Bulletin 61 / Octobre 2020

Du Mittelland bernois au Val-de-Travers
Famille Stucki de Münsingen BE

par Albert Liechti, Hagneck et Michel Lebeau, Le Grand-Saconnex

M. Michel Lebeau, du Grand-Saconnex GE, s’intéresse à ses ancêtres bernois: Pourquoi une famille Stucki, originaire de Münsingen, dans le Mittelland bernois, a-t-elle émigré au 18ème siècle dans le Jura neuchâtelois ?

La grande paroisse de Münsingen englobe plusieurs communes, dans lesquelles le patronyme Stucki figure depuis des siècles. C’est ainsi qu’au 18ème siècle des familles du nom de Stucki sont présentes dans le village de Münsingen, à Ballenbüel (commune de Gysenstein), à Tonisbach (Ursellen), à Tägertschi et à Häutligen. C’est une gageure de vouloir distinguer une famille Stucki particulière parmi tant d’entre elles. Pour cela on peut consulter les registres paroissiaux (mariages, baptêmes et décès) téléchargeables par internet depuis les Archives d’État de Berne (StABE) [1]. On s’intéresse dans notre cas à la famille de Hans Stucki et Christina Gäumann, qui habitait le village de Münsingen – mais à la même époque existait au même lieu la famille de Hans Stucki et Anna Gäumann, dont deux enfants qui n’étaient plus en vie à la conclusion d’un contrat de mariage où le couple est cité [2]. Il y a donc risque de confusion si l’on ne tient pas compte du prénom de l’épouse.

Comme à Münsingen les familles sont souvent distinguées par un surnom, il est possible dans le cas susmentionné de distinguer les ancêtres de notre Hans Stucki. Cette famille portait à Münsingen le surnom de Küpfer; ce qui conduit vraisemblablement à des relations de parenté avec l’une des familles portant ce nom. Une possibilité d’explication existe, par le baptême de Hans le 22 janvier 1669 comme premier enfant de Hans Stucki (2512*?) et de Barbara Stucki (2513*?) Ce couple était le deuxième à contracter mariage le 11 septembre 1668 à Münsingen: le premier couple était Christen Stucki (5024*?) et Ursula Küpfer. Il est écrit « père et fils ». Si cela se confirme, Ursula Küpfer aurait été la seconde femme du grand-père du Hans qui suit :

1256* et 1257* Hans Stucki & Verena Gammenthaler, de Münsingen, dénommé Küpfer, origine inconnue

Münsingen 22.01.1706   mariage Hans Stucki et Verena Gammenthaler

Münsingen 15.11.1706~ Christen

Münsingen 01.12.1709~ Albrecht    23.02.1751 ✞ Albrecht Stucki, cél., alias Küpfer

Münsingen  02.09.1712~ Hans (628*) => 1738 mariage avec Christina Gäumann (629*)

Münsingen 25.08.1715~ Uli    ✞ (décédé tôt, l’enfant suivant est aussi nommé Uli)

Münsingen 20.09.1716~ Uli    30.01.1751 ✞ Uli Stucki,  cél. fs de Hans dit Küpfer

Lieu et date inconnus~ Madlena 04.04.1728 ✞ Madleni Stucki, enfant de Hans, dénommé Küpfer

Münsingen 18.12.1722~ Verena

Münsingen 14.05.1724~ Anna      1748 mariage avec Hans Küpfer, taupier

Münsingen 17.01.1737✞ Vreni Gammeter, femme de Hans Stucki Küpfer

Münsingen 14.03.1740✞ Hans Stucki dénommé Küpfer, chef de famille, 70 ans, de Münsingen

Le nom de l’épouse de Hans Stucki « dénommé Küpfer » sera noté différemment : d’abord Gammenthaler, ensuite après 1724 Gammeter. Ceci pourrait s’expliquer par le changement de pasteur. Johannes Stapfer était en charge depuis 1722, et il interprétait le nom de famille de la femme de Hans Stucki différemment de son prédécesseur le pasteur Emanuel Zender. Les origines de Verena Gammeter sont inconnues ; cette famille était alors présente principalement à Lützelflüh et à Berthoud, la famille Gammenthaler à Sumiswald. Le baptême de leur fille Madlena doit avoir été célébré dans une autre paroisse; on ne le trouve pas à Münsingen. L’âge de la jeune Madleni manque malheureusement dans le registre des décès.

Par Hans, né en 1712, la filiation de la famille continue. Il épouse à 26 ans Christina Gäumann et perpétue le surnom de « Küpfer ». Le lendemain de la noce, notre Hans a dû comparaître avec dix compères devant le consistoire, au motif que récemment, il avait bruyamment festoyé un dimanche soir et provoqué un fâcheux tapage nocturne. Chacun des fêtards avait dû payer une lourde amende d’une livre et dix kreutzer [3].

628* et 629 * Hans Stucki de Müsingen & Christina Gäumann de Häutligen alias Küpfer Münsingen 18.07.1738    mariage de Hans Stucki dit Küpfer d’ici et Christina Gäumann de Häutligen Münsingen 15.05.1739~   Ludwig   émigré, lieu inconnu Münsingen 28.02.1745~   Hans (314*)  => 1771 mariage avec Anna Beyeler (315*) Münsingen 19.04.1748~   Christen    03.05.1759 ✞ Christen, garçon de Hans Stucki de Münsingen Münsingen 08.12.1758  ~ Niklaus 1784 mariage avec Maria Elisabeth Beyeler Travers 10.11.1772    ✞ Jean Chetoquet Môtiers 04.04. 1784   ✞ Christina Gäumann, veuve de feu Hans Stucki

Concernant l’épouse, il s’agit de la Christina baptisée le 4 juin 1713 à Münsingen, et dont les parents sont Hans Gäumann (1258*) et Christina Gosteli (1259*). Le registre des décès ne mentionne malheureusement pas l’âge du fils Christen, manque également la précision « Küpfer » pourtant souvent adjointe. Après la mort des parents ne sont nommés dans le partage que les trois fils Ludwig, Hans et Niklaus. A noter que le prénom de Ludwig n’est presque jamais donné à Münsingen, ce qui est particulièrement précieux pour la reconstitution de la famille.

En 1754, Hans Stucki et le tanneur Heinrich Duband sont convoqués devant le consistoire, pour s’être battus [4]. Nous n’avons par ailleurs aucune indication du caractère de Hans Stucki: son adversaire Duband est réputé querelleur, il a été condamné plusieurs fois pour des actes de violence commis à l’égard de son épouse. Deux ans plus tard le consistoire fait remontrance à Hans Stucki pour avoir proféré de grossiers jurons, après qu’un orage de grêle lui a causé des dommages [5]. On pourrait en déduire que le chef de famille se trouve en difficultés économiques. Ces jurons seraient dus davantage à ces difficultés, aggravées par les dégâts de grêle, qu’à un mauvais caractère.

Hans Stucki ne figure pas sur la liste du pasteur dans laquelle sont régulièrement notés les petits dons pour les pauvres de la paroisse [6]. Ces pauvres sont principalement des miséreux, des malades ou des infirmes. Hans Stucki devait pourtant certainement se débattre contre des difficultés financières. Dans les actes notariés apparaît plusieurs fois « Hans Stucki, assesseur de justice, habitant au bord du ruisseau dans le village de Münsingen », surtout comme débiteur. De ces données nous retenons aussi l’information qu’il est un des jurés au tribunal de basse justice (« Gerichtsäss »). Il y avait certainement alors à Münsingen plusieurs personnes du nom de Hans Stucki; mais comme l’épouse est citée dans le cinquième contrat ci-après, il est certain qu’il s’agit de notre Hans :

1757 Reconnaissance de dette de 8’000 livres, débiteur Hans Stucki contre un billet de justice du 5 mars 1756 [7]
1758 Reconnaissance de dette de 1’000 livres, débiteur Hans Stucki contre un billet de justice du 5 mars 1756 [8]
1758 Lettre de gage de 9’000 livres, Noël 1737 : acheteurs Hans Stucki et Hans Möschberger [9]
1760 Contrat d’acquisition de 120 couronnes. Hans Stucki achète une parcelle de terrain à Michel Stauffer [10]
1761 Reconnaissance de dette de 1’500 livres, débiteurs Hans Stucki l’assesseur et sa femme Christina Gäumann [11]

Il serait intéressant de consulter le jugement du 5 mars 1756 aux Archives d’État [12]. Selon les données de la reconnaissance de dette de 1757, Hans Stucki avait besoin d’une somme de 3’100 livres. Pourquoi cela ? La reconnaissance de dette de 1761 révèle la situation financière de Hans Stucki. Daniel Fruting, bourgeois de Berne et pasteur de Vechigen, était disposé à lui prêter un capital de 1’500 livres. Comme garantie servait la maison presque neuve, près du ruisseau à Münsingen, avec grange, fournil séparé, cellier aménagé dans la cave, cour de ferme et potager, ainsi que 21 diverses parcelles de prés et champs. Tous ces biens sont évalués par des experts à 15’000 livres. Des dettes s’élèvent en regard à 8’000 plus 1’000 livres ainsi que la moitié de la dot de 400 livres apportée par Christina Gäumann, ce qui fait un total de 9’200 livres. Avec les 1’500 livres supplémentaires du pasteur Fruting on obtient un endettement considérable.

Par deux fois un certificat d’origine a été établi, ce qui pourrait nous intéresser [13] : car l’établissement d’un tel certificat était nécessaire si l’on voulait quitter la commune. Le 5 novembre 1758 pour Hans Stucki de ce lieu (i.e. Münsingen) ensemble avec sa fratrie, de même que le 2 juin 1765 pour Hans Stucki de Münsingen. Malheureusement dans les deux cas le sobriquet de Küpfer n’est pas mentionné. Le certificat de 1758 pourrait être attribué à la famille de Hans et ses frères et sœurs encore vivants Christen, Verena et Anna.

Les listes de confirmants [14] ont été consultées. Les jeunes étaient confirmés à l’âge de 15 ans. Comme le fils Christen est mort à 11 ans, on s’attend à trouver les confirmants Ludwig, Hans et Niklaus; mais pour notre famille il n’y a que:

Confirmation de Pâques 1754 : Ludi Stucki, dit Küpfer, de ce lieu (i.e. Münsingen)

Confirmation de Noël 1759 : Hs. Stucki (Küpfers) filig

Ceci signifie que le fils cadet Niklaus n’a pas été confirmé à Münsingen, parce que la famille était déjà partie. Bien que ni le certificat d’origine ni la liste de confirmants ne donnent d’information précise, la famille doit avoir quitté son village de Münsingen en 1762 ou peu après.

De nouveaux faits émergent avec le décès du père le 11 novembre 1772 au Val-de-Travers. Sa femme avait bénéficié de l’aide du tuteur Hans Frey, la facture acquittait Christina Gäumann, la veuve de l’assesseur Hans Stucki de Münsingen, parti déjà depuis quelques années, « Vergeltstageter« , désormais décédé » [15]. Que signifient ces informations?

Un « Vergeltstageter » était un chef de famille tombé en faillite (voir remarque ci-après). Hans Stucki n’a pas connu la ruine financière à Münsingen, on n’y a rien d’enregistré [16], mais dans un autre lieu du canton de Berne, que nous ne connaissons pas à ce jour. L’expression « ausgetretten » (parti) signifie qu’après une faillite on était de fait obligé de disparaître de l’État de Berne. C’est ainsi qu’on rencontre beaucoup de Bernois ruinés dans le Jura (alors sous juridiction de l’évêque de Bâle), en Alsace, à Montbéliard et même dans la Principauté de Neuchâtel.

La clarté complète sur la situation de famille est apportée par le partage après décès de la mère, Christina Gäumann, le 4 avril 1784 à Môtiers [17]. On y nomme trois fils de Hans Stucki et Christina Gäumann: les deux cadets Hans et Niklaus habitent le pays de Neuchâtel, le fils aîné, dont le prénom Ludwig est extrêmement rare à Münsingen, se trouve déjà depuis de nombreuses années à l’étranger en un lieu inconnu. Au 18ème siècle existent plusieurs familles à Münsingen, dont le chef de famille se nomme Hans Stucki. Même parmi celles-ci, il y a en a encore où la mère est née Gäumann. Il n’existe par contre qu’une seule famille de Hans Stucki et Christina Gäumann, dont le fils a été baptisé sous le nom de Ludwig. Ceci est notre élément de preuve indubitable!

Hans Stucki s’est encore arrêté après son départ de Münsingen dans au moins un lieu inconnu, où son fils Niklaus a été confirmé, et où le père a fait faillite. Ludwig, le fils aîné, était parti à l’étranger. Il est possible que Hans, le fils puiné, soit parti pour Môtiers avant la faillite de son père. Par ses qualités, le jeune homme y est devenu le fermier du Colonel de Pury.

On peut se demander pourquoi Hans Stucki fils s’est précisément établi au Val-de-Travers. Le mariage à Münsingen le 30 janvier 1738 de Niklaus Stucki, de Ballenbühl, et Anna Gaillet, de Môtiers, nous fournit une explication. Précisément à l’époque du mariage du père Hans Stucki, Niklaus Stucki, cet habitant du Mittelland bernois, appartenant à une autre branche de la famille Stucki, mais certainement bien connu de notre Hans, arrive dans le Jura neuchâtelois. Des rapports entre Münsingen et Môtiers existaient donc déjà. D’ailleurs, vers 1800 on trouve une famille Stucki originaire du Ballenbühl à Engollon, au Val-de-Ruz, NE.

Hans Stucki le père a fait faillite dans un lieu inconnu (à ce jour). Comme la dot de son épouse était protégée, elle a obtenu à Münsingen, sa commune d’origine, un tuteur pour administrer ses ressources pécuniaires. Quand les Archives d’État seront à nouveau accessibles, les volumes précédents des comptes de tutelle [18] pourront être consultés : On y trouvera probablement des informations sur le lieu de la faillite. Comme paysan ruiné, Hans Stucki père a été obligé de quitter précipitamment le pays. Son fils puiné était déjà établi à Môtiers, ce qui constituait un refuge idéal pour les parents.

Il reste à présenter la génération suivante, les familles des frères Hans et Niklaus au Val-de-Travers. Le recoupement avec les mariages et les baptêmes des parents Hans Stucki et Anna Beyeler produit d’abord une confusion à cause d’un cas très rare: presque simultanément apparaît dans la région de Berne un couple avec exactement les mêmes noms.

Hans Stucki & Anna Beyeler

Stettlen    14.03.1771  mariage Johann Stucki de Münsingen, fifre au Guet & Anna Beyeler de Wahlern
Berne   28.09.1775  ~ Anna
Berne 15.06.1777 ~ Katharina

Ce Hans Stucki a dû emprunter de l’argent et le contrat correspondant [19] indique son lieu d’origine : débiteur de 200 livres, Hans Stucki le jeune, de Ballenbühl, seigneurie de Wyl et paroisse de Münsingen, à présent au Guet de Berne. Son père est Niklaus Stucki de Ballenbühl. Les baptêmes des enfants du couple ont lieu à la Collégiale de Berne.

Retournons maintenant à notre Hans Stucki, fermier de Monsieur le Colonel de Pury:

314* et 315*                Hans Stucki & Anna Beyeler de Münsingen      de Wahlern,

Schwarzenbourg.

Travers   23.02.1771  mariage de Jean, fils de Jean Stoquet de Muntziguen et Annelet, fille de Jean Beiller
Wahlern  18.04.1771  ~ Barbara: naissance deux mois après le mariage, voir remarque plus loin.
Môtiers 06.02.1772 ~ Marianne
Môtiers 24.04.1773 ~ Jonas Friederich
Môtiers 04.12.1774 ~ Alexander           12.11.1791 ✞ garçon de Jean Stouky, 17 ans
Môtiers 23.12.1775 ~ Jonas Ludwig
Môtiers 15.03.1777 ~ Heinrich Ludwig
Môtiers  13.06.1778  ~ Susanna Maria (157*)      => 1798 épouse Jean Jacques Henri Leuba (156*)
Môtiers 02.12.1779 ~ Henriette Alexandrine

Le premier baptême a eu lieu dans le village de la mère. Deux mois après le mariage, Anna est allée en effet accoucher discrètement chez des parents à Wahlern pour éviter la rumeur locale à Môtiers. Que Hans Stucki et Anna Beyeler se soient connus dans la région de Schwarzenbourg ne colle pas. Parmi les parrains-marraines de leurs enfants, on trouve des frères et soeurs de la mère, qui ne figurent pas au préalable dans les baptêmes de Wahlern pour la famille Beyeler : Ludwig et Christina (parrain et marraine 1772) et Abraham (parrain 1778). Voici les données sur la famille à Wahlern

630* et 631*          Hans Beyeler & Anna Jutzeler
Wahlern 19.11.1739                       mariage Hans Beyeler et Anni Jutzeler
Wahlern 18.09.1740                       ~ Barbara
Wahlern 23.06.1743                       ~ Uli
Wahlern   10.10.1745  ~ Anna (315*)         => 1771 mariage avec Hans Stucki (elle a 26 ans)
Wahlern 29.01.1747 ~ Elsa
Wahlern 27.10.1748 ~ Christina

A ce moment les baptêmes n’ont plus lieu à Wahlern. On y trouve bien la marraine Christina, mais plus Ludwig ni Abraham. La situation s’éclaire si l’on consulte un registre séparé : Baptisés à l’extérieur [20]. Et là réapparaît le parrain Abraham.

Couvet 20.10.1753  ~ Abraham Heinrich
Couvet 10.04.1756  ~ Hans Friedrich
Couvet 20.05.1758  ~ Susanna Margaritha
Couvet 23.02.1760  ~ Maria Elisabeth

La famille Beyeler apparaît donc déjà dans le Jura neuchâtelois en 1753, alors que la famille Stucki s’apprêtait à quitter Münsingen (1762 ou peu après). Hans Stucki a connu son épouse Anna Beyeler au Val-de-Travers après qu’il a quitté ses parents et trouvé du travail chez le Colonel de Pury.

En complément, voici la situation de la famille du frère cadet Niklaus :

Niklaus Stucki & Maria Elisabeth Beyeler

fils de Hans, de Münsingen de Schwarzenbourg 

Môtiers 31.01.1784 mariage (13 ans après son frère Hans)
Couvet 23.02.1785  ~ Maria
Môtiers 15.98.1786 ~ Henriette
Môtiers 09.09.1788 ~ Alexander
Môtiers 20.04.1791 ~  Friedrich Ludwig, épou­se Henriette Nicoud
Môtiers 22.02.1794 ~ Maria Ester
Môtiers 09.08.1796 ~ Heinrich Ludwig
Môtiers 09.03.1799 ~ Charlotte Emilie
Môtiers       20.08.1813  ~ Heinrich August

Conclusion héraldique

Nous ignorons si les Stucki présents aujourd’hui à Neuchâtel sont tous descendants des frères Hans et Niklaus. Des armoiries parlantes, un peu naïves et inspirées d’armoiries bernoises [21], figurent déjà en 1808 dans l’Armorial de la Noble Compagnie des Mousquetaires de la Ville de Neuchâtel 1608-1898 [22], et témoignent de l’intégration de la famille dans la société locale, même si l’ (Artilleur ou Arthur) Stucki, admis dans la Noble Compagnie, est noté non Bour, i.e. non bourgeois. Cet écu figurait dans le décor armorié du Café des Halles, place du Marché à Neuchâtel dans les années 1980.

Nous adressons de vifs remerciements à Monsieur Nicolas Barras, suppléant de l’archiviste de l’État, collaborateur scientifique de langue française aux Archives de l’État de Berne, pour ses précieuses indications et pour la traduction de termes anciens.

La version allemande de cet article sera publiée dans bulletin (Mitteilungsblatt) Nr. 59 (juin 2020) de la Société généalogique bernoise GHGB.

Notes

  1.  * numéros Sosa-Stradonitz de la généalogie Lebeau
    StABE C Staatliche Sammlungen, Kirchenbücher, K Münsingen
  2. StABE K Münsingen 7 15.02.1732 Mariage de Hans Stucki de Münsingen (nommé Lohner) et Anna Gäumann de Tägertschi. Ainsi que
    StABE Bez Konolfingen A 475 Testamentenbücher Münsingen Vol. 1 (1759-1797) p. 33-37 Ehe-Verkommnis 17.09.1764
  3. GHGB Chorgerichtsmanual Münsingen Vol. 2 (1716-1752) 19.07.1738 Hans Stucki der Küpfer de Münsigen et al.
  4. GHGB Chorgerichtsmanual Münsingen Vol. 3 (1752-1779) 04.08.1754 Rixe entre Hans Stucki, alias Küpfer, et le tanneur Duband
  5. GHGB Chorgerichtsmanual Münsingen Vol. 3 (1752-1779) 02.09.1756 Hans Stucki alias Küpfer réprimandé et amende d’une livre
  6. Le pasteur de Münsingen notait régulièrement la liste des « Armensteuer » dans le Manuel du Consistoire
  7. StABE Bez Konolfingen A 108 Kontraktenmanual Münsingen Vol. 8: 1757-1760, p. 98 Reconnaissance de dette de 8’000 lb 11.11.1757
  8. StABE Bez Konolfingen A 108 Kontraktenmanual Münsingen Vol. 8: 1757-1760, p. 105 Reconnaissance de dette de 1’000 lb 13.01.1758
  9. StABE Bez Konolfingen A 108 Kontraktenmanual Münsingen Vol. 8: 1757-1760, p. 84-87 Lettre de gage, libération 31.03.1758
  10. StABE Bez Konolfingen A 108 Kontraktenmanual Münsingen Vol. 8: 1757-1760, p. 571-574 Contrat d’acquisition de 120 kr 27.06.1760
  11. StABE Bez Konolfingen A 109 Kontraktenmanual Münsingen Vol. 9: 1761-1762, p. 48-56 Reconnaissance de dette de 1’500 lb 07.08.1761
  12. doit se trouver dans StABE Bez Konolfingen A 45 Gerichtsmanual Münsingen Vol. 2 1756
  13. GHGB Chorgerichtsmanual Münsingen Vol. 3 (1752-1779) 05.11.1758 et 02.06.1765
  14. GHGB Chorgerichtsmanual Münsingen 2, Vol. 21 Catecheten 1750-1795
  15. StABE Bez Konolfingen A 499 Vogtsrechnungs-Manual Münsingen Vol. 7: 1772-1775, p. 558-567 Compte de tutelle 31.12.1774
  16. StABE Bez Konolfingen A 1054 Geldstagsrödel Vol. 1721-1758; A 1055 Geldstagsrödel Vol. 1759-1765; A 1056 Vol. 1765-1775
  17. StABE Bez Konolfingen A 115 Kontraktenmanual Münsingen Vol. 15 1782-1789, p. 321-326 Partage 17.01.1785
  18. StABE Bez Konolfingen A 496, A 497, A 498 Vogtrechnungs-Manual Münsingen
  19. StABE Bez Konolfingen A 108 Kontraktenmanual Münsingen Vol. 8 1757-1760, p. 545 Obligation de 200 lb 03.05.1760
  20. StABE Wahlern K 11 Registre des baptêmes extérieurs 1738-1815, p. 45, p. 48, p. 50
  21. StABE, C Staatliche Sammlungen, Familienwappen, St, FW 6462 resp. FW 6464
  22. planche p.42, Maurice Tripet, Jules Colin, Neuchâtel, Imprimerie Nouvelle, 1898

Abréviations

StABE : Archives de l’Etat de Berne
GHGB : Genealogisch Heraldische Gesellschaft Bern
~ : baptême
✞ : décès (év. funérailles)
kr : Couronne
lb : Livre
bz : Batz
xr : Kreutzer

Relations :

  • 1 kr = 25 bz
  • 1 lb = 7 1/2 bz
  • 1 bz = 4 xr

Annexe

Résumé de deux importants documents

StABE Bez Konolfingen A 499 Vogtsrechnungs-Manual Münsingen Vol. 7: 1772-1775

  • p558-567.  31.12.1774. Compte de tutelle de l’ancien assesseur du consistoire Hans Frey de Münsingen comme tuteur pour Hans Stucki, ancien assesseur de justice, parti (ausgetretten) depuis quelques années, ayant fait faillite (vergeltstageten) et maintenant décédé, finalement domicilié dans le Pays de Neuchâtel, pour sa veuve Christina Gäumann. La dernière vérification des comptes a été faite le 8 juillet 1771. Frey a été à nouveau confirmé dans sa charge de tuteur. Vérification des comptes pour la période du 08.07.1771 au 31.12.1774.
  • p560 Hans Gäumann, le maire de Häutligen, est le frère de la pupille Christina Gäumann; règlement de succession du 7 mai 1766 (partage de l’héritage paternel, p563).
  • p561 écriture du 27 juillet 1767
  • p564 Dépenses entre autres du 09.01.1773 à la demande de son fils Hans Stucki, remis par sa mère Christina Gäumann en espèces kr 26, et à nouveau le 13.11.1773 kr 13 bz 12 xr 2. Le 19.12.1773 à Hans Gäumann de Häutligen, comme Hans Stucki le fils de Christina Gäumann lui doit encore kr 6 pour l’achat d’un cheval.
  • p566 La fortune à jour de Christina Gäumann se monte à kr 532 bz 15 xr 1

 

StABE Bez Konolfingen A 115 Kontraktenmanual Münsingen Vol. 15: 1782-1789 (cf. illustration in fine)

  • p321-326 Partage 17.01.1785. Ludwig, Hans et Niklaus, les fils de feu Hans Stucki qui a fait faillite.

Du fait du décès de Christina Gäumann, veuve du failli Hans Stucki, de Münsingen, domicilié et décédé chez ses fils cadets dans le Pays de Neuchâtel, mentionnés ci-après, le partage a été effectué comme suit:

Les héritiers sont : Ludwig Stucki, fils depuis de longues années hors du Pays et dont ont est sans nouvelles, de Münsingen, représenté par son tuteur le jeune boucher Christen Grossglauser, lui-même avec l’assistance de l’huissier Christen Frey à Münsingen, pour la première part  ensuite les frères cadets Hans et Niklaus Stucki, résidents au Pays de Neuchâtel, représentés par eux-mêmes, pour les deuxièmes et troisièmes parts.

Fortune en créances (entre autres un capital de kr 100 de Christen et Niklaus Gäumann de Häutligen; ainsi que l’héritage de Madlena Gäumann) et en espèces au total de kr 697 bz 10 xr 2

De cela est retiré pour les fils Hans et Niklaus pour l’entretien de la testatrice feue leur mère jusqu’à sa mort, étant donné ce qu’elle leur donnait des maigres revenus de son capital et considérant les frais d’enterrement qu’ils ont fait valoir, après liquidation de son peu de vêtements et d’ustensiles en mauvais état, aujourd’hui l’équivalent de kr 25.

Ils ne veulent désormais plus rien devoir à leur frère.

La somme de kr 672 bz 10 xr 2 sera partagée à parts égales entre les trois héritiers, chacun recevant une part de kr 224 bz 3 xr 2.

Sur demande des frères Hans et Niklaus sera retiré de la part d’héritage de Ludwig :

  1. Selon l’acte du 8 juin1766 ils ont crédité Rudolf Witschi de Büren : kr 3 bz 5
  2. Suite à l’acte du 9 janvier 1769 Ludwig confirme avoir reçu kr 27 bz 15
  3. Selon quittance de Monsieur le Colonel de Pury du 20 janvier 1783 ils ont payé kr 15 bz 15

Soit un total montant à kr 48 bz 10

Quand la part d’héritage de Ludwig sera liquidée, il lui restera kr 175 bz 18 xr 2

Règlement du partage le 17 janvier 1785.

Monsieur Albert Liechti a pu à nouveau se rendre cet été aux Archives de l’État de Berne et a recueilli de nouvelles informations à propos de la faillite de Hans Stucki.

Hans Stucki (1712-1772) est tombé en faillite à Münsingen et est parti immédiatement chez son fils au Val-de-Travers.

Il n’est malheureusement resté que peu de déclarations de faillite dans les Archives d’État concernant Münsingen, et aucune concernant Hans Stucki. D’après les actes de tutelle de Hans Frey concernant l’épouse de Hans Stucki, Christina Gäumann, on connaît tout de même la date de la faillite: faillite le 28 mars 1763 et collocation le 13 juillet 1763. [StABE Bez Konolfingen A 496 p555-576].

La ferme de Münsingen, une demie tenure avec une maison presque neuve, revint lors de la collocation au pasteur Fruting de Vechingen, qui avait prêté de l’argent à Hans Stucki en 1761. Le pasteur Fruhting vendit la ferme en 1765 aux frères Hans et Christian Hauser [StABE Bez Konolfingen A 110 p435-455].

La faillite fut conclue, en raison d’une reconnaissance de dette de Hans Stucki père (1699?-1740) d’un montant de 9’000 livres, datée du 27 novembre 1737, échue par héritage aux dénommés Bärtschi et Lühti de l’arrondissement de Trachselwald; ceux-ci exigèrent en 1756 le versement de l’argent, ce qui aggrava encore les difficultés financières de Hans Stucki.

Alors que Hans Stucki est immédiatement parti chez son fils après la faillite, sa femme le rejoignit dès la fin mai. On le sait car son tuteur lui versa le 17.05.1763 de l’argent pour le voyage en “Welschland“.

Les biens de Christina Gäumann consistaient en argent apporté en mariage et de ce qu’elle avait hérité après la mort de ses parents. Son fils Niklaus, dont A. Liechti a récemment trouvé le baptême (8.12.1758), accompagnait sa mère à la fin-mai dans son voyage au Val-de-Travers. Niklaus fut apparemment confirmé à Môtiers.

Il y avait encore à Münsingen une autre famille surnommée “Küpfer“: Niklaus Stucki et Elsbeth Tanner (mariés le 13.12.1716), étaient de très pauvres gens.

Du fait qu’aucun frère dénommé Niklaus ne se trouve dans la famille de Hans Stucki (baptême le 22.01.1699), la filiation de Hans (*1699?) demeure en question.

Document d'archive
StABE Bez Konolfingen A 115 Kontraktenmanual Münsingen Vol. 15 1782-1789, p321, 17.01.1785