Bulletin 48 / Mai 2013

Les Barrelet, leurs alliés et J-J Rousseau
Le Consistoire, les nobles Abbayes de Mousquetaires

par Louis Barrelet

Jean-Jacques Rousseau (1712 – 1778) a séjourné au Val-de-Travers, à Môtiers, du 10 juillet 1762 à septembre 1765.

Il reçoit la nationalité neuchâteloise le 16 avril 1763, renonce à sa citoyenneté genevoise le 22 mai. Le 1er janvier 1765, il est fait communier de Couvet.

La filiation suivie des Barrelet de Boveresse commence avec les frères Guyot, vivant 1423, et Villemain Barrelet, vivant 1453. Première orthographe du nom : Barrellet, Barrillet.

1ère mention dans la région : Johannus dictus Barrillet de la Fraisse en 1330 témoin pour les frontières.

Les armoiries des deux lignées sont principalement d’azur, à une croix latine renversée accompagnée en chef de deux deux compas ouverte en chevrons, le tout d’or support. 1 ou 2 griffons

Ceux qui ont côtoyé ou bien connu Rousseau sont les descendants de Jacob Barrelet allié Boy de la Tour (lignée aînée) et de Abram Barrelet Bugnard (1659-1738/39) allié Dubied (ligne cadette). Le surnom de Bugnard porté sporadiquement, 1662 à 1816.

Un proche de Jacob Barrelet sera lieutenant (Timothée) Barrelet, qui porte les armoiries suivants : d’azur à l’ancre d’argen au chef d’or chargé de trois étoiles d’argent, supportant deux chats noirs, et qui est l’ancêtre des Barrelet, en Russie jusqu’à la révolution, lesquels portèrent ouvertement d’azur à une croix grecque accompagnée en chef de deux compas ouverts en chevrons, le tout d’or.

Extrait de la lettre (No 4207) « Le Consistoire admonitif à Rousseau » (le 28 mars 1765) : Le Vénérable Consistoire de Môtiers, Travers et Boveresse assemblé dimanche 24 courant avec pour objet les « Lettres écrites de la Montagne » lui demande de paraître payr devant le Consistoire le vendredi 29 du courant à onze heures du matin dans la Maison de Cure où il sera assemblé… propositions qu’il a avancées dans son livre qui blessent et attaquent l’Évangile et le Christianisme.

Le pasteur Frédéric-Guillaume de Montmollin (1709-3-1783) avait avant complété par l’élection de deux Anciens qu’il savait ou croyait lui être dévoués. Le châtelain Jacques Frédéric Martinet (1713-1789) se serait opposé en vain à la citation, la quelle aurait été datée du 28.

Par lettre (No 4220) « quatre Anciens du Consistoire admonitif de Môtiers au Conseil d’Etat de Neuchâtel » le 30 mars 1765, craignant d’outrepasser le devoir de leur Charge, s’adressèrent au Conseil d’État par une Requête demandant s’ils étaient appelés à sévir et scruter les errances de la Foi.

Le Conseil décida, … arrêt du 1er Avril, portant que les Consistoires n’ont point le droit de traiter les Matières de Foi. Le 30 mars 1765 les Anciens soussignés : Abram Favre, A. H. Bezençenet, L. Barrelet, A.J Renaud.

Lettre (No 4228) « Le lieutenant-colonel Abram Pury à Rousseau lundi 1er avril 1765 : La requête des Anciens a fait merveille, votre afaire personnelle s’est amalgamée on ne peut mieux à la cause de ces estimables Anciens, cette requête était bien faite : la conduite de ces braves Gens est généralement approuvée, et vos opposants les plus opiniatres se déclarent hautement aujourd’hui contre la scandaleuse de vendredi passé.

Le Conseil d’Etat a approuvé la conduite du Châtelain et des 4 Anciens ci-dessus.

Extrait du discours du lieutenant Frédéric Guyenet, avril-mai 1765 : Je viens d’apprendre que Monsieur Rousseau n’est pas le seul ici qu’on attaque, que MM les Anciens Favre, Bezencenet, Barrelet, Jeanrenaud l’aîné sont exposés à de fréquents mauvais propos, à des menaces mêmes … Leur sage conduite a mérité l’approbation distinguée du gouvernement & les éloges de tous les honnêtes gens.

Extrait de la lettre (No 4482) « George Keith, comte maréchal d’Ecosse à Samuel Meuron : … la bête est visiblement le Colonel Pury, les 7 montagnes sont Meuron, Martinet, les 4 Anciens et du Peyrou…« 

Le 13 juin 1765 et le 15 juin 1765, même extrait de Samuel Meuron à Rousseau.

Abraham (de) Pury (1724-1807), au service de Sardaigne, en 1748 lieutenant-colonel des milices du Val-de-Travers, conseiller d’Etat 1765 et 1779, avec Rousseau à Monlési.

Jacques Frédéric Martinet (1713-1789), procureur de Valangin en 1742, châtelain du Val-de-Travers, devait être nommé conseiller d’État en 1764.

Samuel (de) Meuron (1703-1777), conseiller d’État 1739 et 1769, commissaire général 1750-1764, procureur général 1764-1767, partisan de Rousseau dans sa lutte l’opposant aux pasteurs de la principauté, cousin d’Abraham de Pury, petit cousin de Sara Favre-Meuron bisaïeule de Judith-Anne Rosset, femme de David Barrelet, cousinage aussi avec Marie Henriette Barrelet-Meuron.

Pierre-Alexandre du Peyrou (1729-1794), connaissance de Rousseau dès 1762, auteur de la lettre de Goa, reçue aussi par les 4 Anciens, épousa la fille d’Abraham Pury.

Les 4 Anciens, voir généalogie, A.M. Bezencenet (1724-1798), Abraham Favre (1700-1768), L. Barrelet (1727-1800), Abr. Jeanrenaud (+1767).

Isabelle d’Ivernois (1735-1797), fille de Guillaume-Pierre, descendante de Claude d’Ivernois (d’Yvernois) (1538-1617) et de Guillama Barrelet fille de messire Pierre Barrelet, curé de Travers et agent secret de MM. De Berne. (cf. Bulletin SNG No 36, décembre 2008). Un fils de Pierre Barrelet a été momentanément propriétaire de la future maison Rousseau dans le dernier quart du XVIème siècle.

Isabelle, bonne connaissance, citée dans les Confessions de Rousseau, avait épousé en 1764 Frédéric Guyenet (1737-1776) receveur et lieutenant civil dont la soeur Louise Guyenet épouse le receveur Pierre-Abram Borrel beau-père du pasteur Abram Barrelet de Boveresse, bourgeois d’honneur des Ponts-de-Martel et bourgeois de Neuchâtel en 1794. Isabelle et son beau-frère seront propriétaires de la maison Rousseau en 1785-1786.

Frédéric-Guillaume de Montmollin (1709-1783), pasteur de Môtiers-Boveresse, professeur, chapelain du Roi Sa fille aînée Elisabeth-Marguerite épousa en 1767 Charles-Guillaume d’Ivernois (1731-1819), frère d’Isabelle.

George Keith dit Mylord Maréchal (1686-1778), 10e comte maréchal de nom, Ecossais de naissance, au service du roi d’Espagne jusqu’en 1733, du roi de Prusse dès 1747, gourverneur de la Principauté de Neuchâtel en 1754.

Extrait de la lettre (No 3334) d’Abraham-Henri Bezencenet à Rousseau : Boveresse, 9 juin 1764 … la reconnaissance sur les armes m’ait favorisé d’une pièce marquée du nom du Grand Rousseau pour que j’en sois tout glorieux; ce nom qui y est gravé & qui remplit tout ceux qui le connaissent de respect, d’attachement & d’admiration me fait sentir qu’elle n’a point de prix, et je la conserverai toute ma vie précieusement.

En juin 1764 Rousseau annonce qu’il se retire, puis qu’il ne se retire pas de la Noble Abbaye des Mousquetaires de Môtiers.

Plat d’étain donné comme prix en 1764 par J.J. Rousseau à l’Abbaye de Môtiers. ce prix fut y remporté par Abr. H. Bezencenet et conservé par son fils Abr. H. Bezencenet lieutenant civil. A la mort de celui-ci qui ne laissait pas d’enfant, eut lieu la vente de son mobilier, et ce plat fut adjugé au plus offrant, Louis Barrelet-Vouga, mon beau-frère qui m’en a fait don à Môtiers, le 15 mai 1863, ce que je confirme par ma signature, Frédéric Troyon.

Nota Bene

Les familles qualifiées nobles collatérales de nom autre que de lieu portèrent la particule tardivement au XVIIIème siècle ou après l’époque de Napoléon.

En pays neuchâtelois, le prénom biblique Abraham devint Abram principalement au milieu du XVIIIème siècle.

Bibliographie

Correspondance complète de Jean-Jacques Rousseau, par le prof. R.A.Leigh, Genève-Oxford, 1965-1998.

Des pierres dans mon jardin, les années neuchâteloises de Jean-Jacques Rousseau et la crise de 1765, par Frédéric Eigeldinger, Paris-Genève 1992.

Thèse … Eigeldinger

Dictionnaire de Jean-Jacques Rousseau, publié sous la direction de Raymond Trousron et Frédéric Eigeldinger, éditions Champion, Paris 1996.

Annuaire de la Société d’études généalogiques – SGFF Jahrbuch 1974.

Un plat d’était de J.J. Rousseau et ses possesseurs successifs (familles Besancenet et Barrelet, de Boveresse), par Louis Barrelet, Neuchâtel.

La famille BArrelet, 1424-1912 par Léon Montandon, Georges Wavre et Jules Barrelet, Neuchâtel 1920.

Jean-Louis Barrelet, homme d’Etat, Biographie et ascendances par Isabelle Jeannin et Loïs Barrelet, éd. Attinger, Hauterive, 2011.