Bulletin 44 / Août 2011

Histoire du Fonds Sandoz, fonds de solidarité familiale

notes de Françoise Favre

Conférence de Jacques Sandoz
Lundi 21 mars 2011, à 19 h 30, au Bistrot de l'Arrosée à Neuchâtel

La présidente Anne-Lise Fischer ouvre la séance en donnant quelques nouvelles de notre société et des sociétés-sœurs de Suisse romande. Puis elle présente l’orateur du jour, Jacques Sandoz, vice-président du Fonds SANDOZ. Il est accompagné d’André Sandoz, membre fidèle de la SNG et secrétaire de ce fonds de famille vieux de 400 ans. Jacques Sandoz est également président de la grande réunion quinquennale des Sandoz du monde entier, dont la dernière édition a eu lieu en mai 2010 à Villers-le-Lac en France voisine (voir le Bulletin 41/septembre 2010 ).

C’est après avoir vu un arbre généalogique de la famille SANDOZ que Jacques Sandoz s’est intéressé à la généalogie, parce que tout en haut de cet arbre, le premier SANDOZ s’appelait Jacques, comme lui ! Son arrière arrière grand-père prétendait que cet ancêtre vivait au Locle au 16e siècle. Au fil du temps, notre orateur a eu l’intuition, puis la conviction, que les SANDOZ avaient une origine unique. Alors est venue l’idée de raconter cette histoire, celle d’une famille neuchâteloise dispersée aux quatre coins du monde.
De 1995 à 2000, une vaste étude généalogique et historique a été menée qui a abouti à la preuve de la souche unique et à l’édition d’un gros livre : « Les Sandoz du Moyen Age au troisième millénaire – Une famille des Montagnes neuchâteloises à la conquête du monde « , aux Editions Attinger.

La famille SANDOZ remonte à 1297, quand un certain Lambert, né au Locle, donne en 1310 à son fils le nom unique de SANDOZ (sans prénom). Ensuite bien sûr, la famille se divisera en plusieurs branches. Mais tous les SANDOZ se raccrochent à cette souche unique, même s’il reste deux situations difficiles : pour les Chaux-de-fonniers, parce que les registres paroissiaux les plus anciens ont brûlé lors du grand incendie en 1794, et pour l’importante communauté des SANDOZ qui ont émigré en Franche-Comté après la guerre de Dix Ans (après 1640) et dont la trace n’apparait pas toujours dans les registres paroissiaux catholiques français.

L’origine du Fonds

En 1512, quand Huguenin et Estevin SANDOZ, du Locle, partagent leur biens, il décident d’en garder une partie en commun à la Raya.

Ce fonds familial fonctionne comme une caisse de solidarité familiale et il est né de la nécessité de faire face aux problèmes sociaux. Il n’est pas le seul en son genre, on en compte une vingtaine dans le canton en 1875.
Avec les années, le Fonds va s’organiser et se donner des règles (le plus ancien règlement connu date de 1752) :

  • une assemblée générale annuelle réunit tous les porteurs (mâles) du nom le premier lundi de juin, jour de grand marché (aujourd’hui, l’assemblée générale annuelle est ouverte à tous les membres de la famille et se réunit le premier samedi de juin) ;
  • on ne touche pas au capital, mais seulement aux revenus du Fonds.

Le Fonds est alimenté par des dons et des legs des bienfaiteurs de la famille.

Cette notion de solidarité familiale est symbolisée par les deux mains qui se serrent sur les armes familiales, entourés de la devise familiale, « Sine Dolo » (sans détour). Ces armoiries datent de 1630, au moment où les SANDOZ de La Brévine ont cherché à être anoblis.

Le Fonds est né au Locle à une époque où l’aide sociale était communale et où la famille SANDOZ va se disperser vers La Brévine et les Ponts-de-Martel. On peut noter au passage que les SANDOZ seront parmi les co-fondateurs de la Brévine, comme en témoigne la pierre tombale d’un maire de La Brévine.
A noter aussi que c’est une des seules familles des Montagnes neuchâteloises qui a eu des branches anoblies (toutes éteintes aujourd’hui).

Le grand livre des SANDOZ

Il date de 1780. Y sont inscrits tous les Sandoz qui font partie du Fonds ainsi que leurs enfants, qui pourront profiter de la solidarité familiale s’ils tombent dans le besoin.
Ce livre est donc devenu, en 200 ans, une sorte de grand registre de famille. Il est tenu à jour par le secrétaire du Fonds.
Aujourd’hui encore, lors de l’assemblée générale notamment, on peut se faire inscrire dans le grand livre moyennant une somme symbolique de CHF 10.-.

L’entraide

Les demandes se font par lettre uniquement, adressées « à ces Messieurs du Fonds » avec beaucoup d’humilité. Ce sont surtout des femmes qui demandent de l’aide, lors de maladie ou de veuvage. Le Fonds peut accorder une aide ponctuelle, pour payer une facture d’hôpital par exemple, ou plus régulière, pour aider un jeune à faire un apprentissage.

Progressivement, les fonds de familles vont acquérir de l’importance dans la communauté et vont travailler en collaboration avec les communes qui ont en charge l’aide sociale. L’asile de vieillards du Locle est né d’une collaboration entre le Fonds et la commune du Locle.
Bien qu’ils aient une réelle fonction sociale, ils sont néanmoins soumis à un impôt (jusqu’en 1989).

La gestion du Fonds

Le capital du Fonds, qui se montait à 40’000 francs en 1810, s’élève à 1,3 million aujourd’hui.
Le Comité du Fonds se trouve donc à la tête d’une grosse fortune qui permet de distribuer chaque année environ CHF 25’000.- principalement pour financer des études, des stages à l’étranger, ou permettre à des SANDOZ de l’étranger de venir étudier en Suisse.
Mais il faut noter que le Fonds est moins sollicité aujourd’hui qu’autrefois. Les premiers présidents ont été des SANDOZ anoblis (SANDOZ-ROSIERE, SANDOZ-TRAVERS), puis de « simples » SANDOZ.

L’évolution du Fonds

En 1960, le Fonds prend une autre direction en créant les « journées quinquennales » qui rassemblent les SANDOZ du monde entier. En 2010, pour la première fois, le Fonds de solidarité familiale a accordé une aide à des SANDOZ d’Amérique du Sud pour leur permettre de participer à cette rencontre familiale.
Le Fonds SANDOZ n’est pas du tout une « histoire de vieux ». Bien au contraire ! Internet a beaucoup changé les choses et la relève est bien présente, y compris au Comité. Depuis 1989, les femmes peuvent garder leur nom et sont donc aussi entrées au Comité.

En conclusion

Le Fonds est un véritable ciment familial. On compte environ 5’000 porteurs du nom : un tiers dans l’Arc jurassien, presque un tiers en France et un petit tiers aux USA. En outre, trois petites communautés de SANDOZ vivent en Grande-Bretagne, en Australie et en Argentine.
Toutes ces branches sont représentées aux rencontres quinquennales.