Bulletin 23 / 2004

Historique et généalogie de la famille Roessinger

par Jean-Paul Reitzel 1988

Fredrich-Karl-Kasimir Roessinger 1753-1826

En 1794, employé apothicaire dans la pharmacie Matthieu à Neuchâtel. Il était venu de Kirchheim-Pohland, Palatinois bavarois où vivaient ses parents. C’est à cette époque, âgé de 41 ans, qu’il décide d’ouvrir sa propre pharmacie. Il demande aux autorités de Couvet la permission de s’installer dans ce village. Elle lui fut accordée provisoirement.

Veuf de Charlotte Breguet il épouse Marianne Petitpierre-Blaise 1777-1837, fille de Blaise, de Couvet.

Treize enfants naissent de cette union entre 1799 et 1817. Le couple habite au 13 de la Grand’rue, l’entrée de l’officine est au nord. Fredrich se sent très à l’aise à Couvet. Il adopte les idées royalistes des Petitpierre. Certains témoignages nous disent qu’il est fidèle sujet du roi de Prusse, prince de Neuchâtel. Il fêtait chaque anniversaire du Roi de Prusse ou d’un membre de sa famille; pour bien montrer « de quel bois il se chauffait » il mettait leurs portraits en vitrine.

L’assemblée générale de commune renouvelle sans difficulté, chaque année, son permis de séjour. En juillet 1825, âgé de 72 ans, il demande pour lui, sa femme et leurs enfants à être reçus communiers de Couvet. Il fait remarquer qu’il s’est marié à une communière du lieu et propose de payer une finance équitable. Il assure que ses vœux les plus ardents, ainsi que ceux de sa famille, sont de se rendre utiles et dignes d’être incorporés dans cette honorable commune.

La délibération a lieu en assemblée générale le 2 janvier 1826 « avec beaucoup de maturité » dit le procès-verbal; on constate la moralité, l’activité et l’intelligence des requérants. Par 96 voix contre 3, la demande est acceptée, avec finance d’incorporation de 100 louis d’or neuf en faveur de la commune et 20 en faveur des pauvres. Il y a eu 60 voix pour 120 louis; 8 voix pour 112 louis; 35 voix pour 148 louis; 17 voix pour 130 louis et 3 voix pour 200 louis. L’acte d’incorporation est signé par 15 personnes, dont le Lieutenant Henriod et le pasteur Courvoisier. L’acte de naturalisation mentionne aussi un fils médecin-chirurgien, un autre pharmacien et un troisième courtier en dentelles.

Sept fils Roessinger laissent une nombreuse descendance répandue en Suisse, en France, en Italie, en Autriche (Tyrol) et aux Etats Unis d’Amérique.

Le pharmacien Roessinger soignait avec les plantes, il donnait des oranges moisies à ses malades… la pénicilline de l’époque!

Cures d’absinthe à Couvet: selon la tradition on racontait que l’apothicaire de Couvet Fredrich-Karl-Kasimir vendait parcimonieusement une liqueur d’absinthe dans son officine. Les Covassons venaient boire un petit verre d’absinthe chez le pharmacien. Ce remède, bon pour l’estomac et le foie, ne pouvait pas être emporté à domicile. Il paraîtrait qu’un certain Perrenod, de La Sagne, aurait travaillé chez Roessinger avant de s’installer au bord du Sucre dans une maisonnette où il commença aussi à distiller l’absinthe mais, lui, ne la vendait pas comme un remède !

Frédéric-Louis Roessinger fils des précédents. Né le 7 juin 1800 à Couvet; décédé au même lieu le 21 janvier 1862; dit « le révolutionnaire ».

Détail amusant: … en 1815, lors du passage de Frédéric-Guillaume III à Couvet, le père de Frédéric-Louis avait orné la devanture de la pharmacie d’une guirlande à laquelle étaient suspendus 10 cœurs de différentes grandeurs et une inscription disant qu’il offrait à son roi le cœur de ses 10 enfants (trois étaient morts jeunes) « … ils brûlent tous pour toi!… »

Dès son jeune âge, son père le destinait à la médecine et lui enseigna la botanique. Il apprit le grec et le latin avec le pasteur et, à 16 ans pouvait remplacer son père à la pharmacie. A 18 ans, il partit à Thoune apprendre l’allemand, puis à Paris étudier la médecine et la chirurgie. 

D’un caractère ardent et généreux il prit part aux émeutes qui agitaient la capitale. En 1822, il revint à Couvet pratiquer la médecine. C’était le médecin des pauvres, leur distribuant gratuitement ses remèdes. [1]

Il prit part aux incidents de 1831, fut condamné à la détention perpétuelle dans la forteresse de Wesel, où il passa 5 ans. Une princesse de Prusse étant tombée gravement malade un dimanche, il fut impossible de trouver un médecin dans cette ville. Le gouverneur proposa son prisonnier nommé Roessinger qui était médecin. Grâce à ses talents, la princesse guérit. A titre de récompense, il fut gracié, mais banni du canton-principauté de Neuchâtel. Il s’installa à Sainte-Croix y pratiquant la médecine. Il a eu une descendance.

Henri Auguste Roessinger frère du précédent. Baptisé le 14 avril 1804 au temple de Couvet. Proscrit du canton principauté en 1831. En 1833, il habite chez le pasteur de Rham, à Pratteln; puis il s’installa à Mulhouse comme pharmacien. En 1842, en juillet, il épouse Anna Katherina Sengerlin la veuve de J.G.Schlumberger, de Mulhouse. On perd les traces de sa descendance.

François-Benjamin Roessinger frère des précédents. Baptisé à Couvet le 5 octobre 1805. Il s’expatrie à Naples pour y vendre les dentelles neuchâteloises confectionnées au Val-de-Travers. C’est lui le fondateur de l’église protestante de Naples. Ce marchand de dentelles épouse, à Naples, le 2 mai 1833 Sébastienne Antoinette Lepreux, originaire de Saint-Ménehould dans la Marne, en France. Le beau-père de François-Benjamin, Français établi à Naples y est fournisseur pour l’armée du maréchal Joachim Murat, aide de camp de Bonaparte en Italie. Enfants connus:

  • Henri né à Naples en 1836. Il épouse Elisabeth née David, fille de N. et de N. née Guidarini; enfant connu :
    • Emilio Sebastiano Gino né le 24 octobre 1874 à Isola de Liri-Caserte, Italie. Il épouse sa cousine germaine Emilie Amélie Roessinger fille de Charles-Sélim, dont:
      • Federico-Vittorio né le 19 décembre 1919, à Naples.
  • Charles Sélim né le 11 octobre 1853 à Naples. Ingénieur à Bâle. Epouse Susanne Emma Isler, de Langenhart-Zell, fille d’Henrich, et de Barbara née Isler. Née le 12 octobre 1854 à Hausen (St.-Gall). Enfant connu:
    • Emilie-Amélie née le 19 juin 1879 à Lausanne. Elle épouse son cousin germain Emilio Sebastiano Gino Roessinger fils d’Henri.

Les descendants de François-Benjamin Roessinger ont créé, près de Naples, une communauté protestante. En 1939, l’un d’entre eux, Frédéric-Federico, fils d’Emilio Sebastiano, rentre au pays. Il est pasteur dans un village de la Côte vaudoise, Lonay. En 1983 il habite Lausanne et a un fils.

Louis-Emile Roessinger frère des précédents. Né à Couvet le 17 novembre 1810. Exilé en 1831, va s’établir à Orbe comme minotier. Il achète la bourgeoisie d’Orbe en 1848. En septembre 1845 il a épousé Adèle Perrochet la fille d’Henri boulanger à La Neuveville, et de Sophie Engler, la sœur du pasteur de Porrentruy Edmond Perrochet bourgeois de La Neuveville. Adèle est la petite-fille de Jean-Christophe Engler, et de Marie-Marguerite Pelot. Elle a été baptisée le 18 août 1816. Leurs trois filles naissent à Orbe:

  • Adèle Roessinger qui épouse Jules Jaccard, de Ste.-Croix, dont: Ida qui épouse Edouard Bonnard, des Magasins de Lausanne. Emilie et Alice restent célibataires.
  • Ida Roessinger épouse Arthur Jaccard, de Ste.-Croix, dont Adèle, sans descendance.
  • Marie Roessinger 1849-1900; épouse Auguste-Frédéric Reitzel 1839-1898. Université de Karlsruhe. Professeur à l’Ecole normale de Lausanne. Naturalisé Suisse en 1880. Bourgeois de Lausanne. Il est le fils de Christopher Frederik Reitzel 1814 – 1846 mort soldat à Ford Colombus, Amérique, et de Caroline Boll von Opfinger, morte en 1890. Descendant de Johannes Reitzel, de Habitzheim (Hessen) 1621-1682. Dont descendance en France et en Suisse. Habitant Peseux, l’auteur de cette généalogie, Jean-Paul Reitzel a épousé Charlotte Gertsch d’une famille originaire de Lauterbrunnen dont la branche s’est établie au Val-de-Travers.

Edouard Pierre Jacob Roessinger frère des précédents. Né à Couvet le 4 avril 1812. Il fait son apprentissage de commerce aux Papeteries de Serrières chez Erhard Borel. En 1826, âgé de 14 ans, va rejoindre son frère François à Naples. Prend part à la révolution neuchâteloise de 1831. Il laisse un journal où il raconte tous ces évènements [2]. Il épouse en 1844, à Couvet, Adèle-Augustine Borle, de La Chaux-de-Fonds et des Planchettes. Ils ont deux fils dont la descendance est éteinte par une fille décédée à Montreux.

Charles Gotthielf Roessinger frère des précédents. Baptisé le 13 janvier 1815 à Couvet, Mort en 1875. Conseiller municipal à Couvet. En 1849 il épouse Marie-Louise Stoll, bourgeoise de Neuchâtel, habitant Provence. Sans descendance.

Chrétien-Emmanuel Roessinger baptisé le 24 mai 1817 à Couvet. Mort en ce lieu après des problèmes de dentition, le 15 août 1817.

Ouvrages à consulter

  • « Frédéric Roessinger » esquisse biographique par Eugène Borel et par Louis Guillaume médecin, Imprimerie Montandon frères Neuchâtel 1863.
  • « Almanach de la République » 1864.
  • « Courrier du Val-de-Travers » du 31 mars 1945, page 4.
  • un article de la Feuille d’Avis de Neuchâtel du 30 décembre 1921: -« le Dr.Frédéric Louis Roessinger fut transféré, le 22 juin 1831, dans la forteresse prussienne d’Ehrenbreitstein en face de Coblence et, de là, dans celle de Wesel en Westphalie; cette forteresse sera détruite par les Alliés le 29 mars 1945.
  • Une lettre du Dr. Roessinger, prisonnier, à sa femme et à son fils Eugène âgé de 4 ans, datée de janvier 1832.

Notes

  1. Voir sa biographie par Eugène Borel avocat, futur conseiller fédéral et par Louis Guillaume médecin, Neuchâtel 1863
  2. Copie déposée aux Archives de l’Etat, Neuchâtel, et à la Bibliothèque de La Chaux-de-Fonds.