Bulletin 45 / Décembre 2011

Pierre-Arnold Borel

par Françoise Favre

Il faut savoir saisir les occasions données et prendre le temps d’adresser sa reconnaissance aux personnes qui nous entourent pour le travail accompli et les services rendus… pendant qu’elles sont encore parmi nous ! C’est à Pierre-Arnold Borel, collaborateur  francophone de l’Annuaire depuis plus de 30 ans ans, ancien vice-président de la SSEG et président d’honneur de la Société neuchâteloise de Généalogie que j’aimerais rendre hommage ici à l’occasion de son 90e anniversaire.

Pierre-Arnold Borel, 90 ans

C’est tout jeune homme qu’il a entamé ses recherches généalogiques et il raconte avec malice que lorsqu’il se rendait aux Archives de l’Etat de Neuchâtel, il y faisait sensation, car à cette époque, seuls quelques notables de plus de 60 ans s’intéressaient à la  généalogie !

Il explique sa passion par le fait qu’il a été orphelin de père alors qu’il n’avait pas encore atteint l’âge d’un an, un événement de sa toute petite enfance qui l’a poussé à la recherche de ses origines familiales.

Adolescent, il allait à Couvet, sa commune d’origine, rendre visite à ses grands-tantes qui lui racontaient l’histoire de sa famille, avec moult détails et anecdotes. Peut-être est-ce de là qu’il tient son merveilleux talent de conteur ?

Cet « incorrigible bavard », comme il se définit lui même, sait faire partager à son auditoire son expérience et ses connaissances tant sur l’histoire du canton de Neuchâtel que sur l’histoire des grandes familles neuchâteloises. Sa mémoire exceptionnelle lui permet de faire revivre aussi bien les anecdotes familiales que les drôles d’aventures qui lui sont arrivées dans sa carrière de généalogiste, et qu’il raconte avec beaucoup de verve et d’humour, suscitant les éclats de rire autour de lui.

Ainsi par exemple ce petit fait vécu lorsqu’il a entamé ses recherches sur les BOREL de Couvet :
« L’officier d’état civil qui m’a reçu a évoqué les sobriquets donnés aux différentes branches des BOREL, ajoutant :
– Il y en a que je n’ose pas vous citer…, ce qui bien sûr a excité ma curiosité et m’a poussé à insister !
– Il y a les « Borel-Gros-Nez », par exemple.
– Et bien Monsieur, j’en suis justement un ! ai-je répondu en montrant mon nez ! Du coup, le brave homme était tout gêné, et moi, je riais bien ! ».

Ou encore cette anecdote qui lui permet d’expliquer le particularisme des communes d’origine en Suisse :
« Il y a quelques années, la vice-présidente du cercle de généalogie de Vichy, dont l’arrière grand-père portait le patronyme de Renaud-dit-Louis, originaire de Rochefort et domicilié aux Grattes, m’a demandé de constituer sa généalogie. J’ai pu relier mon travail aux recherches d’un autre membre de la SNG sur cette famille et j’ai très vite pu répondre à ma correspondante. Etonnée de tant de détails dans un laps de temps aussi court, elle a dit à son entourage : « Ce Borel, c’est un drôle d’oiseau ! En 15 jours, il prétend remonter jusqu’en 1400 ! Il a sûrement inventé une généalogie ! On va aller le confondre… »
Profitant du week-end de Pentecôte, cette dame est venue dans notre canton. Elle s’est arrêtée aux Grattes et a demandé à un monsieur qui travaillait dans son jardin s’il y avait encore des Renaud-dit-Louis dans ce hameau.
– « Oui Madame, et j’en suis un ! »
Lorsqu’elle lui appris que son arrière grand-père était un Renaud-dit-Louis, elle a été invitée à entrer pour boire un café. Ils ont fait plus ample connaissance et le monsieur a sorti d’un buffet un arbre généalogique… sur lequel la dame toute surprise a trouvé le nom de son arrière grand-père ! Et l’arbre remontait jusqu’au 15e siècle ! Ce Borel avait donc dit vrai !
Nous avions rendez-vous le lendemain, et quand je lui ai expliqué comment j’avais fait mes recherches, ses soupçons se sont envolés ! Nous sommes devenus amis, et par la suite, elle m’a invité au Congrès national de généalogie qui avait lieu à Vichy pour y faire un exposé sur les communes d’origine dans le droit suisse. »

Pierre-Arnold Borel, c’est aussi un monument de littérature généalogique !
Quand je vais à la bibliothèque du Locle et que je regarde les mètres d’étagères sur lesquelles sont alignés les brochures signées Pierre-Arnold Borel et Jacqueline de Rougemont (son épouse et fidèle secrétaire) je suis admirative !  Quelle somme de travail il y a là ! Quelle importante contribution à l’histoire de notre coin de pays !

Tout ce qu’il a fait, il l’a fait par passion. Et quand il parle de généalogie, il insiste :
– « La généalogie ne consiste pas à aligner le plus grand nombre d’individus par ordre chronologique, mais à retrouver et raconter l’histoire de sa famille. Il faut « habiller son arbre », aller voir sur place, faire revivre nos ancêtres ».

C’est lui qui, dans un cours donné à l’Université populaire, m’a initiée à la généalogie en Suisse, et je lui en suis très reconnaissante. Aujourd’hui, il ne peut plus aller aux Archives de l’Etat de Neuchâtel. Mais c’est avec plaisir que j’y vais pour lui, pour faire des recherches complémentaires ou vérifier ses sources ; c’est avec plaisir que j’ai travaillé avec lui pour accorder ses recherches concernant les Miéville de Colombier avec les recherches de Ulla Miéville-Müller en Allemagne, et pour mettre le tout en forme. 

Un grand MERCI donc à Pierre-Arnold Borel et à son épouse pour tout ce qu’ils ont apporté à la généalogie neuchâteloise !