthèses, l’épouse du capitaine Paul Fabry n’était autre qu’Eugénie Vuille-Bille, fille de Félix-Henri sus-nommé.

Oscar Huguenin a vécu cinq années de son adolescence à Miéville 110, pour s’en aller à Bôle en 1860. C’est en 1866 qu’Alfred Huguenin, en compagnie de son épouse Henriette et de ses enfants Jules-Alfred et Laure-Henriette, marquent leur présence pour une dernière fois au recensement du début de l’année. C’est, dès lors, le déplacement de toute la famille à Bôle où réside Oscar Huguenin, instituteur. Selon les archives de l’époque, l’horlogerie était déjà victime d’une très grave crise économique.

Commentaires

 

De « Sur le Crêt » à Miéville, Oscar Huguenin a été marqué par ces quartiers et ses dessins prouvent bien qu’il a été inspiré par les vues quotidiennes du Coin, des Coeudres, de Marmoud, des Quignets, de la Roche-aux-Crocs, de Sagne-Eglise où il se rendait souvent chez le Pasteur Bonhôte d’abord, Humbert-Prince ensuite. Il a aussi campé ses personnages dans les alentours d’où il vivait (Château des Amours, Charles-Aimé Gentil – Sur le Crêt, l’apprenti-tailleur, etc.).

Concernant la participation à l’insurrection royaliste de septembre 1856 du père d’Oscar, elle s’était terminée par une fuite à Morteau où il se réfugia pendant plusieurs mois; le recensement de 1857 l’annonçait simplement « absent temporairement » !

Sources d'information

  • Archives communales – Délibérations du Conseil administratif – Etat civil – Registre des baptêmes.
  • Recensement annuel de la population dès 1852, par quartiers et maisons.
  • Divers actes des familles Matile et Vuille-Bille.

Miéville 114, décembre 1992