Bulletin 47 / 2012

Visite du Musée de l'Areuse à Boudry
Samedi 20 octobre 2012

notes de Françoise Favre

Musée de l'AreuseC’est sous la conduite de Pierre-Henri Béguin, son conservateur, que les membres de la SNG sont invités à visiter le Musée de l’Areuse à Boudry. Professeur au Gymnase de Neuchâtel et tout jeune retraité, P.-H. Béguin nous est présenté comme un « grand bavard » ! Il saura surtout nous captiver et nous l’écouterons avec enchantement sans voir passer le temps !

Le musée de Boudry est un musée hors du commun. Il est placé sous la protection de la commune de Boudry, du canton de Neuchâtel et de la Confédération, ce qui est exceptionnel. Il date du milieu du 19e siècle, de l’époque où l’on crée les tous premiers musées en Suisse, le plus souvent dans une salle de classe. C’est un musée « encyclopédique » qui est le reflet d’une époque où l’on découvrait le monde au musée, où ceux qui avaient le privilège de voyager ne rapportaient pas des souvenirs de voyage pour eux mêmes, mais pour les mettre au musée.

Beaucoup plus tard, après la deuxième Guerre mondiale, on va créer les grands musées spécialisé, comme de Musée d’ethnographie ou les musées d’histoire naturelle, on va vider les petits musées pour mettre les collections à l’abri dans les grands musées. Le musée de Boudry a échappé à cette « destruction organisée ». Il est en quelque sorte un « musée musée » !

Au 19e siècle, le musée a un rôle pédagogique, celui de faire découvrir le monde. Les créateurs du musée de Boudry ont eu la sagesse d’y exposer aussi bien des objets communs, des objets de leur quotidien – comme ce biberon en céramique – que des objets rares et quasi extraordinaires à leur époque comme ces quelques cacahuètes, vieilles quand même de plus de 200 ans ! On crée des musées parce qu’on prend conscience du fait que le temps passe et efface tout, que la culture disparaît et nous échappe, d’où la nécessité de garder une trace de l’histoire et du temps. Dans le même état d’esprit, Oscar Huguenin fait le tour du canton, dessine tous les clochers de nos villages, écrit des romans et dit à ses contemporains « Rappelez-vous votre passé ! ».

Le 19e siècle, c’est aussi la naissance de l’esprit scientifique qui va rendre les gens enthousiaste devant la science et les pousser à la fois à foncer vers l’avenir et à faire mémoire du passé. Le musée de Boudry n’a qu’une seule salle, vaste fourre-tout, qui est à la fois musée d’histoire naturelle, d’ethnographie, de numismatique, de la préhistoire…

La disposition des collections est restée celle des origines, telle que les fondateurs l’ont voulue, quand les musées exposaient dans leurs vitrines toutes leurs collections in extenso. Ici c’est compact, c’est la caverne d’Ali Baba, c’est la boutique de l’antiquaire ! On ne soucie pas des principes de la muséographie moderne, qui met en évidence un objet dans un vaste espace et relègue le reste des collections dans les réserves. D’ailleurs, à Boudry, il n’y a ni cave ni grenier pour y loger des réserves ! A ce titre aussi, le musée de Boudry est unique en Suisse, témoin de ce qu’étaient les premiers musées de Suisse et la muséographie qu’on y pratiquait.

Lors de sa création, les collections se trouvaient dans une salle de classe de l’ancien collège des filles. Bientôt à l’étroit, elles ont été logées dans le bâtiment, qui date du 17e siècle. Il s’agissait de l’ancien stand de tir. Désaffecté, il avait été laissé à l’abandon avant d’être mis à disposition de la société du musée par la commune. C’est le jeune architecte Eugène Colomb qui va le transformer pour en faire un musée, qui va s’y installer en 1886. Le bâtiment sera entièrement rénové entre 1997 et 2003.