Bulletin 8-9 / Août 1997

Les Juvet de Haute-Marne

Parents ou homonymes - Les Juvet de Haute-Marne

par Eric Nusslé

Au centre-ville de Chaumont, en Haute-Marne, à l’angle des rues Juvet et Victoire-de-la-Marne, se trouve une bâtisse dont la façade est ornée d’une curieuse sculpture composée d’un écusson en relief avec les attributs de l’art de guérir et portant cette devise : « nil ni Juvet ». C’était la maison du célèbre docteur Hugues Alexis Juvet, médecin chaumontais au XVIIIe siècle dont le dévouement particulier durant la peste qui sévissait dans la ville en 1741 fut si remarquable que les habitants lui témoignèrent leur reconnaissance en donnant son nom à la rue et en faisant frapper une médaille dont la sculpture est la reproduction.

Je n’ai pas encore découvert s’il s’agit simplement d’homonymes de la famille neuchâteloise, dont l’étude porte sur plus de deux mille deux cents descendants de Pierre Juvet [1] , mais mes recherches m’ont conduit jusqu’à Chaumont où la famille Juvet vit au moins depuis le début du XVIIe siècle.

 

Antoine Juvet

vit à Chaumont, où il est marchand, durant la première moitié du XVIIe siècle ; il épouse Anne Clerambault. Leur fils :

 

Jean-Baptiste Juvet

né vers 1635, épouse en 1663 Nicole Forquenot, veuve de Claude Dufour, apothicaire. Jean-Baptiste occupe alors l’officine vacante. Neuf enfants naîtront de cette union, dont huit garçons. Sa femme meurt en 1675 et il se remarie à Chaumont en 1676 avec Marie-Anne Gérard. C’est au début de cette union qu’il viendra s’installer dans la «maison de l’angle ». Il meurt le 14 mars 1707 et est inhumé en la collégiale Saint-Jean. Les registres paroissiaux nous disent que l’un des enfants a pour parrain :

Pierre Juvet dit « compagnon apothicaire », peut-être le frère du précédent ?

De son second mariage, Jean-Baptiste aura quatre enfants, ce qui porte le total à treize.

 

Antoine Juvet

dit l’aîné, est né le 14 juillet 1687. Il a donc 20 ans lorsqu’il succède à son père. Apothicaire, il quitte Chaumont entre 1720 et 1724 pour aller étudier la médecine et revient avec son diplôme en poche. II exercera simultanément la pharmacie et la médecine et prendra part, en 1741, à la lutte contre la peste en qualité de médecin et assistera aux examens des futurs apothicaires en tant que maître apothicaire. Marié en 1710 à Barbe Degriselle, fille d’un bourgeois chaumontais et veuve d’un lieutenant du bailliage, Antoine aura 4 enfants : 2 garçons et 2 filles.

 

Hugues Alexis Juvet

Est né à Chaumont le 26 février 1714. Il va suivre la voie paternelle et accédera d’abord à la maîtrise d’apothicaire en 1728, à l’âge de 14 ans !. Interrogé par le maître apothicaire Etienne Ledouble et par Laurent Legrand, médecin du roi, il préparera devant eux son chef d’œuvre : le baume tranquille. Il semblerait toutefois qu’il ait servi de prête-nom à son père qui, cumulant la médecine et la pharmacie, ne pouvait sans doute pas tenir en même temps son officine et soigner ses malades à l’extérieur.

Hugues Alexis va faire ses études de médecine et sera médecin du roi à Chaumont ou il se distinguera, aux côtés de son père, au cours de la peste qui sévit en 1741, allant du chevet des pestiférés à son laboratoire jusqu’à la disparition du fléau.

S’étant marié en 1739 avec Françoise Baudry, fille du conseiller du roi et médecin de l’hôpital militaire de Bourbonne, il succède à son beau-père avant de se retrouver Intendant général des eaux minérales. Hugues Alexis Juvet publie plusieurs ouvrages médicaux et sur les eaux minérales.

Il s’éteint à Bourbonne-les-Bains le 8 janvier 1789.

 

Antoine Juvet

dit le jeune, fils d’Antoine l’aîné et frère du précédent est né à Chaumont le 11 mars 1717. Maître apothicaire à Chaumont, Antoine épouse, le 30 septembre 1743, la fille d’un marchand bonnetier chaumontais, Françoise Martin, dont il aura 5 enfants.

Il décède à Chaumont, âgé de 58 ans, en juin 1775.

 

François Juvet

Hugues Alexis et Antoine le jeune avaient un frère qui, marchand négociant, importait des étoffes des Indes Orientales cependant qu’il dirigeait lui-même une fabrique de bougies dont il était propriétaire.

Après son décès, en 1768, il laisse parmi ses biens une bibliothèque de cent-dix volume, pour la plupart des ouvrages religieux, parmi lesquels la Bible de Royaumont (et autres livres jansénistes), les Méditations chrétiennes et métaphysiques de Malebranche, les Instructions morales et théologiques de Nicole voisinaient avec les œuvres philosophiques de Fénelon !

 

Antoine Alexis Juvet

fils d’Antoine le jeune, marchand, fit de mauvaises affaires et mourut ruiné au début du XIXe siècle après avoir laissé tomber sa maison.

Notes

  1. La famille Juvet de Buttes – Encyclopédie familiale à l’usage des descendants de Pierre Juvet – 1429-1995, aux Editions du Cortil à Lutry. ( )