Bulletin 6-7 / Avril 1997

Nécrologie Olivier Clottu

Nécrologie : Olivier Clottu

par Pierre-Arnold et Jacqueline Borel

C’est en 1910 qu’Olivier CLOTTU naquit à Saint-Blaise, village de son enfance. A l’âge de seize ans, captivé par la généalogie, il entreprit des recherches sur sa famille. Grâce aux recommandations de son père auprès de l’archiviste de l’Etat de Neuchâtel, il s’initie aux écritures malaisées et se passionne, à côté de ses études de médecine, pour les recherches généalogiques. Sa mère, artiste-peintre, lui communiqua le goût du dessin et le mariage des couleurs dans la peinture. Art des couleurs et curiosité dans la science de la recherche généalogique conjuguées amenèrent tout naturellement Olivier Clottu à être admis dans la Société suisse d’Héraldique à l’âge de vingt ans.

Ce qui suit est extrait de GE-MAGAZINE, Paris 1984 :

«… depuis cette époque Olivier CLOTTU rédigea une HISTOIRE DE SAINT-BLAISE, une CHRONIQUE DE LA FAMILLE CLOTTU ainsi que plus de 120 publications généalogiques et héraldiques qui le rendirent célèbre. Ses travaux sur les dynastes suisses, sur les armoiries bourgeoises et paysannes font autorité, ses analyses bibliographiques ne se comptent plus.

Nommé délégué à l’Académie suisse des sciences humaines en 1960, il devint membre de l’Institut neuchâtelois en 1963, puis membre de l’Académie internationale d’Héraldique en 1964 et docteur es sciences honoris causa de l’Université de Neuchâtel en 1980. »

Un des loisirs préférés de Monsieur CLOTTU était la rédaction et l’illustration de son «LIBER AMICORUM»; en 1984 il en était à son onzième album et à sa 650ème armoirie peinte.

Les archives de la section neuchâteloise nous apprennent que le jeudi 18 mai 1938 à 20 heures, grâce à l’initiative de M. Pierre FAVARGER, avocat à Neuchâtel, une douzaine de personnes s’intéressant aux questions généalogiques se retrouvent au Palais ROUGEMONT à Neuchâtel afin d’envisager la création, dans notre cité, d’une section de la Société Suisse d’Etudes Généalogiques. Lors de cette séance constitutive, il est déjà prévu que ses membres se retrouveront le dernier vendredi de chaque mois pour participer à l’étude d’une famille neuchâteloise.

Le premier comité désigné nomme M. Pierre FAVARGER président, Robert DEPIERRE trésorier et Gaston CLOTTU secrétaire. Quatre mois plus tard, Olivier CLOTTU, frère de Gaston, se fît recevoir dans la section à la séance du 23 septembre 1938. Puis, à la réunion du 23 janvier 1939, le docteur CLOTTU présente son premier exposé, devant une quinzaine de personnes, sur les familles Prince, de Saint-Blaise. Il s’agit de recherches effectuées depuis quelques années. En quelques mots, ces familles se divisent en deux branches principales : les PRINCE-DIT-CLOTTU d’une part, qui sont bourgeois de Neuchâtel et, d’autre part, les PRINCE. Ces derniers comptent une branche bourgeoise de Neuchâtel et une autre, sujette, dont il est impossible de retrouver l’ancêtre commun. La Branche bourgeoise, comme les PRINCE-DIT-CLOTTU d’ailleurs, est encore vivante de nos jours (1997) mais n’est plus représentée à Saint-Blaise. La branche sujette, elle, est éteinte, mais elle avait donné naissance au rameau PRINCE-DIT-LA-LYRE, anobli en 1699 sous le nom de LALYRE par Jean Pierre (1665-1734), général-brigadier au royaume de France, et son frère Isaac.

De la branche cadette est issue, au XVIe siècle, la famille BRENIER, de Saint-Blaise, encore représentée. Le conférencier complète son exposé en soumettant à l’assemblée des reproductions de sa plume, de pierres armoriées des familles PRINCE et PRINCE-DIT-CLOTTU.

En 1940, Olivier Clottu commente ses recherches sur l’état des familles de la Chastellenie de Thielle jusqu’à la réformation. En mars 1941, il traite de quelques anciennes familles notoires du Landeron ; en décembre de la même année il parle des familles PETER et BUGNOT communières de Saint-Blaise. En 1942, le docteur Clottu anime les séances de notre section en parlant des familles HARDY, de Neuchâtel, avec la branche de Guillaume « Roy et Prévost des Marchands », décédé en 1508. Lors d’autres séances de cette même année 1942 il parlera de la généalogie détaillée de la famille DARDEL et fera la présentation de son bisaïeul Georges Alexandre Clottu (Cornaux 1807-1870) et de bien d’autres familles intéressantes. Heureux temps où l’on proposait aux membres de notre cercle douze à dix-huit conférences par an !

C’est le mardi 4 avril 1995 que M. Clottu, pour la dernière fois, au Collège latin à Neuchâtel, nous fit connaître la famille JACOT-GUILLARMOD, originaire de La Sagne, de La Chaux-de-Fonds et de La Ferrière. M. Olivier Clottu-Droz, son fils, signala que son père, malgré les nombreuses sollicitations, n’aurait jamais accepté le poste de président de notre société. Les recherches généalogiques et héraldiques étant inépuisables, tout son temps de liberté devait leur être consacré. Par contre, le docteur Clottu était toujours disponible et prêt à nous faire connaître le résultat de ses travaux en enrichissant nos séances.

En 1994, la section neuchâteloise de la SSEG prépara une exposition, à la Bibliothèque de La Chaux-de-Fonds, pour l’Année internationale de la Famille, exposition intitulée Généalogie, Héraldique, Histoire de Famille. Le docteur Clottu collabora à son élaboration d’une manière très active et enthousiaste, l’enrichissant par de nombreux prêts, livres rares, gravures anciennes, portraits et tableaux généalogiques pour illustrer nos vitrines. Il prit la parole lors de l’inauguration, disant sa joie de voir la généalogie devenir populaire et n’être plus réservée à des cercles restreints de chercheurs passionnés mais rares.

Monsieur le docteur Clottu, à cette occasion, rappela aussi au président ce qu’il m’avait dit lors d’une conversation antérieure que nous avions eue. Lorsque, membre fondateur de la section, la voyant s’agrandir et rajeunir, il déplorait ceci en disant : « Comme je regrette le temps où nous étions entre nous ; ce n’est plus comme avant ! ». Je lui avais alors répondu : « Je comprends, mais regardez mes cheveux grisonnants – et encore je suis le benjamin de la section – si nous ne réagissons pas, dans quinze ans il n’y aura plus de section neuchâteloise ». Lors de cette visite à l’exposition de 1994, M. Clottu avoua : « Eh bien, aujourd’hui, je suis très heureux car notre section neuchâteloise est rajeunie, reformée et plus vivante qu’avant ! ».