Bulletin 44 / Août 2011

La Salle des pasteurs à Neuchâtel, rue de la Collégiale 1-3

notes de Françoise Favre

Présentation de François Jacot-Descombes
Samedi 29 janvier 2011, à la suite de l'assemblée générale de la SNG

Après avoir traité les points usuels de l’ordre du jour [1], la présidente Anne-Lise Fischer accueille le pasteur François Jacot, aujourd’hui retraité, qui a exercé son ministère durant dix ans à la collégiale, et qui a accepté de venir nous conter l’histoire du bâtiment et de la salle dans laquelle nous tenons notre assemblée.

L’ensemble des bâtiments 1-3 rue de la Collégiale forme ce qu’on appelle communément « l’immeuble Sandoz-Travers ». Nous nous trouvons dans la Salle des pasteurs, parfois appelée à tort Bibliothèque des pasteurs, qui est actuellement la salle de paroisse de la Collégiale.
L’histoire de cet ensemble et de cette salle est assez compliquée aussi bien au niveau architectural qu’au niveau de ses propriétaires. Il serait trop long d’entrer dans les détails et pour en savoir plus, on peut se référer à l’article de Jean Courvoisier « La maison Sandoz-Travers, 1-3, rue de la Collégiale à Neuchâtel » dans le Musée neuchâtelois 1973, p. 35-46.

La première mention de cette maison remonte à 1359, dans le testament du comte Louis de Neuchâtel.
Une reconnaissance de 1666 prouve que la maison appartient alors à Jeans-François de Neuchâtel, baron de Gorgier. Celui-ci meurt célibataire en 1678 et la succession s’avère d’autant plus difficile qu’il laisse beaucoup de dettes.
En 1682, le receveur Jean-Michel Bergeon en devient le propriétaire. Il fait effacer les armes des barons de Gorgier sur les girouettes et fait graver ses armoiries ainsi que celles de la famille de sa femme, Suzanne Tribolet sur le portail d’entrée, au-dessus de la grille en fer forgée où on peut encore les voir.
Quelques années plus tard, en 1699, le Prince de Conti venu faire valoir ses droits à la succession de la Principauté, logera ici et restera parmi les hôtes célèbres de la maison.
A la mort de Jean-Michel Bergeon (1794), l’immeuble reste la propriété de sa femme, qui décède à son tour en 1718. Son fils Charles-François de Bergeon en devient propriétaire.

En 1746, il cède la maison, les cours et le jardin au conseiller d’Etat Samuel de Meuron qui va entreprendre des travaux importants dans le bâtiment.
Le mariage de sa fille avec Jean-Jacques de Sandoz-Travers, seigneur de Travers, va faire passer la maison dans une autre famille et provoquer un changement d’appellation.

En 1871, après l’extinction des Sandoz-Travers, la maison est acquise par la toute nouvelle Société de l’immeuble Sandoz-Travers, créée par le pasteur Alphonse Petitpierre et les banquier Louis de Pury et Georges Berthoud.
En 1873, lorsque se crée l’Eglise indépendante de l’Etat, l’immeuble va abriter la faculté de théologie indépendante (la « môme » selon le terme familièrement utilisé) et l’année suivante, la salle ou nous sommes va abriter la bibliothèque des pasteurs. 8000 ouvrages viennent remplir les bibliothèques qui sont le long des murs. Aujourd’hui, la bibliothèque des pasteurs se trouve à la faculté de théologie de l’Université de Neuchâtel, au Faubourg de l’hôpital, et les livres que l’on peut encore voir ici ne sont que des doubles.
Depuis 1987, la paroisse de la collégiale s’occupe de l’entretien des bâtiments. On y trouve un bel appartement au 1er étage et cette salle, qui est à disposition de la paroisse et que l’on peut louer pour une fête de famille, une assemblée, un apéro…

Le mur du fond est orné de 3 tableaux qui représentent :

  • à droite, Guillaume Farel, le réformateur de Neuchâtel, qui fut le premier pasteur de la collégiale et y exerça son ministère durant 27 ans.
  • à gauche Jean Frédéric Osterwald, théologien et pasteur de la collégiale au 18e siècle, surtout connu pour la traduction de la bible qu’il a publié en 1844.
  • au milieu, Frédéric Godet, théologien, pasteur et professeur d’exégèse dans la 2e moitié du19e siècle à Neuchâtel.

Après cette intéressante présentation des lieux, la journée se poursuit par un apéro sur place et un repas très convivial au Café de la Collégiale tout proche.

Notes

  1. Le procès-verbal de l’assemblée générale paraitra dans le Bulletin de décembre 2011