Bulletin 22 / 2004

Eugène Borel (1835-1892)

Le Covasson Eugène Borel, conseiller d'Etat, conseiller fédéral et directeur de l'Union postale universelle

par Pierre-Arnold Borel

Evoquant des souvenirs de sa jeunesse, le pasteur et libraire Alfred-Georges Berthoud (1835-1924) rappelle que «le 15 octobre 1847 était le jour de la fête du roi (Réd. Frédéric-Guillaume IV). Nous nous rendîmes avec quelques camarades à un culte à la Collégiale. Le gouverneur de Pfuel y assistait en grand uniforme de général prussien. Au retour, nous admirions la rue de l’Hôpital, magnifiquement pavoisée, lorsque nous rencontrons un de nos camarades qui se pavanait fièrement avec une croix fédérale à sa casquette.

Indignés et remplis d’un beau zèle, nous nous précipitons sur lui, quatre contre un! Il s’éclipsa rapidement dans un corridor. Ce camarade était Eugène Borel, futur conseiller fédéral, caractère décidé, ayant eu de bonne heure ses convictions politiques et n’ayant jamais caché son drapeau. »

Eugène Borel

Le 14 juin 1892, à trois jours de son 57e anniversaire, décédait à Berne Victor-Eugène-Sigismond Borel, né à Neuchâtel le 17 juin 1835, où son père, François-Victor Borel-Fauche, d’abord précepteur à Munich, enseignait la calligraphie à la Maison des orphelins et au collège, sous le surnom de «Borel Six Pouces» du fait de sa petite taille. A la 15e génération, il descendait directement du plus ancien ancêtre connu de la famille covassonne des Borel (Valchérius, né vers 1290) et appartenait à la branche des Borel dits Petitjaquet.

Eugène Borel, qui manifesta de bonne heure une intelligence peu commune, des dons exceptionnels, un caractère indépendant et une ardeur extrême, fit ses humanités au Gymnase du chef-lieu avant d’étudier le droit à Munich et à Heidelberg. De retour dans sa ville natale, il y pratiqua quelque temps comme avocat, mais se lança très tôt dans la vie politique radicale: conseiller général de Neuchâtel (1857), député au Grand Conseil (1862), conseiller municipal (1864) et conseiller d’Etat dès 1865 comme directeur du département militaire jusqu’en 1870, puis du département de justice pendant deux ans.

Sa carrière au niveau fédéral débuta en 1860 en qualité d’auditeur de la Confédération, lors de l’occupation de Genève, et de traducteur au Conseil national. C’est alors que, sur l’invitation du Conseil fédéral, il traduisit et compléta le «Droit public suisse» d’Eduard Ulmer, travail remarquable qui le mit en vue; il fut nommé par le Tribunal fédéral juge d’instruction pour la Suisse romande. Elu en 1865 député neuchâtelois au Conseil des Etats – dont il devint président en 1869 –, il y siégea jusqu’en 1872, date de son élection au Conseil fédéral à l’âge de 37 ans. Au gouvernement helvétique, il prit et garda la direction des postes et télégraphes. Il se signala dans son administration toujours expéditive et pratique par un abaissement des taxes et travailla à la création de l’Union postale universelle, qui fut fondée, lors d’un Congrès international tenu à Berne, le 15 septembre 1874, et qu’il présida avec un talent et un tact supérieurs. Ce congrès décréta un office central dans la ville fédérale, et E. Borel en fut nommé directeur. Il quitta donc le Conseil fédéral le 31 décembre 1875 pour s’adonner au perfectionnement d’une institution destinée à favoriser les relations entre tous les peuples de la Terre. Comme militaire, le ressortissant covasson parcourut aussi tous les degrés, du grade de caporal jusqu’à celui de colonel de l’état-major judiciaire. Nommé capitaine en 1857, à 22 ans, il devint grand-juge de la 3e division, puis président de la Cour de cassation, enfin auditeur en chef, le grade le plus élevé, fonction qu’il remplit gratuitement!

«Eugène Borel, a écrit un de ses biographes, était une figure sympathique, par son extérieur, par son esprit, par le charme de sa parole; on subissait de bonne grâce l’ascendant de sa supériorité. Très cultivé, très ouvert à tous les genres d’études, il aimait les lettres, l’histoire, même la poésie; on a de lui de fort jolis vers. Il publia avec son beau-frère le Dr Louis Guillaume (des Verrières) une biographie du patriote Frédéric Roessinger (de Couvet), et une histoire des «Fêtes de tir en Suisse». Il faisait partie à Berne d’un petit
cercle: le Caveau bernois, dont la littérature, la poésie et l’amitié formaient le lien. Cet homme éminent a succombé aux atteintes d’une maladie de cœur dont il souffrait depuis bien des années». En 1861, il avait épousé la Verrisanne Marie Guillaume (1840-1928) qui lui donna trois enfants. En 1882, il avait hérité de son ami Edouard Desor, naturaliste, le domaine de Combe-Varin, à l’extrémité nord de la commune de Noiraigue, aujourd’hui encore propriété de ses descendants.

A l’occasion du centenaire de l’Union postale universelle, les PTT ont émis en 1974 un timbre de 30 c. à son effigie, et en 1990 le Conseil communal de Neuchâtel a baptisé «Quai Eugène Borel» la nouvelle promenade de la baie de l’Evole.

Eric André Klauser, historien ✞

Branche des Borel du Mont

I. Victor-Eugène-Sigismond Borel

Fils de François-Victor; communier de Couvet, bourgeois de Neuchâtel. Né le 17 juin 1835; + le 14 juin 1892. Avocat, conseiller fédéral de 1872 à 1874; depuis 1874, directeur-fondateur de l’Union Postale Universelle. Propriétaire du domaine de Combe-Varin dans la vallée des Ponts-de-Martel, lui venant par héritage, en 1882, de son ami le géologue Edouard Desor (1811-1882). Cette ancienne propriété de Pierre avait passé, du médecin Frédéric Desor (sans descendance) à son frère Edouard. Madame Frédéric Desor avait apporté Combe-Varin en dot à son mari; elle était née Charlotte-Louise-Alexandrine de Pierre, fille de Jean-Frédéric (voir Chronique de la famille de Pierre de P.-A. Borel, page 21).

Il épouse d’abord: Anna Mühleisen, fille de Johannes Martin, originaire de Eningen, royaume de Wurtemberg, et de Barbara née Lotterer. Elle mourra en 1861.

Enfants nés et baptisés à Neuchâtel:

  • Marie née le 10 X 1858; alliée Gerster
  • Louis-Eugène né le 24 XII 1859; libraire à Paris; sans descendance
  • Laure Anna née le 15 II 1861; alliée Grob; le couple habitait Milan.

Veuf, Eugène se remarie à Neuchâtel le 9 août 1861 avec Marie Guillaume, fille de Louis-Constant, notaire des Verrières, et de Marianne Virginie née Fatton, des Bayards. Marie est née le 7 X 1840; morte à Berne en 1928. Elle est sœur de Louis Guillaume, docteur en médecine (1833-1924), allié à Elise Verdan. Les Guillaume-Verdan ont trois enfants: Louis artiste peintre, Constant et Laure alliée Fraissard.

Enfants Borel nés et baptisés à Neuchâtel:

  • Jules Eugène né le 20 juin 1862; avocat, procureur général et membre puis président du Grand Conseil neuchâtelois. Il est reçu citoyen de Genève le 19 avril 1912. Sa fille Nathalie habite Genève en 1992.
  • Charles né à Neuchâtel le 21 décembre 1863; meurt à Genève en 1947; épouse Alice Lauterburg, bourgeoise de Berne. Parents d’Alfred Borel habitant Corsier.
  • Eugénie-Alice née à Berne le 18 avril 1874. Meurt à Muri (BE) en 1948. Sa descendance est propriétaire de Combe-Varin (près Brot-Plamboz), au sud de ce domaine, la crête de la montagne dominant le village de Rosières et la Côte de Jorat, se trouve le lieu-dit ainsi que le pin baptisé « La Marie-Borel », du nom de la femme du Conseiller fédéral.

II. François-Victor Borel fils de Jean-Henry

Précepteur à Munich, puis professeur de calligraphie au collège de Neuchâtel où il est surnommé « Borel Six-Pouces » du fait de sa petite taille. Il épouse en 1831 Joséphine-Constance-Louise Fauche fille d’ Abram-Auguste bourgeois de Neuchâtel; libraire du roi de Prusse à Neuchâtel, et de Rosalie-Isabelle Reymond, communière de Boveresse, fille d’Abram-Henry architecte, bourgeois de Neuchâtel, et de Dorothée-Henriette Besancenet. Louise est née en 1801.

Enfants nés et baptisés à Neuchâtel:

  • Sophie Rosalie née le 24 avril 1832, baptisée le 9 juillet; parrain: le baron Rudolph von Eichthal, marraine; Sophie von Eichthal sœur du parrain.
  • Jules Ernest né le 9 mai 1833, baptisé 1er juin; parrain: le baron Julius von Eichthal, marraine: Amalia von Eichthal.
  • Victor Eugène Sigismond né le 17 juin 1835, baptisé 25 juin; parrain: le baron Simon von Eichthal, de Munich; marraines: Julia baronne von Eichthal femme du parrain et Augusta Leroux née Fauche sœur de la mère de l’enfant.
    Eugène sera membre du Tribunal Fédéral, colonel à l’Etat-Major judiciaire et procureur. Avec son beau-frère, le docteur Louis Guillaume, il écrit un ouvrage remarquable: « Histoire des fêtes de tir en Suisse » et « Le patriote Roessinger, un covasson promis à la mort », dont le manuscrit a hélas disparu (voir « Feuille d’Avis de Neuchâtel » du 25/26 mai 1974 ).
  • Gustave Charles Auguste né le 1er juin 1843, baptisé le 11 juillet; parrain: Gustave Jeanjaquet, de Couvet; marraine: Marianne Elise Miéville.

III. Jean-Henry

fils de Pierre-Abram, de Couvet, bourgeois de Neuchâtel; baptisé à Couvet, le 15 II 1761.

Il épouse Marie-Elizabeth Matthey-Henry, fille de Daniel, de La Brévine.

Enfants nés sur le territoire de Couvet; baptisés à Couvet:

  • Daniel-Henry né le 7 nov., baptisé le 19 nov. 1791; parrain: son grand-père Daniel Matthey-Henry; marraine: sa grand’mère Matthey-Henry née Rose-Marie Jacot.
  • Susanne-Marguerite née le 29 avril 1794, baptisée le 10 mai.
  • Charles-Henry né le 25 mars 1795, baptisé le 11 avril. Le frère de son père est son parrain, c’est Jean-Pierre Borrel. Sa marraine est la femme de Jean-Pierre: Susanne Simon fille de Pierre, de Mauborget.
  • Jean-Louis né le 6 juin, baptisé le 30 juin 1798; parrain: Jean-Henry Borrel des Riaux; marraine: Madelaine Matthey, femme du parrain.
  • Frédéric Edouard né le 20 février 1801, baptisé le 8 mars; parrain: David-Frédéric Favre-Bulle; marraine: Marianne Matthey-Henry, femme du parrain; oncle et tante de l’enfant.
  • François-Victor né le 3 février 1803, baptisé le 27 du même mois; parrain: Henry François Reymondaz et marraine: Susanne-Marguerite Matthey-Henry; oncle et tante de l’enfant

IV. Pierre-Abram

fils de Pierre, de Couvet, bgs. de Neuchâtel. Baptisé le 2 mars 1727; il est cité vivant en 1795, dans sa maison du Mont sur Couvet. Décédé vers 1798.

Il épouse Marie-Esther Jacot-Descombes fille de Jean-Jaques, du Locle; bourgeois de Valangin.

Enfants nés au Mont et baptisés à Couvet:

  • Jean-Pierre baptisé le 19 octobre 1755; il épousera Susanne Simon fille de Pierre, de Mauborget (VD); dont descendance.
  • Jean-Louis baptisé le 18 septembre 1757.
  • Jean-Henry baptisé le 15 février 1761, parrain: Jean-Pierre Borel graveur sur bois à la fabrique d’indiennes de Couvet; marraine: Jeanne-Marie Jacot-Descombes, sa tante maternelle. Il épouse Marie-Elizabeth Matthey-Henry.
  • Pierre-Henry baptisé le 21 juillet 1763, parrain: Pierre-David Borrel, son cousin. Pierre-Henry épousera Esabeau Petitpierre, fille de Josué, de Couvet; dont descendance.
  • Marie-Marguerite baptisée le 21 avril 1765. 
  • Abram-Henry baptisé le 11 mai 1766; il épousera Marie Henriette Vaucher fille de Jean-Frederich, de Fleurier; dont descendance.
  • Abram-Louis baptisé le 20 septembre 1767; marraine: Judith fille de Jean Borel, frère du père.

V. Pierre Borrel du Mont

fils de Jean, de Couvet, bourgeois de Neuchâtel, le justicier. Né vers 1685–1687; sa Première Communion en 1703, au temple de Couvet. En 1736, passe une reconnaissance personnelle où il est cité avec Jean-Jaques son frère ainsi que Susanne Marie leur sœur. Il vit sur « Le Mont ». A Couvet, le 18 avril 1711, il épouse Marie-Magdelaine Jeannet fille de feu Jean-Jonas, de Rosières, le justicier de Travers. Elle meurt à l’âge approximatif de 77 ans, et est enterrée le 21 avril 1766. Leurs enfants ont été baptisés à Couvet; ils sont:

  • Jean baptisé le 14 mai 1712. Lors de l’inscription au registre des baptêmes, le pasteur note: .. il a été ordonné qu’on marqueroit aussi le nom de la mère aussi bien que celui du père. parrain: Jean-Jaques Borel frère du père, et marraine: Jeanne-Marie Borel femme du parrain.
  • Marie-Marguerite baptisée le 22 avril 1714.
  • Susanne-Marie baptisée le 12 décembre 1717.
  • Judith baptisée le 8 septembre 1720.
  • Marguerite baptisée le 24 octobre 1723.
  • Pierre-Abram baptisé le 2 mars 1727.
  • Jaques baptisé le 12 novembre 1730 et dont le parrain est Jean-Jaques Borrel son oncle côté paternel et la marraine, tante Elizabeth Berthoud du Four, femme du parrain.
  • Jeanne-Marguerite baptisée le 27 juillet 1732.

VI. Jean Borrel du Mont

fils d’Anthoyne, de Couvet, bourgeois de Neuchâtel. Justicier en la justice du Vauxtravers. Habite Au Mont sur l’héritage familial. II mourra vers 1711. Le 15 juin 1692, Jean vend une terre sise au Mont à son frère Pierre (voir acte concernant Jean Borrel chez Abram Jeanjaquet notaire à Couvet, daté du 18 janvier 1677; voir également chez Borel Guillamet notaire: acte du 18 mars 1680). Jean Borrel du Mont épouse Marguerite Berthoud du Four de Plancemont. Dite veuve à la date du 3 mars 1703, elle habite au Mont sur Couvet avec ses enfants Pierre, Jean-Jaques et Susanne-Marie.

VII. Anthoyne Borrel

fils de Pierre IV fils d’un autre Antoine lui-même fils d’Estevenin fils de Petitjaquet fils de Pierre III fils de Pierre II fils de Pierre I fils de Valchérius.

Antoine, habitant au Mont, fait baptiser à Môtiers, le 21 mars 1654, sa fille Elizabeth, que lui a donné Susanne Borrel-Petitjaquet, fille de Jean fils de Guillaume, de Couvet, sa femme. Susanne, veuve, le 25 mai 1657, s’appensionne avec ses enfants, soit Pierre qui est majeur, Jean, en bas âge, Jaques aussi en bas âge, Marguerite épouse de Pierre Favre, de Couvet, maître maçon, et Madelaine épouse de Pierre fils d’Antoine Dubied, de Couvet; cette Madelaine est aussi dite femme d’Anthoyne Borrel-Jehangoz.

Les fils de feu Antoine et de sa veuve Susanne, à la date du 11 février 1659, héritent d’une demi-maison sise au Mont; les filles reçoivent les terres de Montbrenin. Le 2 août 1660, les biens personnels de Susanne doivent être vendus pour payer les dettes de son défunt mari.

Jacques de Rougemont, blason de la famille Borel XVIIIème siècle communière de Couvet, bourgeoise de Neuchâtel

Famille Borel

La biographie de la famille Borel a paru dans le bulletin 21

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