Bulletin 4-5 / Décembre 1996

Procès-verbal du 16 avril 1996

Conférence de Madame Henriette Robert-Primault : L'image de la femme dans l'œuvre des peintres Robert

Sont présentes : 28 personnes.
Se sont excusées : 2 personnes.

Notre président, en ouvrant la séance, passe immédiatement la parole à notre conférencière, Madame Henriette Robert-Primault, qui nous parle aujourd’hui de l’image de la femme dans l’œuvre des peintres Robert. Cette causerie découle, commence-t-elle, d’une constatation toute simple : souvent, dans nos régions, nous parlons d’hommes plus ou moins célèbres, mais presque jamais de femmes. Il s’agit ce soir de réparer modestement cette injustice, ce d’autant plus que les portraits ou tableaux ayant pour thème la femme chez les peintres Robert sont d’une beauté et d’une originalité surprenante.

Notre conférencière nous parle tout d’abord de l’origine de la famille Robert. Elle nous présente le résultat des recherches qu’elle avait effectuées en collaboration avec l’archiviste de l’Etat, M. Alfred Schnegg. L’ancêtre se nomme Nicolas; il vivait en 1401. Les peintres sont, quant à eux, issu d’Abraham Louis Robert et de sa femme, Suzanne Charlotte née également Robert. Nous ne nous y attarderons pas, car notre secrétaire a écrit en annexe de ce procès-verbal le résultat de ses propres investigations à ce propos.

Exposons d’abord quelques souvenirs se rapportant de près ou de loin à Léopold ou à Aurèle : le portrait de Suzanne Charlotte Robert, bisaïeule de notre conférencière, mère dudit Léopold; le contrat de mariage en 1789 des parents Robert. Signalons encore que M. Pierre Gassier, de Paris, prépare une édition de la correspondance en partie inédite entre notre grand peintre neuchâtelois et Charles Marcotte d’Argenteuil. On doit encore signaler un journal tenu par Adèle lors du séjour qu’avec sa mère, elle fit pendant deux ans à Rome auprès de ses frères. Cette pièce donne des précisions sur les gens qui leur rendent visite, sur l’avancée des travaux picturaux de nos deux artistes.

La présente causerie consistera surtout à montrer des diapositives. Il s’adresse ainsi surtout aux yeux. Notre procès-verbal ne pourra qu’être incomplet, puisque les mots rendent difficilement les émotions visuelles. Ces tableaux seront classés en quatre catégories que nous étudierons successivement : tout d’abord les portraits de femmes; puis des scènes de genre; en troisième lieu, la femme en tant que mère, et la représentation de la mère par excellence, sacralisée, la Vierge Marie; enfin l’allégorie.

Portraits de femmes

En premier lieu, nous voyons des portraits de femmes soit adolescentes, jeunes, belles, soit dans la force de l’âge ou dans la sérénité de la vieillesse. Certains de nos artistes ont portraituré leurs épouses, d’autres pas. Aujourd’hui, la photographie a en quelque sorte remplacé ces magnifiques portraits.

Commençons tout d’abord par l’ancêtre de la famille : madame Suzanne Charlotte Robert, mère de six enfants, Madelaine Sophie (1790-1853) épouse de François Louis Huguenin-Virchaux, d’où descendance (parmi laquelle nous comptons l’épouse de notre aimable membre M. Clottu); Suzanne Charlotte, morte à l’âge de 13 ans (1792-1806); Louis Léopold (1794-1835), le célèbre peintre; Charles Alfred, qui se suicide en 1825 (1795-1825); Adèle (1802-1867), restée célibataire; Aurèle (1805-1871), lui aussi peintre, ancêtre d’une nombreuse lignée.

Admirons ensuite Mme Fanny Girardet, l’épouse du graveur, qui a beaucoup entouré Léopold; Sophie Mairet, riche héritière que la famille destinait à Léopold, morte célibataire en léguant sa fortune pour fonder l’hôpital de La Chaux-de-Fonds; deux demoiselles Jacot-Guillarmod, portrait fait de mémoire par Léopold; Charlotte Bonaparte, l’amour malheureux du peintre.

Aurèle nous a laissé aussi des portraits féminins, par exemple : une dame Perret, une autre sur son lit de mort. Léo Paul (1851-1923), son fils, peignit sa femme Bertha von Rütte, fille d’un ancien chercheur d’or en Californie, installé ensuite à Bordeaux. Léo Paul a connu sa future lorsqu’elle vint en vacances dans sa patrie d’origine, la Suisse. Il croqua aussi Marguerite, sa fille, épouse d’Edmond Buchet, éditeur à Paris; Mme DuPasquier avec son fils aîné; Julie, sa sœur, etc.

Théophile (1879-1954), fils de Léo Paul, a souvent portraituré la gent féminine (par exemple : Mme Janine Robert-Challandes, sa belle-fille, qui a été la première femme présidente du Grand Conseil du Canton de Neuchâtel; Marguerite, la sœur cadette du peintre), tout comme son frère, Philippe (Mme Baumgärtner, institutrice à Bienne, qui est souvent venue au Ried; ses filles Susanne, organiste à Corcelles, Geneviève, Danièle). Le troisième frère, Paul André (1901-1977) nous a laissé le portrait d’Elisabeth Reichen-Robert, sa fille aînée.

Scènes de genre

Passons maintenant aux scènes de genre : par ce mot, notre conférencière veut dire des scènes composées, pas toujours prises sur le vif, mais plutôt arrangées, afin d’illustrer une situation ou un événement. Léopold fit une Fuite en Egypte, un tableau de la campagne romaine; Aurèle travaille au projet d’une grand tableau intitulé Noces à Venise; Léo Paul peint la campagne sous le Ried, dans des tableaux où il place souvent des membres de sa famille, il illustre un conte de Jérémias Gotthelf (Notons à ce propos que Bertha von Rütte, cousine de Gotthelf, avant fait la traduction française de cet ouvrage illustré par son mari); Théophile aime bien dessiner des nus, des femmes bien en chair le plus souvent, il s’efforce de rendre le mieux possible le mouvement.

La femme mère

Passons maintenant à la troisième rubrique, la femme mère. Ce sera tout d’abord par la mère des maternité, puis celle qui, pour certains est en quelques sorte sanctifiée, la Vierge Marie. Là, nous abordons pour un temps la peinture religieuse, soit des mises au tombeau, une annonciation, la fuite en Egypte, des chemins de Croix. A Corcelles, Philippe Robert peignit une crucifixion, à l’église de Chandon un descente de la Croix. Dans toutes les œuvres énumérées ci-dessus, la Vierge est toujours bien visible et représentée avec art.

Dans l'allégorie

Enfin, pour terminer, nous voyons la femme dans l’allégorie. En effet, si l’on consulte le dictionnaire, la plupart des vertus sont représentées par des substantifs féminins : la Paix, la Justice, l’Abondance. Ainsi, les peintres Robert les ont représentées sous des traits féminins : l’Abondance au Musée de Neuchâtel, la Justice au Tribunal fédéral, au Musée de Neuchâtel, la Paix descendue sur le monde au Palais de Justice de Lausanne. Paul Robert participe aussi à la création des pièces d’or dites depuis Vreneli, dont il dessine l’effigie principale, etc.

Partie administrative

Après cet exposé fort intéressant, qui s’est clos par des applaudissements nourris, notre vice-président nous annonce que, le vendredi 10 mai à 20 heures, une soirée est organisée à Silicon Graphics. Après une introduction de M. de Montmollin, une émission de la Télévision suisse romande consacrée à l’héritage (diffusée dans la série Viva) y sera présentée.

M. Junod nous fait encore part du joli succès que rencontre les pages qu’il a mises sur Internet au nom de notre société. Déjà, les demandes affluent et nous traitons actuellement le cas d’un nommé Charles, fixé actuellement en Australie, dont la famille est d’origine suisse.

Notre bulletin paraîtra sans doute en automne. Afin de mieux apprécier les coûts d’une telle production, il faut avant tout voir quelles seront les rentrées financières. Notre petite brochure dépend beaucoup de la bonne volonté de futurs auteurs. Aussi, tout article sera le bienvenu et nous demandons à tous ceux qui ont des sujets à proposer à se faire connaître. M. Junod abandonne la lourde tâche de rédacteur de cette revue, M. Nusslé le remplacera dès le prochain numéro.

Aux Archives de l’État, il conviendrait de disposer d’un lecteur de microfilms, avec possibilité de faire des photocopies. M. Junod s’en préoccupe et, avec la collaboration des archivistes, espère trouver un financement pour l’achat d’une telle machine. Un autre projet est en cours : faire le recensement de tous les travaux généalogiques déposés dans les archives étatiques. Un formulaire a déjà été élaboré et l’on demande des volontaires pour effectuer cette tâche : ceux-ci devront annoncer leur visite un jour à l’avance et disposeront de la salle du fonds pour travailler et papoter, car, avec ces grands documents, il est plus pratique de faire cet inventaire à deux. Les formulaires ainsi remplis seront remis à M. Junod qui les introduira sur Internet.

Nous passons à diverses questions : la discussion tombe sur la maison de Combe Varin. Le terrain appartenait à la famille de Pierre, de Trois Rods. Une demoiselle de Pierre, mariée au docteur Desor, en hérita. Le bien passe ensuite à son beau-frère, le naturaliste Edouard Desor, qui en fit sa résidence d’été, y invitant une partie de l’élite intellectuelle européenne de l’époque. La maison passe ensuite au conseiller fédéral Borel. Aujourd’hui, la famille Ruprecht en est propriétaire et cherche à la vendre. Elle ne peut être habitée que l’été, car elle est située à l’envers et le soleil hivernal peine à la réchauffer. Mais, les souvenirs qui s’y rattachent, d’importantes archives concernant les Borel, les Desor, nous font souhaiter que cette habitation sera conservée dans les meilleures conditions possibles.

Notre président nous parle encore d’une réunion tenue à Herisau par le comité de la SSEG. Au cours de cette séance houleuse (comme d’habitude les Suisses alémaniques s’entre-déchirent), M. Vittoz, qui voulait s’interposer, s’est fait remettre à sa place vertement, même de façon brutale. Aussi M. Borel s’est permis d’envoyer une lettre de protestation à la SSEG et s’autorise à ne pas venir à de prochaines réunions, étant donné l’ambiance déplorable qui y règne, au contraire des rassemblements romands qui se déroulent toujours dans la bonne humeur.

La séance est levée à 21 heures 45.