Bulletin 19 / Automne 2002

Pierre-Louis Guinand

Branche de Pierre-Louis Guinand (1748-1824)

Le célèbre opticien, communier des Brenets et des Ponts-de-Martel, bourgeois de Valangin

par Pierre-Arnold Borel

Présentation de Pierre-Louis Guinand

Pierre-Louis Guinand
Pierre-Louis Guinand dit l’Opticien (lithographie de Donon)

Pierre-Louis Guinand, fils de Pierre, né à La Corbatière, hameau de son enfance; baptisé au môti du Loucle (moûtier du Locle) le 28 avril 1748. Il reçoit à peine les premiers éléments de l’instruction la plus élémentaire car il doit aider son père à la menuiserie familiale dès son plus jeune âge. Mais Pierre Louis est déjà ébéniste à Tâge de 14 ans. Il fabrique des cabinets de pendules; avec un ferrier habitant le voisinage Pierre-Louis apprend à fabriquer des boucles de souliers. Il apprend aussi à fondre et à travailler divers métaux, et à l’âge de 20 ans il s’essaye à usiner des boettes de montres et y réussit, le voilà bouètier. Restant le cabinotier préféré des célèbres penduliers Jaquet-Droz, il se rend souvent à La Chaux-de-Fonds, « Sur le Pont » pour livrer ses cabinets de pendules, il a alors l’occasion d’y voir un très beau télescope anglais à miroir qui excite sa curiosité. Guinand manifeste son intérêt et dit son désir de pouvoir démonter ce télescope et de l’examiner; Pierre Jaquet-Droz accède à sa demande et lui met même entre les mains un premier traité d’optique; sachant à peine lire et ne parlant que le patois neuchâtelois, Pierre Louis déchiffre laborieusement l’ouvrage qui lui ouvre des horizons. Connaissant peu les mathématiques mais ayant déjà monté pour lui-même des verres sur ses propres lunettes, Guinand cherche à se procurer du verre de qualité et arrive à copier exactement ce télescope. Par la suite, entre 1784 et 1790, il acquiert des notions de chimie utiles à ses essais de vitrification; il emploie une partie de ses soirées à des essais variés, en fondant chaque fois, dans son fourneau à vent, plusieurs kilos de verre. A chaque expérience, il a soin de noter les teneurs et les composants, les temps de fusion, le degré de chaleur puis, coordonnant les résultats successifs de ses expériences, il recherchait la cause des défectuosités, afin d’y obvier dans un essai ultérieur. Il fut fortement encouragé par les prix affectés à ces recherches, prix institués par diverses académies, spécialement par la Commission pour les Longitudes, de Londres, dont il obtint le programme en 1789. A plus de quarante ans, il quitte sa profession de monteur de boîtes de montres pour celle, plus lucrative, de faiseur de timbres pour horloges à sonnerie et à réveil. Il peut amplifier ses expériences; il achète au bord du Doubs un terrain, y construit un four pour y fondre des masses de verre.

Après bien des déboires dans la fusion de la matière vitreuse destinée à être polie et placée dans ses longues-vues, Guinand parvient à faire des disques parfaitement homogènes de 30 et de 50 cm de diamètre. Petit à petit, il contribua à augmenter, dans des limites extraordinaires pour l’époque, le pouvoir des instruments astronomiques et des lunettes marines. Guinand parvient ainsi à fondre de manière irréprochable jusqu’à 100 kilogrammes de verre à la fois. Il obtient un flint-glass si parfait qu’il surpasse en qualité et en volume celui qu’on faisait venir, à grands frais, d’Angleterre. De là date la grande renommée de notre opticien des bords du Doubs. (tiré de l’article de Paul Ditisheim « Pierre-Louis Guinand l’opticien », dans « Nouvelles Etrennes neuchâteloises » pour 1925).

Voir aussi « La Biographie neuchâteloisé » de F.-A.-M.-Jeanneret, éditée chez Eugène Courvoisier Le Locle 1863) ; Marius Fallet, « Pierre-Louis Guinand, l’opticien, et son fils, Aimé Guinand », dans « Musée neuchâtelois »‘, 1918 ; Elie Tauxe, «Le guinandage», dans « Musée neuchâtelois », 1922 ; Marc Vanden Berghe, «Pierre-Louis Guinand, opticien verrier, mécanicien de précision (1748-1824)», dans « Biographies neuchâteloises »‘, tome I, 1996 ; de plus, Madame de Charrière, écrivain habitant Le Pontet sur Colombier, dit ce qui suit dans ses « Lettres d’un Français et Réponses d’un Suisse » … lettre IV: « ..vous ignorez l’histoire de Pierre-Louis Guinand, des Brenets, que le seul désir d’avoir de bonnes lunettes l’a rendu excellent opticien … ce 17 février 1793.. 1 ..Lettre V: « … le Français au Suisse:… « quant à Guinand, j’en avois déjà entendu parler, eh! bien! appréciez-vous les uns les autres et ne vous querellez plus, songez que vous pouvez redevenir tranquilles, vous serez bientôt peut-être le seul peuple industrieux en Europe… » ce 20 mars 1793.

Le « Messager boiteux de Neuchâtel » rappelle que Pierre-Louis Guinand, communier des Brenets et des Ponts-de-Martel, fondeur de verre et opticien aux Brenets, en 1811, était devenu célèbre par la fonte de grosses lentilles pour télescopes, travail alors très difficile à exécuter. Il en fournit aux observatoires de Londres et de Paris ainsi qu’aux ministères de la Marine française et anglaise. En 1820, le prince royal de Prusse visite son atelier des Brenets. Pierre-Louis Guinand est bourgeois incorporé de Valangin; il est reçu dans le corps des bourgeois de Neuchâtel par rescrit du roi de Prusse, prince de Neuchâtel.

Descendance de Pierre-Louis Guinand

Pierre-Louis Guinand, le 8 février 1770, épouse Elisabeth Jacot, la veuve de Jean-Pierre Bourquin. Elisabeth mourra en couches le 11 janvier 1771. Leurs enfants sont :

  • Henri, né le 11 janvier 1771 à La Chaux-de-Fonds. Verrier-opticien comme son père, ouvre en 1828 une verrerie à Choisy-le-Roi près de Paris et produit des disques de flint-glass allant jusqu’à 35 cm. de diamètre, sans stries ni bulles. Il mourra en 1852.
  • Henriette, sa jumelle, née le 11 janvier. Ils sont baptisés le 19 du même mois. Seul Henri vivra.

(Quittance et séparation faite entre les enfants de feu Jean Pierre Bourquin, de La Sagne, d’une part, et Henry Guinand, leur demi-frère, d’autre part.-12 juin 1788 -J.-J. Brandt notaire, actes à temps, volume II folio 573.)

Henry, fils de Pierre-Louis, l’opticien, sera le seul enfant du premier lit à atteindre l’âge adulte, puisque même sa sœur jumelle est enterrée à La Sagne le 19 décembre 1771, soit onze mois après sa naissance. Leur mère Elizabeth, née Jacot, est morte en couches à leur naissance aux Crosettes, probablement dans la ferme Jacot au pied du Mont-Cornu.

Installés tous deux aux Brenets, Henry supporte mal la cohabitation avec son père qui lui fait des observations continuelles, aussi c’est encore très jeune que le fils quitte la principauté pour aller s’établir en Ile de France, près de Paris. Olivier, fils du second lit, soit de Marie Madeleine Jeanrichard-dit-Bressel est né le 7 novembre 1775. Il va s’installer en Bavière. Marié à une demoiselle Duplaquet, ils ont un fils unique prénommé Paul Auguste. Pierre-Louis, le père d’Olivier, leur envoie plusieurs fois quelques sommes d’argent pour les aider. Philibert, enfant d’une troisième union de Pierre Louis, avec Marianne Jannot, naît le 12 septembre 1787. Il sera juge suppléant et ancien d’Eglise aux Brenets. Après la séparation de ses parents, Philibert resta très attaché à sa mère et vécut complètement hors de sa famille paternelle. Il épousa, le 24 avril 1809, Eusébie Bersot, des Brenets, et fut père de deux fils: Ulysse, professeur de géographie à l’Académie de Lausanne, et auteur d’ouvrages historiques neuchâtelois. Son épouse est Fanny Alix Jeannot, fille de David, des Brenets. Numa, le deuxième fils.

Veuf, Pierre-Louis Guinand, le 17 septembre 1771, aux Ponts-de-Martel, épouse en secondes noces Marie Madeleine Jeanrichard-dit-Bressel fille de feu Jacob, communier de La Sagne. Marie Madeleine meurt à La Corbatière le 28 avril 1781 et est enterrée à La Sagne le 30 du mois, elle était âgée de 30 ans. Leurs enfants sont:

  • Aymé, né le 18 avril 1774, meurt enfant.
  • Amélie, née à La Corbatière le 9 juin 1778; elle épousera, le 1er octobre 1802, aux Ponts-de-Martel, Georges Louis Couleru, fils de Georges Louis, horloger à Montbéliard, et de Marguerite, née Charpiot. Georges Louis est dessinateur aquarelliste de renom établi à Fleurier; il a laissé du Val-de-Travers de nombreuses toiles de paysages; originaire de Bart et de Monbéliard, il vient aux Brenets où il fait la connaissance d’Amélie; ils s’établissent à Fleurier. 
  • Aymé, né aux Brenets le 23 février 1780, reprendra l’atelier de feu son père et ouvre une verrerie aux Combes de Chaillexon sur territoire comtois, en face des Brenets.
 

Veuf pour la deuxième fois, Pierre-Louis épouse en troisièmes noces la fille de feu Jean David Jeannot, des Brenets, et elle est veuve de Daniel Masson :Marianne Masson, née Jeannot.

Le mariage de Marianne et de Pierre-Louis est célébré le 13 du mois de mai 1783. Ils vivent ensemble un an neuf mois et sept jours! « ‘pourquoi compter ainsi les jours?… c’est une femme acariâtre, crainte des enfants des Brenets; Pierre Louis est fort malheureux aux côtés de cette mégère. Tout le village en est témoin; le 5 juin 1793, le justicier matrimonial de Valangin décrète une séparation de corps qui sera suivie du divorce en 1798 pour cause d’antipathie insurmontable régnant entre eux. (tiré d’un extrait de lettre d’Auguste Jeanneret, notaire aux Brenets, à Madame Esther Courvoisier-Guinand, datée du 3 septembre 1907.) Pendant 5 ans Pierre Louis ne peut se remarier.

Mais le 14 mai 1806, il se marie pour la quatrième fois; sa femme Rosalie Bouverat est née en 1783; ils n’eurent pas d’enfant, elle devint veuve de Pierre-Louis lorsqu’elle n’avait elle-même que 31 ans et elle meurt en 1855 à Villers-le-Lac.

Ascendance de Pierre-Louis Guinand

II. Pierre Guinand I (1712-1784)

Pierre Guinand I, fils de Pierre II, enfant né illégitime, reconnu par son père; né aux Brenets en janvier 1712, baptisé le 1er février suivant; catéchumène en 1730 aux Brenets. Pierre est légitimé par le Conseil d’Etat le 22 septembre 1724 selon les lettres de légitimation qui ne lui sont délivrées que le 22 avril 1748. Menuisier-ébéniste. Pierre Guinand demande quelle sera sa condition personnelle et celle des sujets des Ponts-de-Martel, car il songe à y habiter, demande du 19 février 1770. Il est reçu comunier du village le 2 mars 1770, il est aussi bourgeois incorporé de Valangin et épouse Marie Esabeau Roulet, dite Marianne, fille de Théodore le capitaine de milices fils de l’Ancien Guillaume, et de Madelaine, née Guynand, fille de Guillaume; née le 4 mai 1728 aux Ponts-de-Martel. Décédera en 1784, le 21 juillet. 

Leurs enfants naissent à La Corbatière: 

  • Pierre-Louis, baptisé le 24 avril 1748 au moutier du Locle; deviendra un opticien célèbre. 
  • Abram Louis, baptisé à La Sagne le 8 janvier 1752. Meurt à l’âge de 44 ans le 23 février 1796. Juge en renfort aux Brenets. Epouse I, aux Ponts-de-Martel, le 14 octobre 1776 Marie Anne Guynand, fille de Pierre, le fils de Daniel. Elle meurt aux Brenets à l’âge de 29 ans et est enterrée le 24 du mois d’avril 1783; laissant des enfants petits: Julien, Philippine, Sophie, Marianne
  • Anne Marie, aussi née à La Corbatière, baptisée au Locle (au môty ou moûtier), le 27 juillet 1755; s’y mariera de même le 20 avril 1782 avec Jean Frédéric Brandt-dit-Grieurin, fils de feu Frédéric, de La Sagne, au Locle.
  • David, né à La Sagne le 29 janvier 1758 où il mourra le 31 mai 1814. Il avait épousé, le 14 mai 1776, aux Ponts-de-Martel: Marie Eléonore Vuille fille de Daniel, de La Sagne et de Tramelan-Dessus.

Partage des biens des parents Guynand-Roulet, soit 98 écus et 14 batz, Pierre étant mort il y a 7 ou 8 ans et sa femme Esabeau est décédée en 1784.

III. Piere Guynand II (1695-)

Pierre Guynand II, est fils de Pierre le jeune. Il est né aux Brenets le 13 janvier 1695; en 1711 il fait sa Première Communion. Il est déjà père à l’âge de 17 ans. Mercenaire dans le Régiment suisse de Castella avec le grade de lieutenant. Sa femme, fille de feu Joseph Billon, Anne Marie Billon, communière des Brenets, lui donne un fils « né sur le petit lit », enfant que Pierre II a reconnu pour son fils: Pierre IV, il sera baptisé aux Brenets le 1er février 1712 en présence du sieur sautier représentant le père.

IV. Pierre le jeune Guynand

Pierre le jeune Guynand, fils de Pierre le Vieux, communier des Brenets; juge en renfort en 1706; le 5 novembre 1709, nouvelle nomination comme juge suppléant. Il est aussi hoste à l’auberge du Lion d’Or, aux Brenets; le 27 mai 1710, son père lui vend un courtil au Cernil Girard pour 401 livres faible monnaie coursable dans la principauté. En 1741, il fonctionne encore comme juré. C’est le 24 mars 1694 qu’il se marie avec Susanne Quartier-dit-Maire, communière des Brenets, village où leurs enfants seront baptisés:

  • Pierre, né en 1695, ligne directe. 
  • Ursule, née en 1696. 
  • Abraham, né en 1698. 
  • David, né en 1700.
  • Jonas, né en 1703; mort en 1775; a épousé, en 1732, Marie Magdelaine Ducommun-dit-Verron, fille d’Abraham, du Locle.
  • Moyse, né en 1706; mariage en 1731 avec Esther Ducommun-dit Vérron, fille d’Abram; veuf, Moyse épousera II, en 1741, Anne Marie Billon, fille de Pierre le justicier des Brenets.
  • Magdelaine, née en 1709
  • Daniel, né en 1710; épouse Ursule Billon, fille de David, des Brenets.

V. Pierre dit le Vieux Guynand-dit-chez-Louys

Pierre dit le Vieux Guynand-dit-chez-Louys, fils de Louys. Paysan à l’Ogémont (Laugémont) au lieu-dit « Le Cernil Girard » où il possède une maison et des terres; propriétaire du maix des Recrettes. A la date du 5 juillet 1660, il reconnaît, avec son père, ce domaine de montagne en indivis. Pierre le vieux est cité en 1706. Est dit décédé en 1718. Sa femme était Loyse Quartier, la fille de Daniel, des Brenets. Le 22 juin 1700 il y a accord de partage entre ses enfants:

  • Pierre le jeune, ligne directe.
  • Abraham
  • Moyse
  • Jeanne.

VI. Louys Guynand

Louys Guynand, fils de Jaques. Franc habergeant des Montagnes de Valangin. Le jeudy 5 juillet 1660, avec son fils, reconnaît ses biens et héritaiges aux Recrettes du Cernil Girard à Logémont rière Les Brenets. Son épouse est Jeanne Berset, fille de David, du Cernil Girard; enfants:

  • Jeanne qui se mariera avec Pierre Quartier-dit-Maire (Mayre) fils d’André.
  • Pierre, ligne directe.
  • Loyse
  • Marie, elle épouse en 1644: Abram Quartier-dit-Mayre.
 

VII. Jaques Guynand

Jaques Guynand, communier des Brenets; fils de Pierre; en 1618, Jaques obtient le droit de mettre paître son troupeau de brebis sur le communal des Brenets. il achète, le 25 avril 1590, une terre à Logémont. En 1567 il s’est marié avec Perrenon Pequignot-Jehanguynand, la fille d’Anthoyne, et de Guillauma Pierrotquartier; leurs enfants sont:

  • Claude
  • Louys, ligne directe.
  • David
  • Adam
  • Daniel
  • Jeanne
  • Elizabeth
  • Pierre

VIII. Pierre le Juesne Guynand 

Pierre le Juesne Guynand (le jeune); des Brenets; est fils d’Estienne; il est cité en l’an 1550 comme laboureur; son décès se situe vers 1554. Le traité de mariage est daté du 20 septembre 1530 lorsqu’il épouse Guillauma Petitjehan, fille de Claude, communier des Brenets.

IX. Estevenin Guynand

IX. Estevenin Guynand, fils de Besançon. Il y a reconnaissance de ses biens le 3 décembre 1510; il est juré des Brenets en 1527 et meurt avant le 1er avril 1531. Il avait épousé Vuillemette Quartier, fille de Besancenet, des Brenets; dite asgée en 1534 lorsqu’elle s’appensionne avec ses enfants:

  • Guillauma, épousera en premières noces Estevenot Jacoutot, des Costes au Vaulx, de Morteau. Puis, ensuite, Estienne Petitjehan, fils de Girard.
  • Guillaume, cité en 1550.
  • Jehan le juesne, épouse en 1567 Jehanne Péquignot-JehanGuynand, la fille d’Anthoyne.
  • Marguerite, épousera Pierre Vuillemin Taillard, de Morteau.
  • Jehan-le-Vieux , maire des Brenets; cité en 1534.
  • Marie épousera, avant février 1517, Jehantot Jacoutot.
  • Pierre le juesne, ligne directe.
  • Pierre le vieux
  • Clauda
  • Jehanna

X. Besançon Guynand

X. Besançon Guynand, né au XVe siècle, décédé avant 1519 aux Brenets. Il est père de:

  • Este venin, ligne directe.