Bulletin 14 / Eté 2000

Exposition René Richard

Exposition des oeuvres du peintre René Richard en Suisse

Emmanuel-René JEANRICHARD-dit-Bressel

par Madame Cécile Eynault, Saint-Hubert, Québec
Membre de la Société généalogique canadienne-française

Exposition à La Chaux-de-Fonds en 1992

« René Richard, de retour en Suisse. » C’était le 3 octobre 1992, l’ouverture de l’exposition, à La Chaux-de-Fonds, ville même où Emmanuel René Jeanricharddit Bressel est né il y aura cent ans en 1995.

Exposition d’envergure en effet avec ses 70 tableaux répartis dans trois salles au Musée des Beaux-Arts, selon les thèmes de trappeur du Grand Nord et de Charlevoix. Deux autres petites salles regroupaient les dessins à l’encre et les dessins-couleurs, œuvres qui ont fait dire, à l’inauguration, au conservateur du Musée, Edmond Charrière, qui, au-delà de l’intérêt esthétique, ses croquis, ses dessins et ses peintures, constituent aujourd’hui un témoignage unique sur la vie du Grand Nord et leur valeur ethnographique est irremplaçable.

Sa vie au Canada

C’est à Baie Saint Paul en Charlevoix que s’établit René Richard qui allait devenir célèbre. Chez nous on l’appelait le « Grand Suisse » et on disait même que Baie Saint Paul était la Suisse du Québec. Ce qualificatif flatteur nous est d’ailleurs resté. Aussi René Richard est devenu, au fil du temps, un des artistes canadiens les plus cotés de sa génération, le peintre qui a le mieux exprimé la misère primitive et la froidure de notre pays. De sa vie de trappeur avec les Amérindiens et de peintre, il nous a légué une lumineuse interprétation d’un pays dont il a su capter l’espace.

C’est donc à Baie Saint Paul, en 1940, qu’il trouve le calme et la paix et qu’il devient le premier écologiste de notre coin de terre, au coeur de son jardin et de nos forêts. Le domaine Cimon, qu’il habitait, classé monument historique par notre Commission en 1978, était devenu avec le temps un foyer d’artistes et d’écrivains. A l’instar de la plupart d’entre eux, sa célébrité comme homme et comme peintre lui a valu d’être décoré de l’Ordre du Canada en 1973 et d’être admis à l’Académie royale canadienne en 1980, des honneurs convoités par les plus grands des nôtres.

Monsieur Richard n’a pas eu d’enfant et c’est pour cela que ses proches amis lui ont conseillé de créer une fondation universitaire qui porterait son nom et qui veillerait à perpétuer sa mémoire. C’est la Fondation René Richard.

Cyril Simard pour la Fondation René Richard remet aux archives du Musée des Beaux-Arts de La Chaux-de-Fonds l’ensemble des documents, volumes et catalogues d’exposition qui ont marqué la vie de René Richard. A ceux-ci sont ajoutés une copie du manuscrit original de ses mémoires et ce livre intitulé « Ma vie passée » dont Monsieur Simard remet trois exemplaires de luxe.

Voici également le tome du volume « Les chemins de la mémoire » dans lequel est consignée une partie des monuments historiques classés de l’Etat du Québec dont: le domaine Cimon, la maison du peintre René Richard devenue un centre d’interprétation de sa vie et de son oeuvre. Enfin, la Fondation est heureuse d’offrir au Musée de La Chaux-de-Fonds, une oeuvre originale de René Richard: un dessin miniature qu’il a réalisé ici en 1928 lors de son dernier séjour en Suisse. Il représente une petite chèvre de montagne qu’il affectionnait particulièrement. C’est un tout petit dessin, sans doute, mais il l’a conservé précieusement jusqu’à sa mort et, de ce fait, il constitue un témoignage d’autant plus émouvant.

En terminant, j’exprime le voeu que ce musée présente en permanence les oeuvres de René Richard à côté de vos illustres Le Corbusier et Biaise Cendrars. Ce serait sans doute rendre hommage à ce grand Suisse parmi les grands, qui nous honore tous, objet de notre fierté partagée: René Richard peintre.

Extrait de la Revue Charlevoix, éditée par la Société d’Histoire de Charlevoix, No. 16, juin 1993. Numéro consacré uniquement à ce peintre; 36 pages illustrées.

Complément de Monsieur Georges Fallet

Emmanuel-René JEANRICHARD-dit-Bressel est né le 01.12.1895 et mort en 1982. Cf Annuaire SSEG 1999, pp. 65 à 77.

Contrairement à toute attente, il a été brusquement possible de découvrir transcription de l’acte de naissance du grand-père maternel de l’exposant: soit Jules SANDOZ (ou SANDOZ-THENERET) (*F-25000 Besançon/Doubs, ve. 30.12.1831) – mais à défaut d’être inscrit au Locle, d’où sa mère était issue, il fut transcrit à La Chaux-de-Fonds, et ce en 1855, soit peu avant son mariage – alors qu’il était encore déclaré « citoyen neuchâtelois sans Commune », particularité réservée aux enfants naturels – avec Eugénie FALLET.

L’ennui est – quoique ce puisse être un avantage comme sujet pour un peintre de talent – que notre personnage s’est payé le luxe, bien qu’au départ à son insu, d’avoir deux mères, aux prénoms, âge et lieux de naissance différents, selon les actes officiels!

Encore ai-je eu la chance de tomber sur un acte tardif de 1855, relatant tant la naissance à fin 1831 de cet enfant, que sa reconnaissance en 1840 par sa mère -désormais connue sous son prénom et lieu de naissance véridique. Ce qui m’a aidé à imaginer l’hypothèse la plus plausible à ces déclarations contradictoires, et surtout sur celle, assez inattendue où une mère reconnaît tardivement un enfant pour le sien propre…

Vraisemblablement, peu avant d’accoucher d’un enfant naturel, cette jeune mère a tenté de brouiller les pistes et de sauvegarder un brin de dignité, en donnant d’abord à la sage-femme s’occupant d’elle un prénom anodin, ainsi qu’une année de naissance, de toute façon erronée, et de toute façon assez difficile à contrôler dans de brefs délais, puisque se situant dans la même grande cité, et que les derniers termes de sa propre déclaration sont assez vagues, puisqu’ils indiquent que ses propres parents seraient eux-mêmes déjà décédés en Suisse. En admettant que ces derniers propos fussent véridiques, de moins laissent-ils encore planer un certain flou artistique.

Mais, puisque tout généalogiste a besoin d’éléments concrets, laissons parler les actes, ce qui nous amène obligatoirement à différencier les deux mères et grands-parents maternels en A et B:

6. Jules Auguste SANDOZ (* Besançon/Doubs, rue Saint-Paul no 5, 3e section, ve. 30.12.1831 à une heure du soir, selon déclaration [no. 972] du Maire de Besançon, faisant les fonctions d’Officier public de l’Etat-civil, par Marie Joséphine BATTINER, accoucheuse en cette ville, et en présence de M. Jean Claude MAIRET (58 ans), propriétaire à Besançon; et de Jean Baptiste SENECAL (34 ans), imprimeur à Besançon.

13.A. Julie SANDOZ (24 ans), native de Besançon, où journalière, domiciliée à Besançon, rue Saint-Paul no 5, 3e section.

13.B. Augustine SANDOZ (sans âge défini, mais née à Genève selon acte de reconnaissance de son enfant Jules Auguste, à Besançon le 27.3.1840 devant Me FAVARGER, notaire public juré). [En fait, selon ses propres déclarations d’alors, il doit s’agir d’Augustine S. (* Genève sa. 07.08.1802, b Le Locle je. 12.04.1804, soit onze jours après Pâques), fille de Charles Louis SANDOZ, du Locle, et de Marie Sophie Elisabeth Philippine LECLERC.

26.A. Louis SANDOZ (décédé en Suisse) journalier. 27.A. Elisabeth LECLERC (décédée en Suisse).

26.B. Charles-Louis SANDOZ-OTHERERET [seul de cette lignée] (* di. 07.09.1766, b Le Locle 12.09.1766, soit en même temps que son frère jumeau Charles-Frédéric SANDOZ-ORTHENERET, lequel se maria à La Chaux-du-Milieu, + au Verger le 22.02, fut inh. au Locle le 25.02.1807); elle était fille de feu Jean Pierre CALAME et de Louise MATTHEY.

27.B. Elisabeth LECLERC

Si l’acte d’alliance ne figure pas dans les registres neuchâtelois, du moins constate-t-on une partielle similitude entre les parents de la version A avec ceux de la version B, ce qui nous permet un choix plus objectif.

De plus, afin de dissiper toute controverse, est-il nécessaire de revenir à la copie de l’acte de naissance, puis à la reconnaissance marginale [vol Naissance La Chaux-de-Fonds, no 6014, du 10.12.1854 au 15.10.1855, soit en page 233 no 775], disant que « A teneur d’un jugement rendu par le Tribunal civil de La Chaux-de-Fonds le 25.08.1855; Jugement transcrit sur le registre des naissances de la Chaux-de-Fonds, Tome II fol 265, au lieu de fils naturel de Julie SANDOZ, on lira désormais fils naturel d’Augustine SANDOZ.

52.B. Daniel OTHENERET (b Le Locle di. 22.05.1740). Epouse au Locle le di. 22.09.1764:

53.B. Marie Judith JACOT des Combes (+ à 65 ans, veuve dudit, me. 30.05, inh. Le Locle 01.06.1798, d’où était originaire), fille de Moïse JACOT des Combes.

104.B. Daniel SANDOZ-OTHENERET, du Locle. Epouse au Locle le di. 17.05.1732: Henriette SISELER (? + à 82 ans, épouse, inh. Le Locle je. 25.11.1779), de Pierre-Fontaine.

Mais, s’agit-il du village de Pierrefontaine-les-Blamont, dans le Doubs, à 74 km nord-est de Besançon, 19 km au sud de Montbéliard et de 12 km au sud de Hérimoncourt; d’une superficie de 896 hectares, avec une population de 220 habitants en 1731, et de 190 habitants en 1982, mais où ne serait citée aucune famille SISELER au XVIIIe siècle, à l’exception d’une famille CISEY, qui y serait apparue en 1655 déjà.

Ou bien de Pierrefontaine-les-Varans, chef-lieu de canton à 47 km est de Besançon, arrondissement de Montbéliard, comptant une superficie de 2’853 hectares, dont 651 en forêts, et une population de 34 feux en 1735, et de 1’538 habitants en 1982, mais où aucune famille SISELER n’y est citée au XVIIIe siècle…