Bulletin 27 / Décembre 2005

Visite du Musée rural jurassien des Geneveys (JU)

par Françoise Favre (secrétaire)

Samedi 15 octobre 2005

Au programme de cette sortie, une visite guidée du musée le matin ; un brillant exposé l’après-midi, par un tout jeune conférencier, Jean-Luc Wermeille, sur le hameau des Cerlatez et les familles qui y ont résidé.

C’est aux Genevez (Jura) que s’étaient donnés rendez-vous les membres de la Société neuchâteloise de généalogie (SNG) et du Cercle de généalogie de l’Ancien Evêché de Bâle (CGAEB) pour une sortie commune. A 9 h 45, une quarantaine de personnes attendaient devant la belle bâtisse qui abrite le Musée rural jurassien, au centre du village des Genevez. Anne-Lise Fischer, vice présidente de la SNG et François Kohler, président du CGAEB prennent tour à tour la parole pour nous accueillir et présenter le programme de la journée. Comme nous sommes particulièrement nombreux et que les lieux sont exigus, c’est en trois groupes que nous visiterons cette ferme.

Il s’agit en fait d’une vaste ferme double du 16e siècle, recouverte d’un toit de bardeaux à quatre pans, à demi enterrée dans la pente naturelle du terrain. Le musée, animé par une équipe de bénévoles, présente l’habitat de deux familles paysannes du passé, qui vivaient en mitoyenneté, mais dont les domaines étaient autonomes.

Nous entrons sur le côté dans ce qui était la cuisine de l’habitation qui a subi le moins de transformations au cours des âges. La cuisine a été restaurée dans l’état qui était le sien en 1531, lors de la construction de la ferme. Le sol est en terre battue, le foyer est à même le sol et il n’y a pas de cheminée pour l’évacuation de la fumée. En face, le four à pain, avec un ingénieux système dans la voûte du plafond pour rabattre les braises vers le sol et empêcher qu’elles ne puissent atteindre le foin mis à sécher dans la grange, ouverte sur la cuisine. La viande était mise à fumer sur des claies pendues au plafond. Le mobilier est parcimonieux : un vaisselier (la métraz), une table rustique et quelques chaises, deux ou trois niches dans les murs de pierres pour une lanterne ou un bidon. Les murs et la voûte du plafond sont noircis par la fumée et malgré le soleil qui brille dehors et la porte restée ouverte, il fait sombre ! On peut essayer d’imaginer la vie de la famille, dans cette pièce enfumée, comme on y cuisinait, comme on occupait les longues soirée
d’hiver…

Derrière, le cellier avec ses alambics et la lessiverie (remarquer les pinces à linges grossièrement taillées dans un petit morceau de branche de noisetier). La cave est presque entièrement enterrée. La température y est constante (14°). Au milieu, trône une grande table de pierre, construite de sorte que les souris ne puissent atteindre les fromages et autres aliments posés sur la table. Sur un des côtés, une planche en bois est encastrée dans la pierre et permettait de couper le fromage. Par un étroit escalier en colimaçon, taillé  dans un seul bloc de pierre, on accède aux deux chambres situées à l’étage. Si les murs sont en pierres, blanchies à la chaux, le plafond en bois présente une particularité surprenante : il est partiellement démontable ! Ce qui permet de déménager les meubles en passant par la grange et non par l’escalier ! On peut admirer différents objets d’usage courant patiemment récoltés par les bénévoles qui animent les lieux. Cette ferme semble avoir été tenue par une famille de paysans aisés, comme en témoigne la pierre d’évier et la table de toilette dans la chambre à coucher. Les portes basses, la longueur du lit, la taille des vêtements indiquent que les gens étaient plus petits que nous.

La partie consacrée à l’exploitation rurale, située au nord, comprend une vaste grange et une étable dans lesquelles sont exposés toute une collection d’outils servant à différents métiers : métiers du bois (taille des bardeaux, boissellerie), cardeurs, cordonniers, etc.

Le second logis était encore habité il y a quelques années et a été notablement transformé au 18e siècle, en particulier par l’ajout d’une cheminée. Le foyer a été remplacé par un potager à bois, mais le plafond voûté en pierre a gardé sa couche de suie. Le sol est  couvert de dalles de pierre (laves), la fenêtre a été agrandie pour donner plus de lumière et le mobilier est plus riche. Le four à pain est encore en état et chaque vendredi, on y cuit du pain à l’ancienne.

De là, nous passons dans la « belle chambre », avec son fourneau à banc (le poye). Dans la plus petite chambre, devant la fenêtre orientée au sud, l’atelier de l’horloger, un appoint économique important pour une famille payasanne au 19e siècle.

Vu de l’extérieur, la bâtisse a un drôle d’air : côté nord, c’est une ferme large et massive, que le toit de bardeaux, avec des chéneaux taillées dans un seul tronc d’arbre, enveloppe comme une grande cape. Côté sud, les ajouts du 18e lui donne un aspect plus léger et plus élégant.

Un apéritif offert par nos deux sociétés nous attend dans la grange, et nous pouvons goûter le savoureux pain cuit la veille dans le four à pain. C’est l’heure des échanges, l’occasion de faire connaissance, de bavarder, de poser encore des questions aux animateurs du musée ou tout simplement de profiter dehors du soleil automnal… et il fait meilleur dehors que dedans !

Après le repas en commun au Centre des loisirs des Franches Montagnes, à Saignelégier, le programme prévoit un exposé. Heureusement, notre conférencier saura captiver l’auditoire à l’heure de la digestion et de la sieste…

Jean-Luc Wermeille est bibliothécaire à la Bibliothèque du Lycée Jean-Piaget à Neuchâtel et bientôt aux Archives cantonales vaudoises. Il est (déjà !) passionné de généalogie. Il a fait un travail de bac sur les familles qui ont habité aux Cerlatez pendant 3 générations au moins. Le hameau des Cerlatez se trouve à trois kilomètres de Saignelégier, il est formé d’un alignement de maisons en forme de fer à cheval. Au début du 20e siècle, Joseph Québatte, employé communal, a réalisé une étude sur chacune de ces maisons et sur les familles qui y habitaient et il a laissé des cahiers de notes.

A l’aide de son ordinateur et d’un projecteur, Jean-Luc Vermeille fait défiler des photos de chacune de ces fermes, et fait revivre les familles qui se sont succédées depuis le 17e siècle. Il montre les transformations apportées, les constructions nouvelles après un incendie, évoque les stratégies de mariage et les règles de partage entre les héritiers pour éviter le morcellement des terres. Ce sont ainsi les familles Monnat, Cattin, Québatte, Froidevaux, Jobin et bien d’autres qui défilent devant nous.

Il est un peu plus de 16 h quand le programme officiel de la journée se termine. Certains resteront encore pour boire un pot, d’autre iront voir sur place les maisons des Cerlatez. Il ne nous reste qu’à remercier les organisateurs de cette belle journée.

Musée rural jurassien – Les Geneveys