Bulletin 33 / Décembre 2007

Sortie d'automne au château de Belvoir (Doubs)

par Françoise Favre

Pour notre sortie d’automne, nous avons rendez-vous, ce samedi 6 octobre à 11 h à Belleherbe, petit village à mi-chemin entre la frontière suisse et Baume-les-Dames, dans le nord du département du Doubs.

La journée s’annonce belle et 24 personnes ont répondu à l’invitation de la SNG. A noter que deux membres de l’étranger sont parmi nous, l’un venu de la région parisienne et l’autre résidant habituellement en Australie ! Autant dire qu’il y avait de l’animation autour des tables à l’heure de l’apéro ! Après le repas, où nous avons pu déguster un menu du terroir – salade franc-comtoise, jambon et saucisse de Morteau accompagnés de frites, glace – nous continuons notre route vers Belvoir où nous sommes attendus à 14 h 30.

Le vieux château, construit au 12e et 13e siècles comme l’atteste la date de 1224 inscrite sur une clé de voûte, occupe l’emplacement d’un oppidum gaulois. De la terrasse du château, un magnifique panorama sur les monts du Jura s’offre aux visiteurs. Mais si la position dominante est stratégique pour surveiller le passage, elle est aussi exposée à tous les vents… et justement aujourd’hui, le vent souffle fort. Aussi, malgré le beau soleil d’automne, les imprudents (dont je suis !) qui ont laissé leur veste dans les voitures s’en repentiront vite !

Le château, siège d’une baronnie, a passé entre les mains de plusieurs familles et a subi bien des vicissitudes au cours des ans. Au milieu des années cinquante, le peintre Pierre Jouffroy se porte acquéreur. Le château est en ruine et les parties les moins abîmées servent de grange ou d’écurie. En 1968, un incendie ravage l’aile Est du château. Cela ne décourage pas le nouveau propriétaire qui, patiemment, au prix d’un travail acharné, va entreprendre la restauration des bâtiments, les uns après les autres. Il saura trouver les artisans qualifiés et les soutiens nécessaires pour redonner vie au château. Les pièces, reconstruites et remeublées, seront ouvertes au public au fur et à mesure de l’avance des travaux.

C’est une des filles de Pierre Jouffroy qui nous accueille, avec au bras un joli petit panier contenant les clés – et quelles clés !- ouvrant les portes des corps de bâtiments.

Nous commençons par la chapelle, dédiée à Saint-Nicolas, qui a retrouvé sa vocation de lieu de culte depuis sa restauration. Dans une vitrine est conservée le cœur de Béatrix de Cusance (1614-1663) baronne de Belvoir, célèbre autant pour son esprit que pour sa beauté.

Nous continuons par une enfilade de pièces: la salle des gardes, la cuisine, la bibliothèque, un salon, la chambre de Madame. Tous ces locaux ont été entièrement réaménagés et remeublés avec du mobilier de provenances diverses. Ainsi cette étonnante armoire baroque du 17e, venant d’Allemagne, ornée de quatre statues illustrant les vertus théologales: la Foi, l’Espérance, la Charité… et la Sagesse !

La salle de Justice, la plus ancienne et la plus grande pièce du château, date du 12e – 13e siècle. C’est là, dans cette grande salle voûtée, que le baron de Belvoir rendait justice. C’est là aussi que se tenaient les grandes assemblées de la vie seigneuriale. Derrière la cheminée se trouve le « poisle », petite pièce typique de l’habitation comtoise, qui doit son nom au mode de chauffage. Un cachot – assez vaste mais bien sombre – jouxte la salle de Justice.

A l’extrémité de l’éperon rocheux se dresse la tour Madge-fâ, dominant le Val de Sancey. On peut encore voir les petites ouvertures rondes qui permettaient autrefois de faire le guet. Aujourd’hui, le premier étage abrite une chambre à coucher tandis qu’un bureau occupe le 2e étage.

L’Arsenal, autrefois destiné à la conservation des armes et des vivres, est devenu galerie d’art où sont exposées les toiles de Pierre Jouffroy. Anciennement, l’Arsenal faisait communiquer le donjon avec la tour Madge-fâ. Aujourd’hui, nous accédons au donjon par l’extérieur. Un escalier particulièrement raide et étroit, logé dans l’épaisseur de la muraille, mène aux étages. Tout en haut, une salle d’exposition a été aménagée et l’on peut voir les arbres généalogiques des différentes familles qui ont résidé à Belvoir, ainsi que des photos des travaux de restauration du château. Avant de quitter Belvoir, nous descendons au village pour admirer les magnifiques halles seigneuriales qui datent du 14e siècle. La partie basse abrite la Mairie du village.

Pour clore cette belle journée, les moins pressés d’entre nous se retrouvent encore pour boire un pot ensemble. Il ne nous reste qu’à dire un grand merci à notre présidente et à son compagnon qui ont organisé cette sortie.