Bulletin 55 / Décembre 2016

Biographie de Raymond Perrenoud (1926-2016)

par René Guye

Naissance: 11 octobre 1926 à Coffrane:

Formation:
1941-1947: Ecole des Beaux-arts de Genève de 1941 à 1947. Il bénéficie des cours du sculpteur Sarkisoff, auquel il doit beaucoup, ainsi qu’à l’historien Fosca.
1949: Ecole nationale supérieure des Beaux-arts de Paris. Il fréquente l’atelier de gravure en taille-douce. Il est l’élève du peintre Edouard Goerg.
1950: Ecole des métiers d’art de Paris. Il fréquente l’atelier du vitrail.
1955: Ecole nationale supérieure des Beaux-arts de Paris. Il fréquente l’atelier de lithographie.
1960-1966: Séjour à Paris où il s’installe dans son atelier des Grands-Augustins. Il côtoie Picasso, Maillol et César.

Concours, prix, voyages d’études:
(Prix) A l’âge de 16 ans, il remporte le concours ouvert pour la réalisation de la médaille des Jeux de Genève (avers et revers).
(Voyage d’études) Dès 1946, il veut voir « in situ » ce qu’il n’avait pu découvrir jusque-là en Italie, un pays dévasté, aux musées fermés, et dont il n’avait pu voir jusqu’à ce jour que leurs trésors mentionnés dans des livres. A Ravenne, le conservateur des mosaïques ravennates lui confie la clé de Sant’Apollinare in classe. Il s’y rend à pied, à quelques kilomètres  de la ville et trouve, dans l’humidité de l’étendue marécageuse, la basilique du VIe siècle transformée en poulailler. A Padoue, les fresques de l’Arena sont intactes. Par contre, celles des Ermitani (Ermites), situées à quelques centaines de mètres, ont été détruites par une bombe et dispersées au sol, en minuscules fragments.
(Prix) Premier prix ex-æquo et mention au concours pour la décoration de la Salle du Grand-Conseil du château de Neuchâtel (1953).
(Prix) 3e prix au concours pour la décoration du Technicum de La Chaux-de-Fonds (1956)
(Concours) Participation au concours pour la réalisation d’un monument équestre à la mémoire du Général Guisan. Son projet Défilé est l’un des six projets retenus par le jury en vue du concours d’exécution (1962), lequel devra être réalisé à l’échelle 1/3. A l’issue de ce concours, Otto Bänninger remporte la mise (1963).
(Prix) Premier prix au concours d’intervention artistique pour le Centre scolaire du Mail, à Neuchâtel, et troisième prix pour un second projet destiné à une autre partie du même édifice. L’architecte Alfred Habegger a apporté, en imaginant le Mail, un élément dans l’évolution des constructions scolaires. Sa solution pyramidale, novatrice et sculpturale, appelait une intervention aussi audacieuse que le bâtiment lui-même. Ce n’est pas un hasard si les deux projets présentés par Raymond Perrenoud ont été défendus avec  détermination par l’architecte. C’est grâce à son appui qu’une œuvre aussi innovante que le mur cinétique du Mail a pu être réalisée à Neuchâtel (1969). Réalisation du mur cinétique du Mail Vibration (H 344 cm, L 420 cm) (1970).
(Biennale) Participation à la 1ère Biennale de l’art suisse au Kunsthaus de Zürich (1973). Parmi les œuvres présentées par les Neuchâtelois, seul le bas-relief de Raymond Perrenoud aura la faveur du jury. Il sera exposé à Zürich à l’entrée de la Biennale avec l’œuvre d’Eva Aeppli, puis plus tard à Besançon, Neuchâtel et Valangin.

Activités artistiques:
Fresques du Temple des Valangines, à Neuchâtel (135 m2 ) (1948): au mur de la nef: Abraham visité par les anges ; La lutte de Jacob ; Le buisson ardent ; L’annonciation ; Le jardin des oliviers ; L’arrestation de Jésus ; La Croix à l’épaule. Au mur du chœur: La transfiguration.
Curieusement, la technique de la fresque sur mortier frais, partout abandonnée depuis près de deux siècles, réapparaît presque simultanément à Neuchâtel, au Temple des Valangines avec Raymond Perrenoud, puis six ans plus tard au Musée d’ethnographie, avec Hans Erni. Raymond Perrenoud réalise une fresque de l’arc triomphal du Temple des Brenets (80 m2): Consummatum est ; Les instruments de la passion ; Moïse ; Paul.
Art du vitrail: Vitraux commémoratifs pour les hôtels-de-ville de Zürich et Glaris ; verrière-écran du chœur du Temple de Coffrane (1951) ; vitraux du Temple de Coffrane (4 fois H 300 cm, L 150 cm) (1957). L’expérience acquise à l’atelier de vitrail de l’Ecole des métiers d’art de Paris lui permet de réaliser lui-même la partie technique de l’ouvrage: découpage du verre, mise en plombs, soudage, construction des châssis. 
Dans ce domaine, signalons encore un mur-vitrail pour la Communauté de Grandchamp (1958) et qu’il complète encore sa série de vitraux au Temple des Valangines à Neuchâtel (1981) avec la Jérusalem céleste (19 m2). Art pictural: Il excelle dans le domaine des portraits et réalise notamment ceux des conseillers d’Etat Schläppy, Béguin, Jeanneret, Cavadini, mais aussi une réplique d’un portrait du Général Charles-Daniel de Meuron, pour le Cabinet de Meuron au Musée d’ethnographie de Neuchâtel. Mais bien d’autres peintures seraient à signaler: nous pouvons également mentionner en 1994 la mise en couleurs de la nouvelle installation triage/stockage de l’Entreprise Bühler, au Bois d’Epagnier, à Marin (4000 m2). Sculpture: un buste de lui-même, jeune, se trouve toujours dans son atelier. Lithographie: Après avoir fréquenté l’atelier de lithographie de l’Ecole nationale supérieure des Beaux-arts de Paris, il se familiarise avec cette technique. Son fils Jacques pratiquera cet art. Aquarelles: Œuvres ramenées de Venise où il séjourne pendant plusieurs années au mois d’août ; 24 aquarelles exécutées à la demande l’Etablissement cantonal d’assurance  immobilière contre l’incendie ; cette suite dessinée d’après nature est une contribution à l’iconographie des maisons patriciennes neuchâteloises. Tapisserie: Il installe en 1978 un métier à tisser de haute lice dans son atelier de Coffrane et peint des cartons de tapisseries dont une dizaine seront réalisés par des liciers.

Echec personnel: Malgré deux tentatives de faire partie de la section neuchâteloise de la Société des peintres, sculpteurs et architectes suisses, il n’arrivera jamais à se faire accepter au sein de la section locale.

Autres activités: Il est co-fondateur, en 1956 avec Gérard Valbert et Pierre von Allmen, de la Revue neuchâteloise, dont il assume la rédaction jusqu’en 1983. Il est l’auteur de plusieurs numéros, à savoir le no 72 (1975), Etre ou disparaître ; le no 80 (1977), Le patrimoine neuchâtelois refait ; le no 103 (1983), Le monde bleu : trente-deux carreaux à motifs picturaux. A la demande de l’éditeur Gilles Attinger, préparation de L’artisanat neuchâtelois (1980), dans lequel plusieurs textes de Raymond Perrenoud seront publiés. Pour la Chronique du patrimoine, publiée conjointement par L’Impartial et la FAN – L’Express, il écrit en 1985 Le crépit à la chaux. En 1973, il est co-fondateur de la Galerie suisse à Paris, qui n’existe plus aujourd’hui. Création d’un Musée agricole. Origine: Le samedi 1er septembre 1956, la Société d’histoire et d’archéologie du canton de Neuchâtel organise sa 83e Réunion à Coffrane et aux Hauts-Geneveys. Le père de Raymond Perrenoud, Bertrand Perrenoud, instituteur de son état, demande pour cette occasion, aux
agriculteurs du village de leur prêter des outils agricoles pour montrer aux participants comment vivaient les paysans de la région autrefois. A l’issue de cette exposition, voulant rendre leurs biens aux donateurs, il se voit refuser de restituer à leurs propriétaires légitimes « toutes ces vieilleries ». Ne voulant rien jeter, il jette les bases de la création d’un musée agricole. Sans pour autant renier son métier d’artiste, il s’occupe de ce musée et reçoit sur rendez-vous. De la cave au grenier, des objets usuels anciens, des ustensiles et de nombreux autres outils prennent place et font revivre un style de vie aujourd’hui disparu. Raymond Perrenoud acceptera de le faire visiter sur rendez-vous. Sa nièce prendra le relais en 2001.

Décès: 10 février 2016 chez lui à Coffrane. Jacques Girard, dans Arcinfo, lui rendra hommage: « L’artiste neuchâtelois Raymond Perrenoud s’est éteint le 10 février. Peintre, sculpteur, aquarelliste, Perrenoud était un créateur au multiples facettes. Avec la disparition de Raymond Perrenoud, c’est un artiste majeur qui s’est éteint. Majeur, mais souvent peu connu, tant sa discrétion et son rejet du paraître étaient grands. Peintre, sculpteur, aquarelliste, Perrenoud a pratiqué toutes les techniques en virtuose. Mais il a aussi voué une passion au patrimoine paysan de sa région dans la le Musée agricole de Coffrane, qu’il a fait vivre durant plus de cinquante ans et dont sa nièce vient de prendre la relève »

Références

  • L’art neuchâtelois.
  • http://www.rpn.ch/epcoffrane/musee/origine.htm
  • L’Impartial du 21 octobre 1982, p. 22
  • id. du 15 février 2016, p. 27.
  • http://www.raymond-perrenoud.ch/
  • L’Impartial du 5 avril 2016, p.6