Bulletin 39 / Décembre 2009

Sortie d'automne au Château de Penthes
Musée des Suisses dans le monde

Rapport de Françoise Favre Martel, secrétaire

Il fait gris et frisquet ce matin, samedi 24 octobre 2009 à Genève. C’est au château de Penthes, qui abrite le Musée des Suisses dans le monde, que les membres de la SNG se sont donnés rendez-vous pour leur sortie d’automne. Le hasard fait parfois bien les choses, puisque Nathalie Chavannes, la conservatrice du musée, qui sera notre guide ce matin, est elle-même membre de la Société genevoise de généalogie ! Nous sommes donc presque en famille !

Avant de commencer la visite, Nathalie Chavannes nous présente l’institution et le domaine. L’origine remonte à 1955, quand la Société des amis suisses de Versailles crée au château de Coppet un musée de la présence suisse en France, consacré aux soldats suisses qui ont servi la France… soit près de deux millions d’hommes. En 1970, pour développer et pérenniser l’œuvre accomplie, l’institution se transforme en « Fondation pour l’histoire des suisses à l’étranger » et en 1978, le musée déménage au château de Penthes. Actuellement, le musée, loin d’être un musée militaire, rassemble des objets et des documents témoins de l’histoire des Suisses dans le monde.

L’histoire du château de Penthes remonte au 15e siècle. Il est la propriété de l’Etat de Genève depuis 1972.

C’est au troisième étage, qui accueille une exposition temporaire de l’artiste (graveur) Marc Jurt (1955-2006), que nous commençons notre visite. Sous le titre de « Géographie parallèle », les cinquante tableaux présentés montrent un bout de carte de géographie entouré par un texte de Michel Butor. C’est un dialogue entre deux artistes, le Suisse parti vivre à l’étranger et le français venu enseigner en Suisse, qui évoque le voyage et le vaste monde.

La dernière salle de cet étage est consacrée aux ingénieurs, architectes, bâtisseurs partis exercer leurs talents à l’étranger. J’en citerai trois ici : 

  • Le tessinois Domenico Fontana (1543-1607), entré au service du Pape comme maître d’œuvre. On lui doit la machine qui a servi à la mise en place de l’obélisque de la Place St-Pierre à Rome en 1586, dont on peut admirer la maquette en bois, réalisée par deux étudiants de l’EPFL.
  • L’ingénieur suisse Maurice Koechlin, (1856-1946), dessinateur et concepteur de la Tour Eiffel. Une vitrine, avec une maquette de la tour Eiffel, lui est consacrée.
  • Le genevois François Gabriel Viollier (1750-1829), l’un des architectes partis bâtir la ville de St-Peterbourg, où il a construit le superbe Palais Michel pour le Tsar Paul 1er, dont on peut également voir une maquette sous une cloche de verre.

Le deuxième étage, est plus consacré au service à l’étranger, une tradition qui remonte au 15e siècle et aux accords ou « capitulations » signées avec le roi de France d’abord, puis avec d’autres pays étrangers, sur le même modèle. Le service suisse à l’étranger, qui reposait sur des alliances, a souvent permis de servir aussi les intérêts économique de la Suisse.

Les régiments les plus connus sont bien sûr les Cent-Suisses (créés en 1481) et la Garde Suisse. A leur propos, on ne peut pas parler vraiment de mercenaires, puisque ces régiments avaient leur propre uniforme, leur propre bannière, leur propre musique, leur propre règlement et même la liberté de culte après la Révocation de l’Édit de Nantes en 1685. Certaines grandes familles avait une main mise sur ces régiments, qui appartenaient à leur colonel et étaient loués à la France.

Parmi les plus belles pièces conservées au musée, notre guide nous fait remarquer la tunique d’un soldat de la garde suisse de 1792, une pièce rare. D’abord parce que c’est la veste d’un simple soldat (et non celle d’un officier) qui a eu la chance de rentrer chez lui, ensuite parce que lorsqu’ils revenaient au pays, les hommes « finissaient » leur uniforme pour les travaux des champs et ne pensaient guère à le ranger dans une armoire pour la postérité !

Autre vitrine intéressante, celle qui abrite un très beau portrait du petit Louis XVII ainsi qu’une collection de petits soldats en ivoire peint, jouets du petit dauphin, qui portent justement l’uniforme de la garde Suisse. 

Et pour les Neuchâtelois, remarquons un portrait de Georges François de Montmollin (1769-1792), officier au Régiment des gardes suisses, tué le 10 août 1792 lors du massacre des Tuileries.

La Garde suisse pontificale est le seul corps militaire à l’étranger qui subsiste encore de nos jours, (parce que l’on a considéré que c’était une « garde » et non une unité de combat). Créée en 1506 sur le modèle des Cent-Suisses, l’uniforme de parade qu’on lui connaît a été dessiné non par Michel-Ange ou Raphaël, mais par Jules-Maxime Répond, commandant de la garde pontificale, en 1914, dont on peut voir le portrait en pied.

Le premier étage est consacré aux Cent-Suisses. Un tableau familial retient notre attention : on y voit une famille bourgeoise réunie, celle d’un officier sans doute.

Au centre de la composition, l’épouse, entourée de sa fillette et de sa sœur, désigne du doigt un tableau, posé à côté d’elle sur une chaise, représentant son mari… toujours absent ! Un petit clin d’œil à ce qu’était la vie des familles de ces soldats suisses au service de l’étranger…

Après voir remercié Nathalie Chavannes pour cette passionnante visite guidée, visite-conférence plutôt, nous nous dirigeons vers le Restaurant du musée « Le Cent-Suisses » où nous attend un apéritif offert par la SNG. Yvette Develey, présidente par intérim de la Société genevoise de généalogie, nous transmet les bonnes salutations des généalogistes genevois… et nous offre des chocolats genevois Favarger pour accompagner le café tout à l’heure.

Le repas nous rassemble tous autour d’une grand table et les conversations vont bon train. Bien que le soleil se soit levé, seuls les plus courageux (et les fumeurs !) iront faire un petit tour dans le parc, avec vue sur le lac. Dedans, des petits groupes de discussions se forment et il est 16 h quand les plus passionnés quittent les lieux.