Bulletin 44 / Août 2011

Famille Gorgerat, communière de Boudry, canton de Neuchâtel,
branche de Frédéric Albert

par Pierre-Arnold Borel

Gorgerat Frédéric-Albert, fils de David Frédéric, né le 1er mars 1854 à Boudry marié, deux enfants, mécanicien conducteur de locomotives à la Compagnie du Jura neuchâtelois, décédé accidentellement à Chambrelien le 19 juillet 1888.

Voici son histoire: [1]

Gare de Chambrelien avec train à vapeur

Hier matin, 19 juillet 1888, un grave accident s’est produit sur la ligne du Jura neuchâtelois. Le fait qu’un wagon chargé de sable échappé de la gare de Coffrane et est descendu la rampe avec la rapidité de la foudre. Ce wagon de sable avait été mis en mouvement, lors d’une manœuvre, par une locomotive pour former un train. Ce wagon sortit du plat et gagna la pente du côté de Chambrelien. L’homme d’équipe qui le montait ne parvint pas à serrer les freins. Le véhicule acquit de la vitesse et le manœuvre, pris de terreur, sauta à bas sans se faire de mal. On essaya de jeter des entraves devant le wagon, mais celui-ci écrasa tout et disparut bientôt.

On prévint à la hâte et par télégraphe la gare de Chambrelien. Pendant ce temps, le wagon de sable, dont la marche accélérée par la rampe s’accroissait constamment, franchissait, avec une rapidité vertigineuse, en 3 minutes, la distance d’environ 5 kilomètres  séparant les deux stations. C’est au-dessus du pont de Rochefort qu’eut lieu le choc… Car, malheureusement, pendant ce temps, le train conduit par Gorgerat avait quitté Chambrelien sans avoir pu être averti. Lors du terrible choc, la plaque du tender s’abattit sur le mécanicien Gorgerat, le serrant contre la chaudière, il fut tué sur le coup. Il est mort au poste d’honneur, en face du danger, il a accompli son devoir. Quant au chauffeur Bedeaux, il fut jeté sur le talus. La locomotive est hors d’usage.

Frédéric-Albert Gorgerat était apprécié de ses supérieurs et aimé de ses camarades. Il laisse une femme et deux enfants en bas âge (Albert et Paul).

Ascendance de Frédéric-Albert Gorgerat

Gorgerat David Frédéric [2], fils de François Louis, bourgeois incorporé à Boudry dans le canton Principauté de Neuchâtel, né le 21 août 1828, baptisé au temple de Boudry le 27 septembre, décédé le 8 août 1894 à l’hôpital fondé par Sophie Mairet [3] à la rue de la Demoiselle à la Chaux-de-Fonds, après 54 jours d’hospitalisation à 09h00. Il s’est marié à Boudry le 10 août 1850 avec Miéville, Marie Philippine (1825-1908), communière de Colombier, bourgeoise de Neuchâtel, fille de François Louis. Veuve, elle habite à La Chaux-de-Fonds, d’abord rue de la Paix 7, puis à Numa-Droz 16, puis en 1903 à la rue du Nord et enfin rue de la Demoiselle 19 en 1905.

 

Gorgerat, François Louis, fils d’Abraham-Moÿse, bourgeois de Boudry et Neuchâtel, né le 12 janvier 1801, baptisé le 24 du même mois, décédé à Boudry le 28 avril 1831, laissant une veuve et des enfants en bas âge. Il était vigneron.

Le 1er janvier 1822, il est admis dans les rangs des communiers, siégeants et délibérants. Il aime beaucoup jardiner et observer la nature. Il décrit des arbres utiles :

« …il faut beaucoup de belles baguettes de liantain [4] pour tresser des crattes [5] à cerises. Ily a une petite heie de fresillon (troêne). Pour faire des balais, il ramasse du biollis de biolle [6] lorsqu’il a à faire dans les sagnes. Suzette Sohie, sa femme, est très fière de poiuvoir soigner, en plus de leurs enfants une belle ouable (clémentite) et une blanchette (chèvrefeuille) qui fleurissent contre la maison… ils disent que cette année les carquoyes (hannetons) sont légion.. que le gamin a eu peur d’un anvin (orvet) qui sortait du maur… on a vu une vanette (faucon-crécerelle) tournoyer autour du poulailler…

François Louis Gorgerat et Suzette Bourquin font publier le 1er août 1824, pour la troisième fois, leurs bans de mariage au temple de Boudry, les deux fiancés résidant à Boudry. »
François Louis Gorgerat et Suzette Sophie Bourquin se marient le 14 août 1824 à Boudry. Suzette Sophie est la fille de Pierre David Bourquin, de Sauges et de Gorgier, baptisée à Bevaix le 29 juin 1799. Elle réside déjà à Boudry avant son mariage. Elle y décède le 9 juillet 1860.
Veuve, elle paie, en 1836, le cens sur les terres héritées de Gorgerat, terres qui lui permettent d’entretenir sa famille. Il y a des champs à la Buchille qui sont dans la famille depuis des siècles. Elle doit : « en froment : 1 copet 2/4 et 7/9èmes et 7/96èmes. Puis en vin : 1/3 de pot, puis 1/8ème et 1/36ème. Et de l’argent en écus : 2 deniers argent faible plus 7 deniers, et en argent bâlois, un denier et 7 groz ».

 

Gorgerat, Abraham Moÿse, fils d’Abraham, né le 5 février 1765, baptisé le 17, à Boudry dont il est bourgeois. Le Conseil lui accorde un (extrait) d’origine daté du 30.05.1790. Il a été reçu comme communier en 1787. Il décède le 23 (ou 25) juillet 1804 à 40 ans, laissant des enfants en bas âge. Il s’est marié à Boudry, le 15 octobre 1785, avec Marie Madelaine Lambercier, fille d’Abraham David, de Travers. Elle est décédée le 17 novembre 1795, à 28 ans.

 

Gorgerat Abraham, bourgeois de Boudry, fils de David, baptisé le 8 octobre 1729 à Boudry. Il fait sa première communion en 1747 et en 1757 il prête serment de nouveau communier de Boudry. Vigneron, il vit chez sa mère, en indivision, comme il est cité le 23 décembre 1748. En 1764, il partage une maison au bourg, acquise conjointement avec les Barbier. Abraham se marie à Boudry avec Jeanne Favre, de Fiez au pays de Vaud, où elle est née le 6 octobre 1726. Il décède le 7 janvier 1800 à 73 ans.

Gorgerat David, fils de David dit d’Areuse, baptisé le 17 novembre 1695. Vigneron, ancien d’église, décède très jeune, avant 1731. Il se marie, le 17 décembre 1723, avec Suzanne Vuilloud, d’Areuse, fille de Pierre. Le conseil communal lui accorde une attestation de pauvreté le 1er juillet 1731, vraisemblablement peu après la mort de son mari, puis, par devant notaire, ce contrat est établi pour elle qui recevra, annuellement, 2 écus blancs de gage pendant qu’elle demeurera comme servante chez Pierre, fils de feu Pierre Vuillod (Vuilloud), d’Areuse, résidant à Boudry. Le 21 janvier 1741, désirant mettre ses affaires en ordre, elle obtient une résignation de partage avec ses frères Pierre et Abraham. Elle décède à Boudry le 22 mars 1754.

 

Gorgerat David, dit d’Areuse, fils d’Abraham, vigneron, franc bourgeois de Boudry. Sa maison est sise aux Esserts, au bas du pont de la Ville. Le 2 avril 1687, il s’oblige. L’ancien d’église David Gorgerat échange, en 1701 un champ labourable avec Pierre Jeanneret, du Locle et Madelaine Petouz sa femme. Accord après une clame [7] le 14 février 1705.

reconnaissance de ses biens le 6 décembre 1707,… pour lesdist biens il est tenu de verser au seigneur le cens, soit : 5 copets de froment, huitain, douzain et nonante sixtains ; tiers, quart et nonante sixtains de pot de vin ; dix deniers d’argent lausannois, une obole d’argent baslois et dix deniers trois quart d’argent faible. Probablement après son décès, en 1725, il y a arbitrage en justice entre ses enfants du deuxième et troisième lit. Les 12 et 13 du mois de mars de l’an 1725, Jean-Frédérich et Davis, ses fils, produisent en  justice un acte de partage daté du 18 janvier 1692, pour rétablir les biens et dot de feue leur mère. Il est dit que David vivait encore au tout début de l’année 1725.

 

Gorgerat Abraham, dit des Vermondins, fils de Pierre, bourgeois de Boudry, vigneron. Possède les vignes de Marie Vouga, sa grand-mère. Le 23 décembre 1652, il reconnait 9 ouvriers de vigne et demi. Abraham épouse Perrenon Clottu, fille d’Esayé. Elle  reconnait ses biens personnels à Boudry en 1652. Elle décède avant 1687.

Une clé de voûte du temple de Boudry est armorié Gorgerat, une autre est aux armes du bourg avec la date de l’année 1645.

 

Gorgerat Pierre, fils de Guillaume, bourgeois de Boudry où il est conseiller de commune. En 1623, il reconnait ses bien à lui advenus par héritage, répartis dans cette juridication : à la Buchille six hommes de vigne, autre parchet de vigne à La Forest et un autre à Es Gillettes, encore un au-dessus du chemin qui va au moulin. Il est vigneron et possède une maison avec pressoir à la rue qui va au moulin. Il a aussi eu les biens de Marguerite Boyvin, femme de son grand-père. Le janvier 1630, il achète un closel derrière sa maison. A encore des champs aux Isles, aux Battieux touchant le ruz du Merdasson (ce champ contenait 10 émines de grains), un closel à la Colombière, un pré à la Buchière. 

Il a épousé Madelaine Vouga, de Cortaillod, fille de Jacques, veuve de Pierre. Elle reconnait avec leurs enfants, en indivis, les biens cités ci-dessus et les biens immobiliers de David Mentha ayant passés par sa mère Marie Vouga puis à elle (douaire de sa mère), en terres jouxtant celles de David Vouga.

 

Gorgerat Guillaume, fils d’Antoine. Il est bourgeois de Boudry où il est conseiller de ville. Il a des vignes à Colombier. Comme vigneron, il reconnait des biens le 2 mai 1597. Il est cité lieutenant des troupes fournies à Berne le 10 juin 1589. Son épouse est Clauda Sermant, fille de Pierre.

Est dit de moindre d’asge en 1544, Pierre Gorgerat l’esnel fust son tuteur ainsi qu’Antoine son frère, et hérite de leur père un prel à luy jouxtant l’église de Pontareuse.

Maistre bourgeaois Guillaume Gorgerat crie mercy pour une faute qu’il a commise mais le tribunal le condamne.

Le 12 avril on lui délivre 35 livres faibles pour avoir coupé des chênes pour le pont de Thièle et démoli la tuilerie de Cortaillod

 

Gorgerat Antoine le Jeune, dit des Vermondins et Ponthareuse, fils de Jaiquet, bourgeois de Boudry, vigneron. Le 23 janvier 1534, il fait un partage entre son fils aîné Pierre et ses autres enfants. Décède, encore jeune, avant 1540. Il a épouse NN (probablement Marguerite Boyvin).

 

Gorgerat Jaquet, fils d’Antoine l’Esné, bourgeois de Boudry, riche vigneron, propriétaire de bois, vignes et champs sur le mendement de Boudry. Vit dans la maison de famille au bas du bourg, vers le pont. Il possède pressoir, brantes et gerles.

Après le dimanche des Innocents de l’an 1493, il paie le cense pour lui et ses fils. Les vignes à Brassin lui sont accordées en vendanges (privilège) le 15 août 1527. La même année il achète une chenevière [8]. Accensation lui est faite de vignes le 4 décembre 1520 par le bailli et gouverneur du comté de Neufchastel, Niklaus Halter d’Unterwald. Puis, le 8 décembre 1524, nouvelle accensation pour une pose de boys, par Bernhard Schiesser, de Glaris, bailli du comté de Neufchastel, pose pour laquelle paie le cense annuel de 2 sols et 3 deniers et testons 1/1 d’or, reçus sous scel secret le 10 de mars 1527.

Jaquet est décédé vers 1544. Il a probablement épousé Cherland Perrenon, fille de Collet fils de Claude fils de Jehan, bourgeoise de Boudry. Elle a hérité une terre ayant été achetée pour 10 florins d’or d’Allemagne en l’an 1450.

Jaquet ou Jaques des Vermondins et de Ponthareuse confesse, en ce jour du 10 décembre 1544, publiquement et ouvertement, par son serment donné sur les Saints Evangiles de Dieu, vouloir et devoir estre pour luy et ses hoirs, cohoirs et successeurs, bourgeois dudit Boudri et de mon très redouté et souverain Seigneur.

 

Gorgerat Anthoyne, aussi Gourgerat Anthoyne l’aisné, fils probable de Pierre ou de Jean, bourgeois de Boudry. Epouse inconnue.

 

Vespres aultrement Gorgerat Pierre, fils de Genod Vespray, bourgeois de Boudry où il est cité le 4 avril 1470. Il est encore cité dans un acte du notaire Jehan de Thielle le 10 janvier 1459. Il est vigneron. Son épouse est inconnue.

Vespray alias Courgerat Genod, bourgeois de Boudry, fils de Jaquet Vespray et d’Alixon. Genod est arrière-petit-fils de Jaquet Barat, de Boudri. Epouse inconnue.

Genod des Vermondins, selon les conditions dou lieu reconnaist en l’an du Seigneur courant mil quatre cens quarante et ung le douzième jour de janvier par devant moy Pierre Gruères clerc de l’autorité impériale notayre publique et recepveur des extentes des chastellenies, seigneurie et mandement de Boudri, pour très noble et très puissant seigneur messire Jehan comte de Fribourg (en Brisgau) et de Neufchastel, seigneur de Champlitte, ai reçeu selon la coutume en présence de témoings, Genod Vespray alias Gorgerat bourgeaois de Boudri, venu de son bon gré, franche et libérale volonté, confesse publiquement estre homme bourgeois de Boudri, nommez et appelez de Vermondens et de Ponterouse, selon la nature et condition du lieu ; de mon dit seigneur le comte de Neufchastel à cause de son dit chastel de son dict Boudri, et luy et les siens les possessions suivantes (il y a 12 pages d’inventaire pour le riche propriétaire Gorgerat)… dont : …une maison vigneronne au bourg, au Balaton près de la place de la tonnelle Marfaulx. Le 30 décembre 1450 a acheté une pose de terre pour 10 florins d’Allemagne, une pose de terre à la Buchille vers le petit ruz de Cortaillod, une maison assise au bourg de Boudri touchant devers…

 

Verspray Jaquet, fils de N… et petit-fils de Jaquet Barat, bourgeois de Boudry, vigneron. Le 30 juin 1402, avec sa femme, ils achètent une vigne située « en Condamina », acte signé par devant notaire, en leur logis vers le pont de Boudry. A épousé Alixon,  probablement Gourgerat.

 

NN…, fils de Jaquet Barat.

 

Barat Jaquet, de Boudry, né vers 1300, épouse inconnue.

En l’an de grâce 1343, le comte Louis de Neufchastel, voulat gratifier ceulx de Boudry qui lui avoit entretenu un sien bastard et considérant, d’austre côté que ce lieu est un grand passage où il y avoit un pont, tellement que le chemin de Ponthareuse par où passoit auparavant la vy d’Etraz étoit presque aboli… le comte voulut bien, pour retenir les habitants de ce lieu, leur donner de grandes franchises… ce qu’il fit par un acte en latin et qui contient ce qui suist :

« Moi, Comte Louis de Neufchastel, accorde aux bourgeois de Boudry les mesmes immunités, libertés et coutumes que mes prédessesseurs avoient accordé à ceux de Neufchastel, Je réserve qu’alcun bourgeois ne pourra faire serment à une autre ville et y prendre bourgeoisie sans ma permission. Je les déclare ainsi que leurs successeurs libres et exemptés à perpétuité de toutes tailles et exaction lesquelles choses leur sont promises par serment.

Acte daté du 12 septembre 1343 avec sceau du comte.
Les Gorgerat sont parmi les bénéficiaires de ces libertés
Références : Histoire de Neuchâtel et Valangin de Jonas Boyve
Acte : Aux archives de Boudry (… a disparu depuis…)

Boudry dans les années 1300

Notes

  1. Sources : Feuille d’Avis de Neuchâtel No 170, 123ème année, du 20.07.1888
  2. David Frédéric fut membre des autorités républicaines du district de La Chaux-de-Fonds, photographié dans le livre d’or du cinquantenaire de la République neuchâteloise.
  3. Amie du peintre Léopold-Robert.
  4. Liantain = viorne (viburnum lantana)
  5. Cratte = Corbeille pour cueillir les cerises
  6. Biolle = Bouleau (betula alba)
  7. Clame : opposition, plainte, droit de poursuite exercé par le seigneur (Dictionnaire du parler neuchâtelois et suisse-romand) le 14 février 1705
  8. Chenevière = chanvrière