Bulletin 39 / Décembre 2009

La bourgeoisie de Valangin

par Germain Hausmann

Suite à notre conférence tenue le 14 novembre 2008, nous avons choisi d’éditer deux textes qui montreront à nos lecteurs l’organisation de la Bourgeoisie de Valangin. Celle-ci, très complexe, ne pouvait être résumée en quelques mots. Essayer d’en faire un bref résumé, d’en faire un PV, aurait été une gageure impossible à tenir, à moins d’imprécisions ou de raccourcis fâcheux.

Nous avons sélectionné pour vous deux rédactions abordant l’aspect institutionnel des choses, la première faite en 1806 pour le maréchal Berthier, chef d’Etat-major de Napoléon, pour lui présenter les institutions de notre pays dont il venait d’être nommé prince et qu’il ne connaissait pas du tout. Ce texte a été écrit par le Conseil d’État et représente le point de vue de celui-ci vis-à-vis de la Bourgeoisie de Valangin. L’humeur procédurière de cette dernière y est donc stigmatisée.

Le second a été produit en 1831, alors que de profonds changements allaient intervenir dans la structure de l’État. Le délégué du roi de Prusse, Monsieur de Pfuel, avait demandé aux principales communautés de l’État de se présenter. Le texte édité ici montre le point de vue de la Bourgeoisie; l’éclairage est donc différent et apporte de nouvelles informations par rapport au premier. Il faut en outre noter que, même si la Bourgeoisie se considérait comme un organe conservateur, certains changements avaient été apportés dans sa  structure et ses institutions au cours des dernières années.

Bonne lecture ! Nous espérons qu’elle sera fructueuse pour le grand nombre de Neuchâtelois qui descendent de bourgeois de Valangin.

Extrait du registre intitulé “Essai sur l’état actuel de la Principauté de Valangin” présenté en 1806 au nouveau prince de Neuchâtel, Alexandre Berthier

AENeuchâtel, Fonds Berthier, 1/B, p. 27-32

La Bourgeoisie de Valangin est la plus bizarre par son organisation.

Elle diffère d’abord de toutes les autres en ce qu’elle n’a aucune autorité municipale ni judiciaire. Elle exerça très probablement autrefois cette autorité, on ignore à quelle époque elle en fut privée.

Cette Bourgeoisie s’est étendue successivement sur tous les points [cardinaux] de la Principauté, mais principalement dans le Val-de-Ruz et les Montagnes. Elle est aujourd’hui la plus nombreuse de toutes. Le nombre de ses votans s’élèvent à environ 6500. On peut dire qu’elle embrasse à peu près la moitié de la population de l’État.

[p. 28] Elle n’a point d’autorité municipale ni judiciaire, et cependant elle a, ou du moins prétend avoir, des communes sous son ressort; ce sont toutes celles du comté de Valangin. Son influence à l’égard de ces communes consiste à réclamer pour elles toutes les  fois qu’elle croit leurs privilèges attaqués. Au moindre signal qui la porte à croire que ses privilèges ou ceux des communes de son ressort sont menacés, on voit ses chefs se mettre en route sur le champ et venir entourer l’autorité de leurs remontrances. La plus  importante de toutes ses prétentions est la part qu’elle veut exercer sur la législation par son tribunal des Trois États. Nous en parlerons ailleurs [NdR : Nous n’avons pas transcrit ce texte].

L’administration de la bourgeoisie de Valangin est confiée à un Conseil qui se renouvelle tous les trois ans lors des Assemblées générales de la Bourgeoisie.

Le Conseil est composé de trois maîtres-bourgeois et du boursier nouvellement élus, des trois maîtres bourgeois et du boursier sortis de charge et des 27 conseillers, ce qui fait 35 membres.

Le maître-bourgeois en chef est toujours choisi à Valangin, le second dans le Val-de-Ruz et le troisième dans les Montagnes.

Le boursier doit être de Valangin ou du Val-de-Ruz; et les conseillers sont pris en nombre inégal dans toutes les communautés du comté de Valangin et dans celles de Boudevilliers, des Ponts et de La Brévine.

[p. 29] Il y a en outre deux huissiers appelés sautiers, l’un de Valangin et l’autre des Montagnes.

Pour parvenir à l’un des emplois de la Bourgeoisie, il faut être né bourgeois de Valangin. On n’admettrait pas à l’un des principaux offices une personne qui tiendrait des fonctions du Prince ou un bourgeois de Neuchâtel.

Les élections des quatre ministraux [sic] supérieurs se font à la pluralité des suffrages individuels de tous les bourgeois de Valangin présens à l’Assemblée triennale. Huit jours avant cette assemblée, les candidats doivent régulièrement faire leurs offres dans un  conseil convoqué pour les recevoir. Si leur nombre excède celui de deux, l’une des opérations de l’Assemblée générale de la Bourgeoisie est de le réduire à deux, de telle manière que ce sont les bourgeois de Valangin [NdR : habitant à Valangin] qui font la réduction pour le Val-de-Ruz, les bourgeois du Val-de-Ruz pour Valangin et ceux des Montagnes pour les Montagnes.

La réduction n’a pas lieu pour la place de boursier.

Quand les réductions ont été faites, on procède par un nouveau suffrage de la totalité des bourgeois à la nomination du boursier et des trois maîtres-bourgeois. 

Pour accélérer l’opération des suffrages, les bourgeois se réunissent par communes sous la présidence de leurs conseillers; et ceux qui ne sont pas communiers de quelque village forment sous la bannière de Valangin un rassemblement particulier. On réunit ensuite la totalité des suffrages. C’est [p. 30] le Conseil sortant de fonction qui nomme le Conseil qui doit lui succéder.

Les chefs de la Bourgeoisie s’adjoignent plus ou moins de personnes à proportion de l’importance des délibérations. Lorsque les quatre magistrats modernes se réunissent seuls, on les appelle les maîtres-bourgeois. Si les quatre magistrats sortis de place se joignent à eux, cette réunion est nommée l’abrégé du Conseil. Si d’après l’importance de l’objet cet abrégé ne suffisait pas, on convoque le Conseil. Quelques fois le Conseil se trouve suffisant pour prononcer sur les matières qui lui sont soumises; d’autres fois il  appelle dans son sein, – ou le Conseil qui l’a précédé et c’est ce qu’on appelle Double Conseil, – ou des députés des communautés et cette assemblée forme l’abrégé de Bourgeoisie. Et comme les députés des communautés ont consulté les bourgeois dans leurs communes respectives, c’est la majorité de leurs suffrages rapportés au Conseil qui forme sa résolution. Ainsi se traitent toutes les loix que le souverain propose, toutes les ordonnances, tous les mandemens que le Conseil d’État veut promulguer au nom du  souverain.

L’Assemblée générale de la Bourgeoisie ne peut avoir lieu que tous les trois ans. Cette assemblée se tient en plein air, au nombre de six ou sept mille [participants]. Les bourgeois y paraissent armés de sabres ou d’épées. Les magistrats qui vont sortir de place y rendent compte de leur gestion et ce compte [rendu] n’est pas toujours écouté tranquillement. [p. 31] Le maître-bourgeois en chef appelle au serment les bourgeois qui ne l’ont pas prêté; et l’on procède ensuite au renouvellement de la magistrature.

S’il se présente une question importante à décider dans l’intervalle des Assemblées générales, le Conseil en informe les bourgeois par une lettre circulaire qui provoque une assemblée dans chaque commune sous la présidence du conseiller. Ce conseiller est chargé de recueillir les suffrages et de les faire parvenir au Conseil, où ils sont comptés et réunis pour constater la pluralité.

Le maire de Valangin [= le représentant du Prince] n’assiste plus depuis fort longtems aux assemblées des maîtres-bourgeois et des Conseils de Valangin. Il ne peut non plus assister que comme simple bourgeois aux réunions des bourgeois par communauté.

Les privilèges de la Bourgeoisie de Valangin consistent surtout à ne pas payer certaines redevances en argent ou en nature que d’après un taux réglé par les chartes ou concessions.

L’influence de cette Bourgeoisie devenait colossale. Ses remontrances, poussées quelquefois jusqu’au ridicule, ont souvent entravé le gouvernement dans ses mesures les plus sages. Voilà le mal et il est très grave. Mais d’un autre côté, on ne peut se dissimuler que l’amour de beaucoup de Neuchâtelois pour leur patrie tient un peu à ces institutions. On en a vu presser de longs voyages pour assister à une Assemblée générale de [p. 32] la Bourgeoisie. Des vieillards veulent en voir encore une avant de mourir et il faut qu’un bourgeois de Valangin soit bien malade, ou bien éloigné, pour manquer à une journée qu’il regarde comme sa plus belle fête.

Quant aux biens de la Bourgeoisie, nous pouvons en donner le bilan exact :

  • elle possède en obligations : 83729 livres 14
  • elle possède en intérêts et reliquats arriérés : 9775 livres 4
  • elle a des vergers évalués à : 5040 livres
  • une maison évaluée à : 1600 livres
  • des obligations à peu près nulles par défaut de solidarité : 1442 livres
  • différents meubles qu’on peut évaluer à : 227 livres
    ce qui fait une somme totale de 101813 livres 18

mais il faut diminuer sur le premier et le second article environ le quart pour mauvaises créances : 24813 livres 18
Et alors tout le capital de la Bourgeoisie se trouvera réduit à la somme de 77000 livres

 

[NdR : A titre de comparaison, Neuchâtel a un revenu de 10.000 £ par an + 93.000 £ pour le Fonds Pury, Boudry 2000 £, Le Landeron 954 £. Le pasteur du Locle a 2112 £ de revenu par an]

Esquisse de la Bourgeoisie de Valangin

Extrait des Procès-verbaux de la Bourgeoisie de Valangin

ABouValangin, n° 28, p. 416-425

texte édité par Germain HAUSMANN

Les libertés et les franchises dont jouissent les sujets de la Principauté de Neuchâtel et Valangin sont des concessions de leurs souverains, soit qu’elles leur aient été faites gratuitement, soit qu’ils les aient acquises à prix d’argent. Il résulte de là que tous les droits  que les principes attribuent en général aux souverains doivent l’être particulièrement aux princes de ce pays, lorsque les peuples n’ont pas en leur faveur des concessions expresses par lesquelles le Souverain a abandonné ou modifié une partie de ses droits. Depuis l’abolition des astrictions et des redevances personnelles auxquelles de certaines personnes étaient soumises, tout homme jouit dans ce pays de la qualité d’homme libre. Mais les bourgeois de Valangin ont en outre de certains privilèges soit particuliers soit communs aux membres des autres bourgeoisies ou d’une partie seulement des autres sujets de l’État.

1° – Par acte du 30 mars 1701, Marie, duchesse de Nemours et princesse de Neuchâtel et Valangin, a octroyé un abri [NdR : valeur en argent d’une redevance en nature] qui réduit de telle manière les cens directs dus par les bourgeois de Valangin, qu’ils ne [p. 417] les payent dans toute l’étendue de la Principauté que sur le pied de sept batz pour l’émine de froment, dix creutzers pour l’émine d’avoine et trois creutzers pour le pot de vin, avec cette exception toutefois que les cens dus aux vassaux et ceux pour moulins et fours  rentrent dans la règle générale qui fixe le prix des cens selon le prix courant des denrées dont ils se composent.

2° – Les bourgeois de Valangin ont des concessions anciennes qui leur accordent une liberté de commerce illimitée, particulièrement quant aux vins étrangers. Cependant, on doit observer que, quant aux vins étrangers, on a toujours disputé à la Bourgeoisie le droit de les faire entrer dans le Vignoble et qu’à plusieurs reprises, elle a reconnu la légalité de mesures prohibant leur importation dans cette partie du pays.

3° – Les maîtres-bourgeois de Valangin assistent aux sessions ordinaires du Souverain Tribunal dudit lieu pour faire des protestations contre les jugemens qui porteraient atteinte à la constitution de l’État.

4° – Les bourgeois de Valangin ont toujours exercé le droit de remontrance contre les mesures et ordonnances du gouvernement quand elle leur paraissaient attentatoires à leurs franchises et libertés ou aux institutions [p. 418] institutions [sic] générales qui  régissent l’État.

5° – Toujours aussi, ils ont joui de la faculté de se réunir en Assemblées générales ou en Assemblées partielles dans les communes ou paroisse du ressort de la Bourgeoisie pour délibérer sur les affaires publiques sans avoir besoin, pour ce, d’une permission préalable du gouvernement ou de ses représentans, même dans le tems où cette permission était nécessaire pour les Assemblées de communauté.

Le prince seul peut faire des bourgeois de Valangin, mais aussi il n’y a que le Conseil de Bourgeoisie qui puisse les incorporer. De là, la division des bourgeois en bourgeois incorporés et non incorporés.

Les premiers sont aptes dès qu’ils ont atteint l’âge de majorité à assister aux assemblées de Bourgeoisie, à participer aux élections, à occuper des emplois dans le corps et à réclamer la protection de la Bourgeoisie lorsqu’ils sont lézés dans leurs droits et privilèges, protection pour laquelle ils n’ont jamais aucun fraix à payer, quelque considérable que soit la dépense qu’elle occasionne à la corporation.

Les bourgeois non incorporés n’ont au contraire aucun de ces droits et avantages. Tout ce que leur vaut leur qualité, c’est de profiter comme les bourgeois incorporés de l’abri [p. 419] favorable dont on a parlé plus haut pour le payement des cens fonciers.

La Bourgeoisie n’accorde jamais de secours aux bourgeois nécessiteux et n’exerce aucun droit de basse police dans les lieux de son ressort comme le font les communautés. Elle est une corporation purement politique dont la vocation est de réclamer, même à la réquisition d’un seul de ses membres, contre tout ce qu’elle envisage comme contraire à ses libertés et franchises particulières ou à celles des peuples de cet État en général.

Son Conseil est composé de vingt-sept conseillers dont les fonctions durent trois ans, et de six maîtres-bourgeois et de deux boursiers qui siègent trois ans comme modernes et trois ans comme anciens. Ainsi le Conseil est entièrement renouvellé tous les trois ans, sauf que les maîtres-bourgeois et le boursier modernes demeurent encore pendant le même tems comme anciens et succèdent à ceux qui siégeaient à ce titre et qui sortent alors. Voici comment ces divers emplois sont répartis :

Le ressort de la Bourgeoisie se divise en trois départements.

  • le premier est formé du seul bourg de Valangin, ainsi que de la Borcarderie et de Bussy.
  • [p. 420] Le second département appelé le Département du Val-de-Ruz, est formé des autres communautés de la Juridiction de Valangin [NdR : soit Fenin, Vilars, Saules – Savagnier – Dombresson – Villiers – Le Pâquier – Chézard-Saint-Martin – Cernier – Engollon – Fontaines – Fontainemelon – Les Hauts-Geneveys – Boudevilliers – Coffrane, Les Geneveys-sur-Coffrane] et du village de Montmolin.
  • Le troisième département, soit le Département des Montagnes, se compose de toutes les autres communautés du comté de Valangin [NdR : soit La Sagne, Le Locle, La Chaux-de-Fonds, Les Planchettes, Les Brenets], plus quelques-unes du Comté de Neuchâtel, savoir : de La Brévine, de La Chaux-du-Milieu et des Ponts-de-Martel.

Il est élu un maître-bourgeois dans chacun de ces départements, en sorte qu’ils en ont toujours chacun deux dans le Conseil, un moderne et un ancien.

Le boursier ne peut être pris que dans l’un des départements de Valangin ou du Val-de-Ruz.
Les conseillers se répartissent comme suit :

  • Valangin en fournit …………………………………………………………………………….. 1
  • Les treize communautés ou paroisses du second département, chacun un .13
  • Le Locle et La Chaux-du-Milieu …………………………………………………………… 4
  • La Sagne ……………………………………………………………………………………………. 2
  • La Brévine …………………………………………………………………………………………. 2
  • La Chaux-de-Fonds ……………………………………………………………………………. 2
  • les trois autres communes du Département des Montagnes, chacune un … 3

Total 27

[p. 421] Autrefois on admettait les offres de services, mais depuis 1820 elles ne sont plus reçues si ce n’est pour l’emploi de boursier. Les maîtres-bourgeois et les conseillers ne peuvent être choisis que par la voie de l’élection.

Pour être éligible à l’emploi de maître-bourgeois, il faut avoir déjà siégé au moins trois ans dans le Conseil, comme boursier ou conseiller.

Pour pouvoir aspirer à l’emploi de boursier, il faut être notaire et fournir le cautionnement d’une corporation.

Pour pouvoir être éligible à l’emploi de conseiller, il faut avoir atteint l’âge de majorité.

Il est bien entendu en outre que pour tous ces emplois la qualité de bourgeois incorporé, une réputation intacte et un domicile permanent dans la communauté par laquelle on est présenté, sont des conditions indispensables.

Lorsqu’il s’agit de vaquer à la nomination des maîtres-bourgeois, voici comment l’on procède :

Valangin présente trois candidats.

Chacune des communautés du Département du Val-de-Ruz en présente un, ce qui en élève le nombre à treize.

Les communautés du Département des Montagnes en agissent de même, ce qui porte à sept le nombre des candidats pour ce département.

[p. 422] Ces élections sont faites dans toutes les communautés par leurs bourgeois ressortissans convoqués à cet effet l’avant-veille de la Générale Bourgeoisie.

Ces candidats une fois acceptés par le Conseil sont présentés aux bourgeois réunis en assemblées de Générales Bourgeoisie.

Alors les bourgeois des départements de Valangin et du Val-de-Ruz réduisent à deux les trois candidats de Valangin et à deux aussi les treize du Val-de-Ruz.

Les sept des Montagnes sont de même réduits à deux par les bourgeois de ce département.

Ces réductions faites, les deux candidats présentés pour chaque département sont soumis à la votation de la généralité des bourgeois.

On leur soumet en même tems les aspirans à l’emploi de boursier. S’il n’y en a qu’un, les bourgeois votent pour l’acceptation ou le rejet de ses offres de services.

Les candidats pour les places de conseillers sont élus dans les communautés ou paroisses en même tems que ceux pour l’emploi de maître-bourgeois. Les bourgeois ressortissans de chacune d’elles en élisent un nombre double de celui des conseillers qu’elle doit fournir.

Ces candidats sont soumis au Conseil dans lequel [p. 423] siègent déjà les maîtres-bourgeois et le boursier qui viennent d’être élus. Il nomme parmi eux les nouveaux conseillers selon l’ordre des communes.

Toutes les élections et votations se font à la pluralité des suffrages.

Au commencement de chaque préfecture, le nouveau Conseil choisit son président au scrutin secret parmi les trois modernes maîtres-bourgeois.

Le boursier réunit à ses fonctions de caissier celle de secrétaire du corps. Mais il n’est pas de droit rédacteur des mémoires ou autres pièces touchant les remontrances. Le Conseil choisit, pour ce, en son sein celui ou ceux qu’il juge convenable d’en charger.

[Au Conseil], les maîtres-bourgeois et le boursier moderne ont voix consultative pour toutes les affaires importantes, mais ils n’ont voix délibérative qu’en matière de finances.

Les conseillers président les assemblées de bourgeois qui ont lieu dans leurs districts respectifs.

Les six maîtres-bourgeois et les boursiers forment ce que l’on appelle l’Abrégé du Conseil dont la vocation est de régler les affaires administratives d’une faible importance et de préparer les matières qui doivent être soumises au Conseil. Dans l’Abrégé, les modernes ont voix délibératives.

[p. 424] Le Conseil a l’administration des biens de la Bourgeoisie. Il décide des réclamations à faire pour le maintien de la constitution de l’État et des privilèges et franchises des bourgeois. Mais, sous tous ces rapports, il consulte les bourgeois domiciliés dans les lieux qui suivent la bannière, toutes les fois que la chose à traiter est importante. Pour cet effet, il leur soumet le cas dans des circulaires qu’il leur adresse. Les bourgeois s’assemblent [dans les communes], délibèrent et nomment des députés qu’ils chargent de leurs instructions et pleins pouvoirs. Ces députés réunis au Conseil forment un Abrégé de générale bourgeoisie qui détermine ce qui doit être fait et dont les résolutions ne peuvent être modifiées par le Conseil. Quand il s’agit d’objets réglementaires ou d’affaires de  finances d’une médiocre importance, on convoque un Double Conseil, c’est-à-dire que l’on adjoint au Conseil les conseillers de la préfecture précédente avec les trois maîtres-bourgeois et le bousier qui sont sortis les derniers du Conseil. C’est aussi le Double Conseil qui, au mois de décembre qui suit la Générale Bourgeoisie, reçoit et vérifie la comptabilité de l’ancien boursier.

Suivant le but de son institution, la bourgeoisie de Valangin est un corps conservateur, chargé essentiellement [p. 425] de veiller au maintien des droits, franchises et libertés des bourgeois. Aussi a-t-on presque toujours vu son Conseil se déclarer l’ennemi, plutôt que le partisan, de tout changement et n’agir le plus souvent qu’en faveur du statu quo quand l’on tentait d’y déroger. Cependant, dans certains cas, mais fort rares, le Conseil a pris un autre rôlle. C’est ce qui lui est arrivé tout récemment puisqu’il a fait des démarches  tendantes à faire apporter des changemens notables à nos institutions, mais il n’y a été déterminé que par la nécessité pour diriger et arrêter autant que possible le mouvement et, surtout, pour prévenir tout écart de la voie légale.