Bulletin 23 / 2004

Exposition des œuvres du peintre René Richard en Suisse

par Madame Cécile Eynault, Saint-Hubert, Québec Membre de la Société généalogique canadienne-française

« René Richard, de retour en Suisse. » C’était le 3 octobre 1992, l’ouverture de l’exposition, à La Chaux-de-Fonds, ville même où Emmanuel René Jeanrichard dit Bressel est né en 1895.

Exposition d’envergure en effet avec ses 70 tableaux répartis dans trois salles au Musée des Beaux-Arts, selon les thèmes de trappeur du Grand Nord et de Charlevoix. Deux autres petites salles regroupaient les dessins à l’encre et les dessins-couleurs, œuvres qui ont fait dire, à l’inauguration, au conservateur du Musée, Edmond Charrière, qui, au-delà de l’intérêt esthétique, ses croquis, ses dessins et ses peintures, constituent aujourd’hui un témoignage unique sur la vie du Grand Nord et leur valeur ethnographique est  irremplaçable.

C’est à Baie Saint Paul en Charlevoix que s’établit René Richard qui allait devenir célèbre. Chez nous on l’appelait le « Grand Suisse » et on disait même que Baie Saint Paul était la Suisse du Québec. Ce qualificatif flatteur nous est d’ailleurs resté. Aussi René Richard est devenu, au fil du temps, un des artistes canadiens les plus cotés de sa génération, le peintre qui a le mieux exprimé la misère primitive et la froidure de notre pays. De sa vie de trappeur avec les Amérindiens et de peintre, il nous a légué une lumineuse interprétation d’un pays dont il a su capter l’espace.

C’est donc à Baie Saint Paul, en 1940, qu’il trouve le calme et la paix et qu’il devient le premier écologiste de notre coin de terre, au cœur de son jardin et de nos forêts. Le domaine Cimon, qu’il habitait, classé monument historique par notre Commission en 1978, était devenu avec le temps un foyer d’artistes et d’écrivains. A l’instar de la plupart d’entre eux, sa célébrité comme homme et comme peintre lui a valu d’être décoré de l’Ordre du Canada en 1973 et d’être admis à l’Académie royale canadienne en 1980, des honneurs convoités par les plus grands des nôtres.

Monsieur Richard n’a pas eu d’enfant et c’est pour cela que ses proches amis lui ont conseillé de créer une fondation universitaire qui porterait son nom et qui veillerait à perpétuer sa mémoire. C’est la Fondation René Richard. 

Cyril Simard pour la Fondation René Richard remet aux archives du Musée des Beaux-Arts de La Chaux-de-Fonds l’ensemble des documents, volumes et catalogues d’exposition qui ont marqué la vie de René Richard. A ceux-ci sont ajoutés une copie du manuscrit original de ses mémoires et ce livre intitulé « Ma vie passée » dont Monsieur Simard remet trois exemplaires de luxe.

Voici également le tome du volume « Les chemins de la mémoire » dans lequel est consignée une partie des monuments historiques classés de l’Etat du Québec dont: le domaine Cimon, la maison du peintre René Richard devenue un centre d’interprétation de sa vie et de son œuvre. Enfin, la Fondation est heureuse d’offrir au Musée de La Chaux-de-Fonds, une œuvre originale de René Richard: un dessin miniature qu’il a réalisé ici en 1928 lors de son dernier séjour en Suisse. II représente une petite chèvre de montagne qu’il affectionnait particulièrement. C’est un tout petit dessin, sans doute, mais il l’a conservé précieusement jusqu’à sa mort et, de ce fait, il constitue un témoignage d’autant plus émouvant.

En terminant, j’exprime le vœu que ce musée présente en permanence les œuvres de René Richard à côté de vos illustres Le Corbusier et Blaise Cendrars. Ce serait sans doute rendre hommage à ce grand Suisse parmi les grands, qui nous honore tous, objet de notre fierté partagée: René Richard peintre.

 

Extrait de la Revue Charlevoix, éditée par la Société d’Histoire de Charlevoix, No: 16, juin 1993. Numéro consacré uniquement à ce peintre; 36 pages illustrées.