Bulletin 8-9 / Août 1997

Procès-verbal du 12 avril 1997

Procès-verbal de notre visite à Pontarlier du 12 avril 1997

par Germain Hausmann

En cette belle journée, nous avons rendez-vous à 9 heures 15. A l’heure dite, tout le monde est arrivé, même ceux qui venaient de loin, du bord du lac de Zurich. Nous commençons notre visite par la découverte des trésors que renferment les Archives municipales de Pontarlier.

Depuis 1990, les Archives municipales sont installées dans une ancienne caserne militaire qui date du XVIIIe siècle et occupent les anciennes écuries, les soldats étant logés à l’étage; puis, en 1924, des bains douches y sont aménagés. Elles ne renferment malheureusement pas de documents médiévaux, car plusieurs incendies au cours des XVIIe et XVIIIe siècles ont tout détruit. Seuls, des fonds privés en détiennent, tels le Fonds MICHAUD, dont nous pouvons admirer la plus ancienne pièce datant de 1461 (elle concerne l’érection de l’église des Hôpitaux-Neuf près de Jougne). Ce fonds, classé par nom de famille et par lieu, contient plusieurs documents en rapport avec la Suisse.

Les archives

D’un point de vue généalogique, Pontarlier est surtout riche par son remarquable ensemble de registres paroissiaux et d’état civil. La série commence en 1537 pour les trois paroisses pontissaliennes, Saint-Bénigne, Notre-Dame et Saint-Etienne, et se poursuit sans interruption jusqu’à aujourd’hui. Les registres paroissiaux d’Ancien Régime ont été mis sur fichier sous l’impulsion du célèbre docteur THIEBAUD. Chacune des 60’000 fiches contient l’intégralité du texte relevé dans le registre, c’est dire si cet instrument de travail est d’une très grande utilité pour les généalogistes par sa fiabilité, son exhaustivité et la facilité de son accès.

Mais d’autres sources sont à notre disposition, la plupart pour le XIXe siècle : des recensements nominatifs de population, des listes électorales (jusqu’en 1939), un fichier de réceptions à la bourgeoisie, les Archives administratives (dès le XVIIe siècle). La consultation de l’un des trois journaux locaux, dont les archives contiennent la collection complète, permet aux chercheurs de trouver une foule de renseignements sur la vie de la cité, des environs, sur les notables régionaux, etc. Leur indexation facilite encore les recherches.

La visite

Après cette brève présentation, nous visitons les locaux qui conservent 500 mètres linéaires de documents. Puis, nous pouvons nous plonger, la plupart avec délices, dans toute cette documentation que l’archiviste municipale met aimablement à notre disposition. ce fut l’occasion pour plusieurs d’entre nous de faire des découvertes à propos de leur famille, car, malgré la disparité des religions, des liens ont toujours existé entre nos deux régions.

A 11 heures 45, notre président remercie Mme BRISCHOUX pour sa disponibilité et pour nous avoir exceptionnellement ouvert son fonds ce samedi. Il lit ensuite à l’assemblée une lettre qu’il a envoyée à la Chancellerie du canton de Neuchâtel dans laquelle il fait quelques suggestions pour améliorer le service des Archives de l’État de Neuchâtel : achat d’un lecteur de microfilm performant, mise sur ordinateur du fichier personnel, demande d’un horaire plus flexible et d’un personnel plus abondant. Espérons que cette démarche ait des suites favorables.

La cité

Nous nous déplaçons ensuite à la Brasserie de la Poste, où un excellent repas nous attend. Il nous permettra de reprendre des forces après une matinée souvent besogneuse et très riche en découvertes. Nous faisons aussi plus ample connaissance avec certains membres français qui ont participé à notre repas.

A 14 heures 15, nous nous rendons à l’Office du tourisme où nous retrouvons un guide qui nous fera visiter cette après-midi l’ancienne pharmacie de l’hôpital. Chemin faisant, nous nous arrêtons devant l’église Saint-Bénigne, consacrée au même saint que la célèbre abbatiale de Dijon. Rappelons aussi les nombreux biens que l’abbaye de Saint-Maurice possédait dans la région. Souvent, la cité pontissalienne servait de relais et de lieu de repos pour les moines de ce monastère du bord du Rhône, lorsqu’ils rejoignaient leurs possessions francomtoises de Bracon près de Salins, ou leur prieuré bourguignon de Semur. Un portail cache la nef de cette basilique à tous ceux qui viennent du centre ville, car, après la reconstruction qui a suivi l’incendie de 1736, les rues de la cité possèdent une autre orientation que celle de l’église. Au devant, se trouve la tombe d’un personnage qui a hébergé un prêtre réfractaire, souvenir des turbulences révolutionnaires. L’intérieur est surtout remarquable pour ses vitraux de Manessier du XXe siècle.

Pontarlier fut longtemps spécialisé dans la fabrication d’alcool fort : la gentiane, l’absinthe, etc. Encore aujourd’hui, la cité compte trois distilleries qui produisent par exemple de la liqueur de sapin, l’absinthe étant interdite. Nous nous arrêtons justement devant l’une de ces anciennes officines. Plus loin, dans la rue de la République, se distingue la maison Vandel construite à la fin du XVIIIe siècle ou au début du XIXe.

L'hôpital

Nous arrivons maintenant devant l’hôpital. Il existait à Pontarlier une maison hospitalière dès le XIIe siècle, qui fut déplacée ici au début du XVIIIe siècle. Le bâtiment actuel a été reconstruit après l’incendie de 1736. Cet établissement était géré par des sœurs de Notre-Dame des sept douleurs qui provenaient de Besançon (A noter qu’elles poursuivirent ensuite leur extension, en fondant par exemple La Providence, à Neuchâtel). Au début, elles étaient au nombre de deux, en 1737 six ou sept, car le bâtiment avait été agrandi en 1736, aujourd’hui environ 10. L’hôpital était donc aussi un lieu de prière et une chapelle y avait été construite, une première que nous visitons maintenant, une autre plus moderne dont nous parlerons plus tard. Cet édifice ne servait pas seulement d’hôpital au sens moderne; s’y trouvaient encore à la fin du XIXe siècle un orphelinat pour filles et un asile de vieillards. Aujourd’hui, d’autres bâtiments plus pratiques ont été construits, consacrés désormais uniquement au traitement des malades.

La pharmacie

Par le laboratoire (totalement transformé), nous nous rendons à l’ancienne pharmacie. Elle date de 1736 et a conservé son agencement d’origine. Il s’agit d’une rareté, même si des villes comme Berne, Zurich ou Bâle en conservent également des semblables. Remarquons tout d’abord l’accès facile au jardin, dans lequel on cultivait des plantes médicinales.

La partie des parois situées à hauteur d’homme est constituée de tiroirs en chêne, qui refermaient des denrées sèches. Sur les étiquettes indiquant le contenu de chacun d’entre eux, nous avons pu lire que l’on y conservait certaines fois des médicaments étonnants : pavot, limaille de fer, émeraude, cloporte, crâne humain, etc. ; on se demande aujourd’hui comment de tels produits ont pu faire partie de la pharmacopée occidentale. Au dessus, des vases en faïence fine ou des pots en faïence plus grossière contenaient des substances grasses ou des pilules. Sans doute, la Révolution a fait disparaître beaucoup de ces vases, mais l’ensemble de cette pièce reste impressionnant.

A l’origine, l’hôpital était couvert de bardeaux. Lorsqu’on a décidé de le couvrir de tuiles pour mieux résister aux incendies, l’on a fait appel à une tuilerie d’Yverdon. Autre apport de l’Helvétie : en 1944, le don suisse permet la remise en ordre de la maternité qui avait été occupée par les Allemands, en fournissant matelas, draps, outils, etc.

Fin de la visite

Nous terminons notre visite par la nouvelle chapelle. Celle-ci a été fondée au XIXe siècle par la mère supérieure de cette communauté, la mère Vandel. Elle appartenait à une famille de maître de forge et utilisa sa fortune personnelle à diverses fondations d’intérêt public : l’adduction d’eau de Pontarlier, un orphelinat de garçons à Levier, une école maternelle, création de soupe populaire et, avec d’autres bienfaiteurs, cette chapelle. Le style de ce bâtiment est influencé par l’art byzantin, souvenir d’un voyage à Constantinople et d’une visite à Sainte-Sophie.

Notre président remercie vivement notre guide et nous enjoint à nous rendre à la salle du Cercle de généalogie de Pontarlier. Un petit apéritif nous y attend, ainsi que plusieurs membres de cette association. C’est l’occasion de rencontrer nos voisins pontissaliens. L’après-midi se termine ainsi en d’intéressante conversations en petit comité. Vers 17 heures, les groupes se dispersent peu à peu pour permettre à chacun de rentrer dans ses pénates. Après les remerciements d’usage, notre président souhaite que nous nous reverrons bientôt nos collègues de Pontarlier, lorsque nous aurons le plaisir sans doute en septembre, de les recevoir chez nous, aux Archives de la Ville de Neuchâtel.