Bulletin 60 / Décembre 2019

La psychogénéalogie
Conférence de Rosemonde Rossel

Notes de Françoise Favre

Lundi 4 mars 2019, à 19h30, à l'Hôtel des Associations à Neuchâtel

C’est devant une assemblée particulièrement nombreuse que notre présidente, Anne-Lise Fischer, accueille ce soir Rosemonde Rossel, qui vient nous présenter un autre regard sur la généalogie. Rosemonde Rossel se définit elle même comme « multitâche », pratiquant des activités diverses et multiples : au bénéfice d’une formation d’employée de commerce, elle est directrice d’une institution accueillant des femmes victimes de violences, elle est formatrice en développement personnel, praticienne en psychogénéalogie, animatrice d’ateliers… 

Qu’est-ce que la psychogénéalogie ?

La psychogénéalogie se situe à la croisée de la généalogie et de la psychologie du comportement personnel. Elle observe de quelle manière le vécu de nos ancêtres peut influencer aujourd’hui notre fonctionnement personnel et nos choix ; comment le poids du passé peut peser sur notre présent – le plus souvent de façon inconsciente – mais sans aucun déterminisme (elle insistera à plusieurs reprises sur ce point). Dans une même fratrie, avec le même vécu et la même histoire familiale, les enfants n’auront pas le même ressenti. L’un sentira un poids peser sur lui, l’autre pas.

La psychogénéalogie intervient pour démêler un blocage dans notre vie actuelle en explorant l’histoire familiale à partir de son arbre généalogique. Cet arbre sera ensuite examiné et analysé à travers le prisme des émotions, parce que ce sont les ressentis qui sont les plus marquants. On pourra alors s’efforcer de mettre du sens à son propre vécu.

La psychogénéalogie s’intéresse d’abord aux transmissions psychiques d’une génération à l’autre, aux répétitions, aux non-dit ou aux secrets de famille, aux dettes inconscientes (« après tout ce que j’ai fait pour toi… »), aux loyautés familiales (le devoir de reprendre l’entreprise ou le domaine familial,…), aux désirs et aux rêves non réalisés (comme de n’avoir pas pu avoir d’enfants), aux projets inachevés, aux traumatismes et aux stress importants (guerre, accident, abus ou maltraitance …). Cette transmission passe par l’éducation, la culture familiale, la pratique religieuse, l’environnement.

Le processus

Le premier outil de travail, c’est le génogramme, c’est-à-dire un arbre généalogique détaillé et commenté. La personne consultante dessine de mémoire son arbre généalogique : où elle se place et comment elle voit sa famille. Sur cet arbre, on va tout d’abord noter les dates, toutes les dates, positives et négatives : naissances, mariages, examens réussis ou ratés, déménagements, accidents, etc. Puis, viennent s’ajouter des personnes marquantes, mais qui ne font pas partie de la famille (parrains et marraines, amis…). La praticienne va s’intéresser aux relations qu’il y a entre les personnes dans cet arbre. Par son questionnement, elle va mettre le doigt sur les oublis ou les manques, et repérer les évènements marquants (drame familial, héritage conflictuel…) ; elle va faire parler les prénoms et ce qu’ils disent de l’histoire familiale : d’où vient le prénom, qui l’a choisi, prénom « hommage » ou prénom « obligatoire »… Tout en racontant l’histoire familiale, elle va aider la personne consultante à établir des liens avec ce qui la préoccupe, à définir ses besoins, à identifier sa souffrance et à mettre des mots sur son ressenti.

Mais on ne peut pas « réparer » son arbre. Ce qui est fait est fait. De même il est vain de penser qu’on ne pourrait transmettre que « du bien », du positif à nos descendants. La psychogénéalogie, c’est un travail que l’on fait sur soi-même, pour se comprendre et pour accepter sa filiation et ses origines, la famille qu’on a eu, son histoire familiale avec ses points positifs et négatifs. Accepter ce qui ne peut être changé et comprendre qu’il n’y a pas de déterminisme. Accepter sa part de responsabilité, c’est-à-dire « faire avec » et choisir sa propre vie. Comprendre que rien ne peut nous empêcher de progresser, de « guérir » de nos maux. Apprendre à dire au lieu de taire, à exprimer ses émotions, à ne pas se laisser influencer par le regard des autres.

Conclusion

La psychogénéalogie permet de mieux se connaître, de mieux se comprendre, en explorant ses racines familiales – le passé – pour vivre maintenant. Et le mot de la fin revient à Woody Allen qui disait : « L’avenir est la seule chose qui m’intéresse car je compte bien y passer les prochaines années »

Bibliographie

  • Anne Ancelin Schützenberger : Aïe mes aïeux !
  • Anne Ancelin Schützenberger : Le plaisir de vivre – Payot
  • Serge Tisseron : Secret de famille, mode d’emploi
  • Chantal Rialland :  Cette famille qui vit en nous – Editions Marabout