Bulletin 29 / Septembre 2006

Les surprises de la généalogie … grâce à Internet

par Françoise Favre

Depuis plusieurs années maintenant, je pratique avec bonheur « l’entraide généalogique » en faisant des recherches près de chez moi (aux archives de Neuchâtel ou de Besançon) pour des personnes qui ne peuvent se déplacer jusque là. En échange, j’ai reçu, d’autres personnes, de l’aide en Lorraine, à Marseille et à Aix-en-Provence pour mes propres recherches. Ces échanges m’ont aussi permis de lier des amitiés nouvelles. C’est ainsi que cet été, nous avons passé quatre jours dans le Périgord, magnifiquement et  chaleureusement reçus par un couple de généalogistes français qui nous avaient eux-mêmes rendu visite durant le long week end de l’Ascension en 2005. Tout avait commencé par une demande d’aide pour retrouver un certain Abram François FAVRE, né en 1786 à Neuchâtel…

Oui, l’entraide réserve parfois de drôle de surprises. En voici deux exemples récents.

En juin, une dame du nord de l’Italie adresse un courrier à la paroisse du Locle, lequel m’est aussitôt transmis par le secrétariat de paroisse. Cette dame recherchait la trace de sa grand-mère, Bertha Cécile Robert-Grandpierre, née au Locle en 1866. L’histoire de Bertha est une jolie histoire qui sort de l’ordinaire :  » Jeune fille, elle est entrée chez les diaconesses de St-Loup ; après 2 ou 3 ans, elle a été envoyée à l’école protestante d’infirmières de Milan. Durant son séjour là-bas, Barthélemy Rostan, directeur de la Richard-Gignori, a été hospitalisé pour des problèmes de santé. La jeune Bertha eut un coup de foudre, elle quitta la coiffe et en 1897, à l’âge de 31 ans, épousa Barthélemy… » Profitant des vacances, je fais un saut aux AEN (Archives de l’état de Neuchâtel) où je retrouve sans peine la trace de Bertha et de ses ascendants… et je fais une heureuse en communiquant à ma correspondante italienne les résultats de ma recherche.

A peine quelques semaines plus tard, sur le forum de la SNG, je lis la demande d’une Genevoise : « Je recherche la famille d’Alfred Robert-Grandpierre, né au Locle en 1830, qui a eu au moins 3 enfants (Zelim, Bertha née en 1866 et Julie) ». Quelle coïncidence ! Je n’ai pas eu le temps de répondre… mais quelle surprise la semaine suivante, lors de la journée familiale de la SNG à la Ferme Robert, de rencontrer la jeune femme auteur de la question ! Nous faisons connaissance et j’appends que c’est une petite cousine de ma correspondante italienne ! Sans s’être le moins du monde concertée, à des kilomètres de distance, elles avaient entrepris au même moment la quête de leurs origines !

Le deuxième exemple est encore plus étrange. Le 21 juillet 2006, un titre attire mon attention sur le forum français de généalogie : « Communauté d’Auvergne à Neufchâtel en Suisse ». Une bretonne cette fois recherchait son aïeul Joseph Abraham Rossel, fils d’Abraham et de Madeleine Richardet, marié à Brest en 1754 à Anne Jacquette Le Dalidec, dont l’acte de mariage précisait l’origine étrange. Plusieurs réponses fusent, chacun y va de son commentaire et une première piste : il doit s’agir de la commune d’Auvernier.

C’est alors que j’entre dans le débat, puisque je suis sur le point d’aller aux AEN, d’autant que l’association des deux prénoms Joseph (prénom « catholique ») et Abraham (prénom « protestant ») m’étonne beaucoup. Une rapide recherche dans le fichier de l’état civil… et voilà notre Abraham (sans trace de « Joseph » !). Qu’est-il allé faire en Bretagne ? Qu’est-il devenu après son mariage et la naissance d’un enfant, seuls actes retrouvés pour l’instant ? Où est-il allé mourir, ce pauvre Abraham au prénom si exotique en Bretagne, qu’il
lui a préféré « Joseph », plus passe partout ? C’est encore un mystère… 

Le 5 septembre dernier, je fais un petit tour sur le forum de la SNG et je crois rêver : le dernier message arrivé à pour titre : « recherche les °°X++ de Rossel Abraham et Richardet Madeleine » ! Le message vient aussi de Bretagne. Je réponds à ce monsieur… et en quelques heures, voilà deux cousins qui s’ignoraient, qui se retrouvent et découvrent avec stupéfaction qu’ils habitent à moins de 50 km l’un de l’autre !

Voilà pourquoi j’aime la généalogie et j’aime faire de l’entraide : contrairement à ce que l’on croit souvent, j’y fréquente plus les vivants que les morts, et les liens qui se créent me réjouissent le cœur.