Bulletin 25 / 2005

Tous cousins ?

par Jean-Marc von Allmen

Nous avons fait notre premier arbre généalogique à l’occasion d’une réunion de famille rassemblant une centaine de descendants de mon arrière-grand-père. L’arbre contribuait à cimenter les liens qui nous unissent. Dans une deuxième étape, nous avons cherché à créer des liens durables avec des membres de plusieurs familles émigrées aux Etats-Unis et dans le monde. La généalogie a aidé les membres de ces familles à retrouver des liens de parenté parfois perdus et des racines stables dans notre monde où tout change si vite. Le travail et les circonstances de la vie dispersent les membres d’une même famille alors que notre patrimoine, nos origines communes nous rapprochent les uns des autres.

Lorsque nous sommes contactés, la question de savoir si nous sommes cousins nous est souvent posée. Nous échangeons des informations et ne trouvons pas toujours immédiatement de lien directe. Nous sommes alors tentés de répondre par la logique:

Chacun de nous est né de deux parents, et possède quatre grands-parents. Le nombre de nos ancêtres double à chaque génération, ce qui veut dire que la dixième génération, née entre 1660 et 1730, nous apporte 1024 « arrières »- grands-parents. A ce rythme là, et si nous étions capables de suivre nos origines jusqu’à la vingtième génération (née au 15ème siècle), nous devrions suivre la trace de plus d’un million d’ancêtres… Ce nombre dépasse de loin la population actuelle du canton de Neuchâtel, alors qu’en 1453, Le Locle, par
exemple, ne comptait que 52 feux et une population d’environ 250 personnes! Tous les Neuchâtelois partagent donc forcément des origines familiales communes.

La recherche de liens de parentés peut préciser cette notion de « famille » élargie (voir Figure 1). Cosima, fille du musicien Franz Liszt et femme de Richard Wagner devient, une « petite cousine » d’origine neuchâteloise … pour moi et pour tous les autres descendants de la famille Huguenin.

Néanmoins, la relation familiale avec Cosima n’est pas encore tangible. Il est impossible de se sentir « cousin » car il manque un contact, un vécu commun. C’est alors qu’entrent en scène nos amis généalogistes. L’échange d’informations crée des liens entre nos arbres généalogiques. Nos arbres s’allient pour recréer une « forêt » neuchâteloise. Des liens étroits se créent. Nous nous écrivons, nous nous téléphonons, nous nous rencontrons occasionnellement, nous partageons nos trouvailles et nos expériences communes. Par des intérêts partagés, les généalogistes neuchâtelois reconstruisent et deviennent une seule famille.

Les racines neuchâteloises de Cosima Liszt remontent à la première base connue de la famille Huguenin.

Les ancêtres neuchâtelois de Cosima ont longtemps possédé des métiers liés à la terre (paysan, bûcheron) avant de toucher au service de la communauté (pasteur, receveur d’impôts).

Au 18ème siècle, les métiers demandent parfois de s’éloigner du canton. Le déplacement de la famille en terre étrangère est bien compréhensible lorsque les métiers deviennent lieutenant–colonel des dragons et officier du roi de France.

Finalement, les deux dernières générations possèdent des artistes dont les déplacements seront liés à la musique et à l’écriture.

Cosima Liszt est la fille du compositeur Franz Liszt et de Marie-Catherine-Sophie d’Agoult née de Flavigny.

Cosima épouse successivement Hans Guido von Bülow et dès 1870 le musicien Richard Wagner.

Cosima est la « cousine » de tous les descendants des familles Huguenin du canton de Neuchâtel!