Bulletin 37 / Mai 2009

Histoires sagnardes

En souvenir de Paul Matile, dit le Long Paul, nous ne résistons pas au plaisir de vous raconter l’une où l’autre histoires sagnardes qu’il avait grand plaisir à raconter. C’est qu’il était bien connu pour son humour le bougre… Laissons-le parler, tout simplement

« …est-ce que je te l’ai déjà racontée celle-là? demande-t-il avec son sourire malicieux… -écoute! On avait une leçon d’instruction civique… le régent, c’était un brave type que j’aimais bien. Ce jour-là, il décide de nous parler des partis politiques du canton de Neuchâtel, c’est nous qui devions les trouver, les lui énumérer. Après, il nous expliquerait pourquoi les uns choisissaient d’être libéraux, d’autres radicaux ou socialistes. Comme conclusion le maître demande: « Alors, les garçons, on a parlé des partis, en avons-nous oublié un?
Qui en connait encore? » moi, j’étais tellement étonné qu’on ne parle pas de celui qui me paraissait le plus important… je me lève pour dire: « Oui M’sieur, vous avez oublié les royalistes!… « Qué vous, on n’est pas Sagnards pour des prunes! ».

« tiens, en voilà encore une autre sur nous les sacrés Sagnards: Faudrait pas oublier que si la Pinte neuchâteloise de bas de la rue du Grenier a échappé à l’incendie du village du 5 mai 1794, c’est grâce à nous les Sagnards… c’était le rendez-vous des royalistes de toute la région et quand l’eau a manqué pour éteindre l’incendie… et ben on a rempli la pompe avec le vin de la cave et c’est comme ça que la maison a été sauvée… Et en face… la pinte républicaine a fricassé!.. il n’y avait pas de Sagnards pour l’arroser avec le vin… Ha! Les Sagnards! »

« je me souviendrai toujours du Daniel Gentil, c’est lui qui avait la plus belle grelottière de par la Sagne; il l’avait eue à la foire de Morteau; t’aurais dû la voir… il y avait bien quarante ou cinquante petits grelots! On l’entendait de loin quand il descendait le Reymond. C’était sacrément beau d’entendre toutes ces petites clochettes. Une grelottière comme celle-là, j’en ai jamais vu d’autre et on n’en verra plus jamais, Ah! Il aurait fallu qu’on l’ait pour le Musée paysan, mais je crois que quand ça a fricassé chez les Gentil, elle y a passé comme tout le reste! »

Histoires collectées par P.-A. Borel